SOLLERS Philippe, ‘Une curieuse solitude’.

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Sortie : 1958, Chez : Editions du Seuil.

Premier roman de Philippe Sollers, « Une curieuse solitude » a été écrit alors que l’auteur né en 1936 avait 21 ans, et c’est probablement le plus grand mérite de ce court récit narrant comment l’adolescent qu’il était fut « déniaisé » par une employée espagnole qui servait dans la grand maison familiale où il passait ses vacances.

A mi-chemin entre concours d’éloquence et déluge de mots qui se bousculent inutilement, ce livre relève un peu de l’exercice de style autocentré. Car c’est d’abord de Sollers qu’il s’agit, de lui et de personne d’autre. Il est vrai qu’il jongle avec le langage tel un funambule sur son fil pour finalement conclure que l’amour découvert et le désir accompli ne vous retient jamais de retourner à une bienheureuse solitude, seule gage de créativité pour l’écrivain.

Aragon en son temps encensa ce premier livre :

« Le destin d’écrire est devant lui, comme une admirable prairie. A d’autres, de préjuger de l’avenir, de donner des conseils. Pour moi, j’aime à me contenter d’admirer. Cette fois au moins. »

Louis Aragon

Aragon ne s’était pas trompé en annonçant l’écrivain, il avait sous-estimé l’intellectuel rigolard et pétillant qui, de Marx à Mao, de Lacan à Foucault, de Bordeaux au Café de Flore, a parcouru avec délectation tous les chemins empruntés par l’intelligence française, jusqu’à renier Mai 68 et ses engagements libertaires. Philosophe, éditeur, écrivain, il n’aime rien tant que s’écouter parler, mais avec un fascinant brio. « Une curieuse solitude » est annonciateur de ce destin.

https://youtu.be/PU-8L0dTvR4