Les doigts dans le pot de confiture…


Laurent Wauquiez, haut fonctionnaire surdiplômé reclassé dans la politique depuis des années, est pris les doigts dégoulinant de confiture après les avoir trempé dans le pot avec délectation et profit. Détaché de l’administration du conseil d’Etat depuis 2004, il a continué à cotiser au régime de retraite et accumulé les droits conséquents de ces années. Le même avait raillé « l’assistanat, cancer français » sur les plateaux télévisés où il passe pas mal de temps…

Il eut un peu de mal à justifier de maintenir plusieurs fers au feu de la fonction publique tout en prônant le libéralisme et la responsabilité. Il vient d’admettre « son erreur » en ajoutant qu’il comprend que cet avantage « puisse choquer » et bla-bla-bla. Il déclare :

« Je mets fin à mon détachement et je me mets en disponibilité de la fonction publique et du juge administratif que je suis. »

On note qu’il se « met en disponibilité » et qu’il ne « démissionne » de la fonction publique !

Au-delà de ce cas particulier, plutôt comique concernant ce personnage, mais de guère d’importance, le problème de fond est que perdure ce communautarisme des grands corps d’Etat. Cette situation permet à cette élite de passer du public au privé et de revenir dans la fonction à leur demande. Que les membres de ces grands corps d’Etat soient des gens brillants ne fait guère de doutes et il est sain qu’ils puissent accéder aux fonctions dirigeantes de la République, il est fort peu justifié qu’ils puissent y garder une place au chaud pour le restant de leurs jours après être allé planter leurs choux dans le secteur privé. Après avoir travaillé pour l’Etat les années nécessaires au remboursement des études d’élite que le contribuable leur a financées, il est très sain qu’ils puissent partir dans le secteur privé ou humanitaire ou dans les ordres, mais cela doit être sans retour automatique garanti, et encore moins en gardant ses avantages de retraite comme l’a fait Laurent Wauquiez.

Cette sécurité spécifique aux fonctionnaires est de moins en moins compréhensible dans le monde libéral qu’une partie de cette corporation nous vante à longueur de journées. Une fois partis dans le privé, s’ils veulent revenir au service de l’Etat il serait opportun qu’ils en repassent les concours d’accès ou y retournent sous un statut contractuel. La République a toujours besoin de ces grands corps formés aux meilleures écoles sur fonds publics mais ceux qui en sortent doivent pouvoir largement se passer d’avantages d’un autre âge qui participent à leur rejet.