Duc de Castries, ‘Louis XVIII’.

Sortie : 1983, Chez : Editions de Crémille.

L’histoire d’une ambition, celle du frère de Louis XVI qui endurera les affres de la révolution française de 1789, l’empire de Napoléon et son cortège de guerres et de massacres, les tentatives d’attentat contre sa personne et celles de sa famille, et 20 années d’exil dans des conditions parfois rocambolesques, avant d’arriver à réaliser son rêve et devenir roi de France de 1814 à 1824.

Comte de Provence il se crut toujours mieux à même de régner que Louis XVI et n’eut de cesse sa vie durant que d’accéder au pouvoir suprême, au besoin en complotant contre son frère. Comme le Bourbon qu’il était, solidement assis sur ses privilèges, il ne vit pas venir la révolution. Alors que Louis XVI fuyait Paris avant d’être rattrapé, il eut plus de chance et commença son exil en 1791 à Coblence. Avec d’autres nobles il fuit la guillotine de Robespierre puis s’auto-octroya le titre de Régent alors que Louis XVI fut emprisonné, puis exécuté. Il chercha des années durant à fédérer l’aide des monarques européens pour revenir en force sur le territoire national afin d’y restaurer la monarchie des Bourbons.

Il lui fallut attendre la défaite de l’expérience impériale menée par Napoléon l’inconséquent pour, enfin, réaliser en 1814 son objectif de toujours et s’installer sur le trône de France. La folie guerrière et mégalomaniaque de l’empereur ont fait considérer l’intronisation de Louis XVIII comme un moindre mal, par le peuple comme par les alliés européens vainqueurs de la France.

Insatiable, Napoléon revint le temps des 100 jours avant d’être définitivement réduit à Waterloo et exilé à Sainte-Hélène. Louis XVIII et sa cour reprirent donc le chemin de l’exil le temps que l’affaire se règle, encore dans les flots de sang propres à l’action napoléonienne.

Après toute cette furie, une fois sur le trône Louis XVIII eut à cœur de rétablir la paix en France et de mener des relations apaisées avec les autres puissances européennes qui occupèrent le pays quelques années après Waterloo.

La monarchie, toujours de droit divin, était néanmoins devenue plus ou moins constitutionnelle et le roi eut à compromettre avec un parlement. Le pouvoir absolu n’était plus qu’un lointain souvenir. Louis XVIII sut s’adapter à ce nouvel environnement et louvoyer au milieu des complots, de la gauche, de la droite, de la presse, des envieux, des nobles quémandeurs, des exilés vengeurs, des napoléoniens déçus, de la guerre d’Espagne pour sauver un Bourbon, bref, il gouverna le pays sans doute pas plus mal qu’un autre et le prépara à la République qui n’allait plus tarder à revenir d’actualité. A sa mort en 1824, il laissa le pays à son frère dans un bien meilleur état que Napoléon le fit à son successeur ce qui est déjà un résultat notable. L’Histoire populaire a gardé le souvenir de l’Empereur et un peu oublié celui de Louis XVIII, c’est dommage mais la mémoire des peuples retient plus souvent le nombre des morts et des conquêtes au cours d’un règne que les résultats d’une saine administration. C’est ainsi !

Le Duc de Castries (René de La Croix de Castries, 1908-1986) auteur de cet ouvrage fut membre de l’Académie française et historien. Son style est agréable et suranné, son appartenance à une grande famille de France ne l’empêche pas de prendre parti sur les évènements relatés, il le fait avec mesure et analyse, c’est l’essentiel.