Les talibans sur la route du retour

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Un attentat suicide au centre culturel français de Kaboul en Afghanistan fait plusieurs morts et blessés : un gamin s’est fait exploser au milieu des spectateurs d’une pièce de théâtre sur le terrorisme. Il est éminemment sympathique de s’imaginer que le contribuable français finance des pièces de théâtre moralisatrices à Kaboul, mais n’est-ce pas un peu vain ? Et est-ce efficace ?
Dans quelques mois les talibans vont revenir au pouvoir après le départ des derniers soldats occidentaux. Ils ramèneront avec eux leurs méthodes de gouvernement d’un autre âge et leur ambition de répandre leur religion sur le reste de la planète, violemment s’il le faut. Le pays se à un avenir… religieux. L’Occident aura fait la guerre près de quinze années dans ce pays, après en avoir chassé les talibans du pouvoir en quelques semaines après l’attentat de New-York du 11 septembre 2001. Quatorze années de combats, de dépenses pour lutter contre un ennemi invisible et essayer de s’attirer les bonnes grâces d’une population résignée, et sans doute pas définitivement convaincue des bienfaits de la démocratie. Il en résulte : sans doute rien, sinon le retour de talibans que finalement peu de gens du peuple ne conteste. L’élite a en bonne partie sombré dans une corruption record financée par le contribuable occidental pour reconstruire un pays qui va de nouveau sombrer.
Il était légitime d’intervenir en 2001 pour chasser les gouvernants de ce pays qui inspiraient et abritaient les coupables. Il fut inutile d’y rester plus de six mois ce qu’hélas les armées occidentales ont fait, entretenant l’illusion de bâtir une démocratie locale et une armée populaire, pour laisser un pays en ordre à l’issue de son occupation. L’exemple de l’armée du Sud-Vietnam n’a pas suffi : après des accords de paix signés en 1973 et le retrait des troupes américaines, il faudra à peine 2 ans à l’armée du Nord-Vietnam pour obtenir la capitulation totale du Sud-Vietnam dont l’armée avait été pourtant encadrée, formée et financée par les Etats-Unis. Lorsque des gens qui croient à quelque chose se battent contre des gens qui se demandent pourquoi ils sont sur le champ de bataille, le vainqueur est en principe vite désigné
Alors les poètes du centre culturel français de Kaboul sont sans doute un peu décalés. La diplomatie de la culture sera de peu d’effet lorsque les armes vont se remettre à parler. En attendant ils se font tuer.

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