La dépendance de la Nouvelle-Calédonie reste légèrement majoritaire à l’issue du référendum du 4 octobre

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Le second référendum sur l’indépendance de la Nouvelle-Calédonie a été organisé ce dimanche 4 octobre dans une relative indifférence nationale. La question posée était :

Voulez-vous que la Nouvelle-Calédonie accède à la pleine souveraineté et devienne indépendante ?

La réponse fut oui à 46,74% (contre 43,3% au premier référendum de 2018), c’est-à-dire quelques points de moins que la majorité, avec une très importante participation de 85,64%, également en hausse par rapport à 2018. Une troisième consultation doit être organisée dans deux ans dont on peut espérer que l’idée de l’indépendance aura alors gagné les 4 ou 5 points qui lui manque pour cette ancienne colonie renonce enfin à sa dépendance. Dès les résultats connus, le président de la République française a fait une intervention à la télévision à la mi-journée dimanche, se félicitant de ces résultats mais accueillant ceux-ci avec « humilité ».

Les accords de Nouméa du 5 mai 1998 qui ont fait suite aux accords de Matignon du 26 juin 1988, vont donc continuer à s’appliquer jusqu’au troisième et dernier référendum prévu pour 2022 en espérant qu’ils ouvriront enfin la voie de l’indépendance à cette ancienne colonie, une indépendance qu’elle mérite et à laquelle tout le monde gagnera. La République accompagnera cette indépendance pour encore des décennies et c’est bien ainsi.

Revenons sur ces accords de Nouméa qui ont été extrêmement bien rédigés et sont un modèle d’intelligence consensuelle concernant la situation ambiguë de ce confetti de l’ex-empire français. Le préambule stipule que :

1. Lorsque la France prend possession de la Grande Terre, que James Cook avait dénommée « Nouvelle-Calédonie », le 24 septembre 1853, elle s’approprie un territoire selon les conditions du droit international alors reconnu par les nations d’Europe et d’Amérique, elle n’établit pas des relations de droit avec la population autochtone. Les traités passés, au cours de l’année 1854 et les années suivantes, avec les autorités coutumières, ne constituent pas des accords équilibrés mais, de fait, des actes unilatéraux.

Or, ce territoire n’était pas vide. …

2. La colonisation de la Nouvelle-Calédonie s’est inscrite dans un vaste mouvement historique où les pays d’Europe ont imposé leur domination au reste du monde. …

La relation de la Nouvelle-Calédonie avec la métropole lointaine est demeurée longtemps marquée par la dépendance coloniale, un lien univoque, un refus de reconnaître les spécificités, dont les populations nouvelles ont aussi souffert dans leurs aspirations. …

3. Le moment est venu de reconnaître les ombres de la période coloniale, même si elle ne fut pas dépourvue de lumière.

Le choc de la colonisation a constitué un traumatisme durable pour la population d’origine. …

4. … Le passé a été le temps de la colonisation. Le présent est le temps du partage, par le rééquilibrage. L’avenir doit être le temps de l’identité, dans un destin commun.

La France est prête à accompagner la Nouvelle-Calédonie dans cette voie. …

https://www.legifrance.gouv.fr/jorf/id/JORFTEXT000000555817

La cause de la dépendance reste majoritaire même si cette majorité s’effrite avec le temps. Si le troisième référendum n’emporte pas une majorité pour l’indépendance on ne sait pas encore bien ce qui se passera. Sans doute de nouveaux accords à négocier et certainement encore un interminable processus avant d’aboutir à une indépendance qui arrivera de toutes façons un jour. Peut-être l’Etat devrait-il sortir de sa neutralité et rassurer les partisans de la dépendance sur le fait que la République française aidera à financer l’indépendance de l’archipel en tant que de besoin, ou accueillera en France ceux qui refuseraient de rester dans une Calédonie indépendante si l’expérience ne se passait pas aussi bien que prévu ? Mais il faudra bien en finir un jour : cette ancienne colonie recouvrira son indépendance. Il n’est pas sûr que l’intelligence et le consensus qui caractérisent les accords de Nouméa ne perdurent indéfiniment.