Une catastrophe médiatique

Un avion de ligne tombe en plein océan Atlantique avec 228 passagers et personnel d’équipage. Il n’y ni trace ni indice ni communication de dernière minute pour comprendre la catastrophe. Il n’y a rien de rien pour commencer à imaginer ce qui a pu se passer. Au moins peut-on penser que la destruction de l’aéronef a dû être brutale et que ses passagers n’ont, heureusement, pas dû avoir trop de temps pour réaliser ce qui s’est passé.

Cet avion est français alors les médias nationaux s’emparent du sujet à grandes envolées d’émissions spéciales, de logos AF 447 et autres détails destinés à cacher qu’ils n’ont rien à dire sur le sujet. Les rédactions envoient des reporters dans les aéroports, ressortent les experts en catastrophes aériennes qui confirment que pour le moment il n’y a rien à dire, retrouvent les survivants d’anciennes catastrophes, ressassent les cellules d’assistance psychologiques mises en place pour les familles. Bref, meublent le vide, mobilisent leurs antennes et n’apportent aucune information puisqu’il n’y en a pas de disponible à ce stade, mais ils le font avec énergie et détermination. C’est la comédie humaine appliquée aux médias sur un sujet morbide.

Que se passerait-il si une des chaînes de télévision généralistes essayait de se démarquer du comportement moutonnier de l’ensemble en expliquant qu’il n’y a rien à dire pour le moment que sa rédaction suit ce sujet dramatique et reprendra l’antenne quand il y aura de la matière ? On a l’impression que cette chaîne paraîtrait plus intelligente et professionnelle et l’audimat devrait lui en savoir gré ! Mais sans doute doit-on rêver…