Jean-Louis Murat – 2013/04/05 – Paris le Trianon

par

dans Catégorie :

Une merveilleuse surprise que ce concert de Jean-Louis Murat au Trianon ce soir. Accompagné d’un batteur, il joue presqu’en solitaire sur une scène obscure. Costumé-cravaté, sombre et lumineux, il y a du Bryan Ferry dans cet artiste élégant et ténébreux.

Trois écrans sont tendus sur le fond de la scène où sont projetés des films et animations en clair-obscur, souvent sur les artistes eux-mêmes, les fondant ainsi dans le décor. C’est peu dire qu’ils ne se mettent pas en avant, laissant parler la musique et les mots.

Murat joue de la guitare dobro majestueusement et avec brio. Il n’y a pas de bass, la rythmique obsédante est marquée par les riffs et la batterie sur lesquels se pose une voix caverneuse récitant des textes poétiques. Ne délaissant pas quelques effets sur sa guitare, il dégage un son saturé et enveloppant, marque de fabrique pour sa musique mélancolique.

Over and over/ Comme après un mariage/ N’aurais tu plus le courage/ Qui sauvait de ce naufrage/ Quand la dernière chose au monde/ N’a plus rien de Dieu…

Jean-Louis Murat c’est quarante années de chanson, avec des hauts et des bas, peu de succès commerciaux mais beaucoup de poésie sur accords mineurs. Des tournées sans relâche, quelques éclats sur les plateaux de télévision, le retour régulier dans son Auvergne régénératrice, et la musique vrillée au cœur !

Il joue ce soir son dernier disque Tobbogan, électrifié pour la scène et qui défile comme les images étranges sur les écrans. Retour vers plus d’intimisme parfois comme sur Le Chat Noir introduit sur une mélodie sifflotée et distordue par l’électronique, un croissant de lune mouvant sur l’écran noir : Le chat noir pris dans le vent/ Passe son âme passe son âme/ Le chat noir pris dans le vent/ Passe sa vie en cabriolant…

Murat, romantique impénitent, guitariste talentueux, arrangeur original, nous a enchanté ce soir en nous faisant partager son univers musical et poétique si personnel, et finalement assez peu reconnu dans notre monde où la parure prime sur les compositions : le Trianon n’était pas plein ce soir !