Leila – 2009/02/13 – Paris le Café de la Danse

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Premier concert techno pour le chroniqueur et une soirée troublante en compagnie de Leila (Arab de son nom de famille, mais irano-anglaise de nationalité). Une boule de nerfs derrière un monceau de machines disposé un peu en arrière-gauche de la scène. Trois caméras filment les doits de la créatrice (on ne sait s’il faut l’appeler musicienne) qui courent sur les boutons, les contacts, les leviers, retransmis sur le mur du fond en alternance avec des animations féériques.

Leila s’est fait un nom au-delà du milieu technoïsant en ayant assisté Bjork dans la gestion de ses machines, sur disques et sur scène. Ecrasant sa cigarette elle démarre sur le titre le plus enfiévré de son dernier disque Blood, Looms and Blooms intitulé Mettle et qui semble déclencher l’enthousiasme des connaisseurs. Les rythmes montent rapidement en puissance par empilement de sons inqualifiables mais démoniaques et on se laisse emporter sans regret par la marée sonique qui n’est pas même flux et reflux mais une poussée à sens unique vers un paroxysme vibrionnant auquel la diablesse met soudainement fin en ramenant son bouton central sur le Off. Technicus interrompus, çà commence très brutal.

Et le reste du show est à l’avenant. On ne sait pas trop ce qui se passe au milieu des fils et des machines mais on se laisse prendre par ce qui en sort : un son étrange et diffus, qui pourrait paraître déconstruit si on ne le savait guidé par l’implacable mathématique des ordinateurs qui le diffuse. Des boucles sans fin teintées du romantisme de l’artiste ; parfois tout déraille, se tend, se distord, pour revenir à la mélodie obsessionnelle qui structure chaque morceau.

Trois chanteurs tentent de façon intermittente d’accompagner cette musique martienne. La tâche parait impossible et pourtant ils y réussissent avec délicatesse, dont Roya, sa sœur, aérienne. Un homme qui arrive lui aussi à poser sa voix douce au cœur de cet enfer électronique avec une grâce désarmante. Et une diva argentée que l’on croirait directement sortie du Cinquième Elément.

Parfois la musique se fait langoureuse et plus humaine, Leila change d’humeur. Au final, un spectacle pas toujours facile à comprendre mais un indicible envoutement pour cet incroyable et complexe univers dans lequel une perse londonienne nous a plongés avec furie et doigté.

Filastine en warm-up, même modèle en plus jeune et débridé. Un platineur épisodiquement accompagné d’une violoncelliste qui mêle les sanglots de son instrument aux déraillements de l’électronique. Le duo est audacieux. Lorsqu’il quitte ses platines, l’espagnol encapuchonné frappe sur un caddy de supermarché avec frénésie et originalité.