GREENE Graham, ‘Un américain bien tranquille’.

Sortie : 1956, Chez : Robert Laffont / J’ai lu.

Le classique de Graham Greene sur la guerre du Vietnam, publié en 1956 soit aux temps de la colonisation française : il mêle les actions secrètes déjà menées par les Etats-Unis qui veulent endiguer la progression du communisme en Asie du sud-est, la vision souvent opposée des vieilles puissances européennes représentées par le journaliste britannique Fowler et celle de l’Amérique neuve mais trouble sous le personnage de Pyle, la passion que nombre d’occidentaux ont éprouvé pour cette région et ses habitants avec Phuong dont nos deux héros sont épris. Mais nous sommes en guerre et les histoires d’amour se terminent souvent mal…

Phuong et sa sœur vivent au jour le jour dans leur monde bouleversé, rêvent d’argent et d’Occident et manifestent un fatalisme qui sera la condition de leur survie face à des enjeux qui les dépassent et menacent de les dévorer.

Dès 1956 Greene a parfaitement compris les enjeux de la décolonisation en cours au Vietnam qu’il expose par les dialogues entre Fowler et Pyle pris dans les engrenages mortifères de la guerre et de l’amour. L’avenir post-roman fera beaucoup de perdants, les forces étrangères seront défaites et évacueront piteusement le pays, le parti communiste vietnamien survivra et même se renforcera en s’adaptant, mais le communisme perdra la bataille globale dans la région. Quant à l’amour, il est éternel, comme chacun sait !