GUEZ Olivier, ‘La Disparition de Josef Mengele’.

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Sortie : 2017, Chez : Editions Grasset & Fasquelle.

Josef Mengele fut médecin au camp d’extermination d’Auschwitz-Birkenau où il pratiqua des expériences barbares « scientifiques » sur les déportés utilisés comme des animaux cobayes de laboratoires. Il réussit à se cacher en 1945 et ainsi éviter d’avoir à rendre des comptes, puis il fuit en Amérique latine comme nombre d’anciens nazis. Il est à peu près établi qu’il est mort en 1979, à 67 ans, au Brésil à la suite d’un malaise lors d’une baignade.

Olivier Guez dit avoir consacré trois années à l’étude de la « nazi society » qui réunit, majoritairement en Amérique latine, les citoyens allemands impliqués dans les crimes de IIème guerre mondiale cherchant à échapper à la justice. Cette plongée dans ce monde post-cataclysme européen lui a permis de « romancer » la fuite de Mengele tout au long de ses années sud-américaines. Les historiens, chasseurs de nazis et autres enquêteurs lui ont d’ailleurs facilité la tâche en ayant reconstitué avec plus ou moins de certitide une grande partie du chemin criminel du médecin et sa fuite éperdue.

Le livre se dévore comme un roman policier bien qu’il soit probablement très proche de ce que fut la réalité de Josef Mengele, celle d’un nazi impénitent et convaincu n’ayant jamais remis en cause les actes criminels qu’il commit. La réalité est aussi celle de cette communauté nazie reconstituée outre-Atlantique qui continua à bénéficier de soutiens divers, y compris venant d’Allemagne, pour refaire sa vie et échapper aux recherches. Dans le cas particulier de Mengele, sa famille détenait une entreprise multinationale de machines agricoles et, craignant un impact négatif sur le business si le fils venait à être jugé, l’aida financièrement à se cacher jusqu’à sa mort. Certains nazis furent quand même débusqués comme Eichmann (enlevés en Argentine par les services secrets israéliens) ou Barbie livré par la Colombie à la France.

On redécouvre également la compromission des régimes sud-américains (le plus souvent des dictatures) qui ont hébergé les criminels européens (il n’y avait pas que des allemands, des collaborateurs français et belges ont également traversé l’océan, entre autres), poussant parfois le vice jusqu’à mettre à profit leurs « talents » au service de leurs dictatures…

La vie et la fuite de Mengele c’est aussi le symbole de l’effondrement moral et politique de l’Europe entamé lors de la guerre de 1914-1918 !