« L’amour et les forêts » de Valérie Donzelli

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L’histoire d’un couple, commencé dans l’amour fou, se terminant dans la violence, puis devant le juge. Tout avait pourtant bien commencé : rencontre dans une soirée, premier enfant, mariage suivi d’un second enfant… Mais le mari, sorte de gendre idéal manœuvre pour éloigner sa femme Blanche de sa famille normande et de sa sœur jumelle Rose qui avait déjà pressenti que quelque chose ne tournait pas rond avec ce mari.

La suite révèle ce dernier jaloux, possessif et violent. Le film montre cette dérive et l’enfermement dans lequel sombre Blanche, coincée avec ses deux enfants dans l’Est de la France, effrayée par le comportement de son mari dont elle découvre progressivement les errements. Cela ira jusqu’à une tentative de suicide dont elle se relèvera avec l’aide de sa jumelle qui montera sa fuite et celle de ses enfants pour un retour en Normandie. Blanche reverra son mari au tribunal devant lequel la réalisatrice laisse de spectateur inventer la fin.

C’est un film sur l’enfermement de la femme dans la spirale de violence où peut l’entraîner un mari à la dérive. La séparation n’est pas dilemme facile à trancher lorsqu’on ignore jusqu’où peut aller ce conjoint et que deux enfants et une situation professionnelle sont également en jeu. Le comportement pathologique de ce mari est minutieusement décrit et doit s’approcher de la réalité de bien des couples dévastés par la violence. A la fois charmeur et dramatiquement possessif, après chaque éclat il tente de se faire pardonner de sa femme à laquelle il est désespérément attaché. Le scénario montre qu’elle n’est pas dupe et n’a plus d’espoir de le voir s’amender positivement tant il est incapable de contrôle sur lui-même. Un excès qui relève de la médecine psychiatrique ou d’une cure psychanalytique, plus que d’une énième réconciliation. Elle n’est manifestement pas tombée sur le bon numéro et ne sait comment s’en sortir.

Le combat féministe est loin d’être gagné si l’on en juge par le nombre de féminicides et de violences conjugales constatés chaque année en France. La très grande majorité de ces violences est exercée par l’homme sur la femme, et non l’inverse ; sans doute le fruit de millénaires de patriarcat menés par une société machiste et satisfaite d’elle-même, sous le regard bienveillant des religions. Ce film apporte son écot à une meilleure compréhension de ce phénomène destructeur. Il est bienvenu.