Indécent !

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Après des années de battage médiatique et judiciaire sur un sujet qui nécessiterait plutôt réflexion et discrétion, « l’affaire Vincent Lambert » arrive à son terme. Cet homme maintenu en état végétatif à l’hôpital depuis plus de dix ans, à la suite d’un accident de la circulation, va bientôt mourir dans le cadre de la procédure collégiale de fin de vie prévue par la Loi de la République. Ce drame a été outrageusement médiatisé par une famille incapable de s’entendre en son sein sur une démarche commune, les uns (ses parents), pour des motifs religieux, voulant le maintenir en vie assistée, les autres (menés par sa femme), désirant mettre fin à l’assistance, le corps médical concluant que l’on se trouvait au stade de « l’obstination déraisonnable » et qu’il fallait maintenant accompagner sa fin de vie.

Le principal intéressé n’ayant pas rédigé ses dernières volontés, la famille s’est écharpée devant la justice et dans les médias, souvent de façon indécente. On a même entendu une partie avancer des métaphores footballistiques de très mauvais goût (la « remontada ») lors d’un des énièmes rebondissements judiciaires. Durant ces dix années de combat, personne n’a voulu céder, les uns assis sur la certitude de leur dogme religieux, les autres sur ce qu’ils croyaient savoir de la volonté non formellement exprimée de Vincent Lambert. Mais nous sommes dans un pays de droit et la justice a parlé en fonction de la Loi et non des convictions religieuses de certains, quelles qu’elles soient. Les parents religieux viennent d’ailleurs d’annoncer qu’ils renonçaient à mener de nouvelles actions judiciaires, la possibilité de celles-ci étant d’ailleurs épuisée.

On mesure aisément la douleur d’une mère devant un tel dilemme : approuver la fin de son fils, mais comment avoir accepté, voir provoqué, ce grand déballage public sur lequel les médias se sont précipités avec voracité. Comment n’avoir pas su limiter ce débat à l’intimité du cercle familial ou amical ? Notre époque est au voyeurisme et au nombrilisme mais la vie d’un fils n’aurait-elle pas mérité un peu plus de décence ?