Le président turc aux Etats-Unis

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Le président turc Erdogan a rendu visite aux Etats-Unis ce 16 mai à un moment où la Turquie s’éloigne de l’Occident tout en restant membre de l’organisation de défense atlantique (Otan) et alors que Washington a annoncé vouloir accentuer ses livraisons d’armes aux milices kurdes qui combattent en Syrie le groupe terroriste Etat islamique, mais sont aussi des opposants à Ankara.

Ces deux présidents populistes et grande gueule vont devoir compromettre sur des sujets sensibles, chacun tenant l’autre par la barbichette. Les forces de l’Otan disposent et utilisent des bases militaires en Turquie pour différentes opérations armées au proche et moyen orient. Les forces turques interviennent directement en Syrie plus ou moins sous l’aile russe et en soutien au régime syrien auquel s’oppose l’Occident. Pas facile de trouver un terrain d’entente dans ces conditions mais on peut gager que ces deux présidents roublards vont bien trouver un accord a minima en catimini, quitte à dire le contraire devant les journalistes.

La vraie question qui risque de se poser à plus ou moins court terme est le maintien de la Turquie dans une alliance militaire dont elle s’oppose frontalement à tous les membres, en des termes qui manquent souvent d’élégance. A force de mener sa diplomatie avec la subtilité d’un éléphant dans un magasin de porcelaine le président turc s’est mis tous ses voisins à dos. La charte de l’Otan stipule qu’en cas d’attaque contre un pays membre les autres doivent réagir. Il n’est pas vraiment réjouissant de penser que si l’Irak ou la Syrie attaquaient militairement un jour la Turquie, lassées des jérémiades et agressions diverses d’Ankara à leur encontre, eh bien les troupes occidentales de l’Otan seraient censées défendre la Turquie. Il va falloir y penser sérieusement si ce pays continue à dériver loin des intérêts occidentaux.

Au cours de cette visite turque aux Etats-Unis, des manifestations se sont déroulées devant l’ambassade turque où l’on vit les gardes du corps présidentiels turcs sortir pour tabasser les opposants kurdes, parfois de nationalité américaine, devant une police locale dépassée par les évènements. Il faut dire qu’il est plutôt inhabituel de voir des services de sécurité étrangers faire le coup de poing contre des manifestants à l’occasion d’un voyage présidentiel. Ainsi va la Turquie !