Willy DeVille – 2005/04/17 – Paris le Bataclan

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Willy DeVille toujours fidèle à la France s’arrête un soir au bataclan. Il arrive claudiquant sur une canne noire à pommeau d’argent, habillé d’un costume en daim noir de desperado mexicain, chemise blanche à jabot et longue chevelure indienne retenue par une broche. Comme lui, les membres du groupe sont assis sur des tabourets, y compris deux pulpeuses choristes noires. Pas farouche, affichant une américanité rebelle, il nous régale de ses rythmes hispanisants et brûlants, allumant des Marlboro et décapsulant des canettes de bière à la chaîne.

L’actualité est son dernier disque Crow Jane Alley. Mais il nous rappelle aussi à ses anciennes compositions. Le style est inchangé, définitivement mixé peau blanche/peau rouge ! L’inspiration est latinos.

De son accent du Sud traînant il nous fait voyager au cœur de l’été moite et torride de la Louisiane. Avec lui, on se retrouve sous les arcades d’une rue dans la nuit de la Nouvelle Orléans, John Lee Hooker jouant du blues dans l’arrière salle, à regarder passer des filles fières dans la fumée s’échappant négligemment d’un fume-cigarette She got style, she got taste/ She’s got long long legs/ She got savoir faire. Il a la voix rocailleuse et puissante des flots boueux du Mississippi charriant des crues gigantesques. Il a le ton nasillard et aussi aigu que son profil aux joues creuses, taillé à la serpe. Son jeu de guitare est un plaisir lorsqu’il surenchérit sur le guitariste du groupe. Ces deux là s’amusent avec un brio de vieux professionnels, une facilité de complices de la première heure.

Ses textes nous parlent de femmes She got flamme in her blood, fire on her breath, du Sud et de son Bacon fat, mais aussi parfois de la nostalgie des amours perdus et de l’histoire trouble d’une Spanish Stroll.

Le concert est ponctué de reprises tirées de son monde musical, tellement bien arrangées à l’aune de son inspiration personnelle et qu’on les dirait composées par lui. On y trouve de vieux classiques du blues mais aussi le Slave to Love de Bryan Ferry, et bien sûr Hey Joe de Billy Roberts popularisé par Jimmy Hendrix joué en rappel :

Hey Joe, I heard that you shot your woman down/ Yes I did, ‘cos I caught her messin ’round/ Well I’m going down South/ Way down to Mexico/ Where there ain’t no hangman/ Gonna put no noose around me.

Et Willy est reparti en faisant tournoyer sa canne et justifiant une fois encore la joyeuse fidélité que lui vouent ses fans parisiens.