PROUST Marcel, ‘A la Recherche du Temps Perdu I – Du coté de chez Swann’

par

dans Catégorie :

Sortie : 1987, Chez ‘folio classique’ n°1924.

Ecrit entre 1907 et 1920, « A la Recherche du Temps Perdu » fut le grand-œuvre de la vie de Proust, un roman qui a fait de lui l’un des grands écrivains du XXème siècle. Dans ce premier tome on suit les histoires entremêlées des séjours que l’auteur faisait adolescent à Illier (en Eure et Loire, rebaptisée Combray dans le livre), puis la liaison de M. Swann, grand bourgeois fréquentant les salons parisiens, pour Odette et, dans une troisième partie, ces deux-là se croisent de nouveau à Paris. Il est question d’amour, de sentiments, de la nature, du temps qui passe, de la mémoire, de l’Humanité, le tout enrobé d’une douce mélancolie.

Le style de Proust a ennuyé des générations de collégiens mais il est bon d’y revenir. Des phrases à n’en plus finir, une extraordinaire capacité à décrire des pages durant la même situation, le même instant, le même souvenir. Une intelligence infinie pour choisir les mots, les renouveler, les multiplier comme pour être sûr que le lecteur à bien capté la pensée de l’auteur. Alors on vit avec cette impression de puissante lenteur, comme une houle au milieu du grand océan, ample et sereine. Cette incroyable richesse de vocabulaire permet à Proust de captiver même alors qu’il ne parle de presque rien. On se laisse juste porter par la houle des mots.

La partie consacrée à « Un amour de Swann » narre la vie bourgeoise et aristocratique dans les salons parisiens de ce début de XXème siècle que l’auteur fréquenta. Ce ne sont que futilités et postures dans un monde qui ne résistera plus bien longtemps à la modernité et la démocratie naissantes. On ne sait trop si Proust en appuie les aspects grotesques par souci de vérité ou pour se moquer, et chacun l’interprètera comme bon lui semble. Mais s’il y a dans ce roman un « temps perdu » c’est bien celui de ces salons. Pour le reste, c’est-à-dire les sentiments amoureux si patiemment détaillés par l’auteur, ils sont éternels !