L’effondrement politique

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Mai 2017 – élections

L’inévitable débat d’entre deux tours de l’élection présidentielle s’est déroulé mercredi 3 mai. Il a donné lieu à une prestation assez inexplicable et inattendue de la candidate de l’extrême droite, Marine Le Pen, qui a fait preuve d’une agressivité sans frein, refusant le débat, démolissant son adversaire avec des arguments de café du commerce, assénant des mensonges comme parole divine, laissant planer le soupçon sur la moralité de son adversaire, le tout avec un petit sourire sardonique et carnassier.

En quelques minutes elle a cassé l’image de potentielle gouvernante responsable qu’elle s’était forgée depuis ces dernières années. Pourquoi a-t-elle agit ainsi ? On imagine mal qu’elle se soit laissé déborder par son enthousiasme extrémiste devant un candidat centriste qui n’en demandait pas tant. Peut-être s’est-elle dit que le président américain Trump ayant été élu avec toujours plus de grossièretés et de mensonges la même recette lui réussirait ?

Emmanuel Macron n’avait pas beaucoup de bonnes attitudes à opposer : soit il laissait passer l’orage et était accusé de faiblesse, soit il rentrait dans le pugilat face à une Marine Le Pen incontrôlable. Il choisit cette dernière solution et le résultat en fut piteux : souvent inaudible tant l’un parlait sur l’autre, peu de place à l’argumentation car l’intelligence a été laissée au vestiaire, un festival de têtes à claques niveau cours d’école cours élémentaire ! Dans cette affaire il y eu clairement une attaquante abêtissant le débat et un attaqué cherchant à en maintenir le niveau à peu près potable.

Ce comportement politiquement aberrant risque de pousser quelques électeurs conservateurs à remettre en question leur vote Le Pen au deuxième tour. Les conservateurs fillonistes frustrés qui ne voulaient pas voter pour Macron-le-mondialiste y réfléchiront sans doute à deux fois avant d’apporter leurs suffrages au Front National qui n’a pas su réfréner sa volonté de se montrer tel qu’il n’était pas. Peut-être croyait-il l’élection gagnée, ou au contraire a-t-il voulu être sûr de ne surtout pas l’emporter, préférant, comme Mélanchon, le confort douillet de l’opposition financé par les contribuables nationaux et européens ? Un peu de patience, l’Histoire le dira bien un jour.

Attristant mais tellement à l’image de la France d’aujourd’hui, triomphe de la beaufitude après trois générations abruties aux matchs de fouteballe et aux éditoriaux du FigMag, défaite de la raison, ou quand le Café du commerce est érigé en Agora, le simplisme en mode de pensée. Nous allons payer un jour cette décadence, et nos enfants plus vite qu’ils ne le pensent.