Retournements de veste en série après l’assaut contre le Capitole à Washington

L’invasion du Capitole de Washington par une bande furieux ce 6 janvier aura fait finalement cinq morts. Trois sont décédés à l’extérieur d’attaques cardiaques et autres pathologies ; dans l’enceinte même du bâtiment, un policier est mort de ses blessures le lendemain après avoir été frappé à coups d’extincteurs, une manifestante a été atteinte par un tir de la police. L’un des agresseurs portait un T-shirt siglé « Camp Auschwitz – Works brings freedom » autour d’une tête de mort, un autre était affublé de cornes de bisons et d’une peau de bête, certains couraient avec un drapeau confédéré au vent, une partie de la foule avait élevé une potence et appelait à « pendre » le vice-président qui avait « trahi » son chef en acceptant de valider la victoire de son successeur… Pendant ce temps, les parlementaires, le vice-président et le personnel avaient été évacués dans les parkings pour les mettre à l’abri.

C’est maintenant l’heure des retournements de veste en série. Un certain nombre de conseillers et de ministres du président Trump démissionnent huit jours avant son départ définitif de la Maison-Blanche arguant qu’il avait incité les manifestants, venus le soutenir physiquement, à envahir le Capitole. Ces démissionnaires de la dernière heure ne sont guère crédibles après avoir cautionné quatre années durant les actes de leur président. Tout ce petit monde a sans doute eu rétrospectivement peur que l’assaut du Capitole se soit terminé bien plus mal compte tenu de la passion américaine pour les armes et les tueries de masse réalisées régulièrement dans ce pays par des furieux encore plus furieux que la moyenne. La police a retrouvé quelques explosifs dans les véhicules de manifestants.

On a sans doute évité le pire pour cette fois mais ça n’est peut-être que partie remise. Il est à craindre qu’il n’existe parmi l’extrême droite quelques furieux-furieux capables de commettre un meurtre de masse dans l’enceinte d’une institution comme le Capitole. 15 000 hommes armés de la Garde nationale sont actuellement déployés dans la capitale afin de protéger la cérémonie d’investiture du nouveau président le 20 janvier prochain, et dans le même temps les réseaux dits « sociaux » fréquentés par les furieux fourmillent d’appels à manifestation dans différentes villes le 20 janvier.

Tout le monde tombe maintenant à bras raccourcis sur le président Trump après ce qu’il s’est passé au Capitole. En réalité les primo-coupables sont les furieux et ils sont activement recherchés. Certains ont déjà été arrêtés ce qui a été grandement facilité par leur propension à s’autofilmer avec leurs téléphones mobiles, à visages découverts, et à diffuser leurs exploits plus ou moins en direct sur les réseaux dits « sociaux ». Trump est bien sûr leur guide « spirituel » et il n’a cessé d’attiser leur colère. Le journal New York Times a analysé ses 11 500 tweets diffusés durant les trois premières années de sa présidence sur son compte personnel. Cela fait une moyenne de 10 tweets par jour qu’a priori il rédige le matin et le soir lorsqu’il est seul chez lui et donc non influencé par ses conseillers. Ces messages racontent donc la vraie pensée du président et son moyen de gouverner. Il y a des insultes et des fautes de grammaire, des contre-vérités et de la démagogie, mais aussi des décisions politiques (il a viré un certain nombre de ses ministres via ce réseau), bref, tout ce qu’il faut pour motiver la bande de furieux du Capitole dont on va encore entendre parler, même après le départ de leur héros de la présidence.

Les électeurs américains ont élu le président Trump en 2016 et il a gouverné à sa façon durant quatre ans. 74 millions lui ont renouvelé leur confiance en 2020 ce qui ne fut pas assez pour assurer sa réélection. Les Etats-Unis d’Amérique doivent maintenant se dépatouiller de cette situation et des furieux qu’elle a engendrés. Le problème Trump semble presque derrière nous mais il faut désormais gérer ses enfants. Pas sûr que la politique de la main tendue annoncée par le nouveau président ne soit efficace. On ne sait d’ailleurs pas bien quoi lui suggérer pour rétablir ce pays dans les clous d’une cohabitation apaisée entre ses citoyens. A moins que l’ensemble de l’occident ne bascule dans le trumpiste ce qui n’est pas totalement à exclure. Ce serait la fin de la démocratie telle que nous l’entendons aujourd’hui. On a les dirigeants que l’on mérite !