Une catastrophe constitutionnelle

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On ne redira jamais assez les effets extrêmement négatifs sur la vie citoyenne de la République de la réforme constitutionnelle inique menée sous la présidence Chirac en 2000 et approuvée par congrès d’élus inconséquents : le passage de la durée du mandat présidentiel de sept à cinq ans.

Chirac fut un dirigeant sympatoche et peu efficace (le roi-fainéant disait son ministre Sarkozy) qui ne restera pas dans les annales, sinon pour avoir déclenché la plus grande poilade de Vème République en dissolvant l’assemblée nationale et en réussissant l’exploit de perdre les élections législatives qui s’en suivirent. Ce ne fut finalement pas si grave et le premier ministre Jospin put ainsi gouverner la France cinq années durant où il appliqua un peu de son rigorisme protestant qui finalement fit plutôt du bien.

Non, la vraie catastrophe fut le passage au quinquennat dont la France supportera les conséquences pour encore de longues années, à moins qu’un dirigeant clairvoyant et courageux prenne un jour l’initiative de rétablir ce septennat. Ce ne fut qu’un des innombrables retournements de veste chiraquien, mais ce fut certainement le plus nuisible. Il avait été manipulé à l’époque par Giscard dit d’Estaing qui avait lancé l’initiative de cette réforme, sans doute juste pour nuire à son ennemi de toujours. Plutôt que de se battre contre le quinquennat comme il l’avait fait depuis des décennies, le président céda et organisa un référendum histoire d’en tirer un piteux bénéfice. Approuvé par 73% des électeurs, Chirac empoche la gloriole de cet éphémère succès électoral et transforme la République en plateau télé où l’élection présidentielle devient l’émission préférée de télé-réalité qui ne s’arrête jamais, sauf peut-être durant les 12 mois qui suivent immédiatement l’élection. Ce fut une mauvaise action !

On sent avec encore plus de force aujourd’hui l’ampleur de ce désastre. Les petites combines de partis en préparation de primaires et les débats médiatiques oiseux occupent la place depuis déjà six mois alors que nous n’en sommes qu’à douze de l’élection elle-même. L’unique préoccupation de journalistes paresseux en quête de sensationnalisme à peu de frais est de questionner tous les candidats supposés sur leur volonté d’être… candidat. Plutôt que de lire les programmes politiques des impétrants pour les expliquer aux citoyens, ces journalistes de circonstance préfèrent jouer Mme. Soleil et harceler les élus qui se précipitent sur leurs plateaux avec des questions de caniveau obsessionnelles.

Les candidats putatifs eux sortent les couteaux maintenant dix-huit mois avant l’échéance pour commencer à s’écharper, d’autant que les partis traditionnels incapables de désigner leurs candidats organisent désormais des élections primaires ce qui avance encore le point de départ.

Le quinquennat : une réforme institutionnelle déplorable menée par des élus irresponsables qui ont confondu l’agitation avec la réflexion, la démagogie avec la politique, qui ont privilégié l’hystérie à l’intelligence pour masquer la défaite de leur pensée ! Une triste histoire.

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