Les pays africains en délégation pour la paix en Ukraine

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La Chine qui a effectué une navette entre Kiev, Moscou et quelques pays européens sur la base de son initiative pour un « règlement politique de la crise ukrainienne » de février 2023. Il a été aimablement reçu par tout le monde. Alors qu’il séjournait dans la capitale ukrainienne une salve de missiles russes s’est abattue sur la ville dans la nuit du 17 au 18 mai, lui faisant vivre de près les affres de la guerre. On n’a pas connaissance de conclusions écrites de ce voyage diplomatique sinon une intervention télévisée dans laquelle il se prononce pour un arrêt des fournitures d’armes aux belligérants, ce qui revient bien sûr à la victoire de la Russie puisque l’Ukraine est très majoritairement dépendante pour ses armes des livraisons occidentales. On ne précise d’ailleurs jamais si ces matériels sont donnés ou vendus à l’Ukraine.

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C’est aujourd’hui une délégation de responsables africains, menée par le président sud-africain Cyril Ramaphosa qui essaye de faire bouger les lignes. Outre le Sud-africain, elle est composée des présidents du Sénégal, de la Zambie et des Comores (en tant que président de l’Union africaine), du premier ministre égyptien et de représentants du Congo et de l’Ouganda. De passage à Kiev, ils ont proposé, notamment, de lever les poursuites lancées contre le président russe, ce qui a été mal perçu… A Moscou où ils ont été reçus en majesté, ils ont rappelé le principe de « souveraineté telle que reconnue par l’ONU ». Outre leur volonté de désescalade, partagée par tout le monde sauf par les belligérants, ils ont surtout en ligne de mire les effets néfastes de la guerre sur le marché des céréales, dont ils souffrent en tout premier lieu.

Dans son discours d’introduction, le président russe a précisé :

Let me stress once again that we are open to constructive dialogue with everyone who wants peace to be achieved based on the principles of justice and consideration of the legitimate interests of the parties.

http://en.kremlin.ru/events/president/news/71451

A la différence de la Chine, peut-être produiront-ils un document qui permettra d’en savoir plus sur leurs propositions, au-delà de ces échanges de salon. Malgré la gravité de la situation, les dirigeants de ces anciennes colonies du Royaume-Uni, de la France, de la Belgique, des Pays-Bas… ont du mal à cacher une certaine forme de jubilation à paraître aider l’Occident à se sortir du mauvais pas dans lequel le met l’invasion de l’Ukraine par la Russie.

Ils s’en remettent pour l’instant à la Russie et nombre d’entre eux ont déjà renforcé leur coopération militaire et civile avec Moscou et mis fin à leurs anciennes et historiques coopérations, parfois avec perte et fracas comme pour la France au Mali. Les pays africains sont légitimes à faire ainsi, d’autant plus que la coopération avec leurs anciennes puissances colonisatrices n’a pas toujours donné tous les résultats attendus, c’est le moins que l’on puisse dire. Dans quelques années ils seront ainsi en mesure de pouvoir comparer les avantages et inconvénients de chaque partenariat.

Le rejet de l’ancien colon par les pays africains a souvent été sous-estimé. Il se révèle aujourd’hui en pleine lumière et voit d’anciens pays colonisés opter clairement pour une puissance dont les comportements en termes de domination d’autres pays n’est pas exempt de reproches mais c’est aussi un retour vers le successeur de l’Union soviétique qui a soutenu dans les années 1960-1970 les combats « révolutionnaires » de certains pays africains, le tout dans la fiction du « non-alignement ». La roue tourne et cette guerre d’Ukraine déclenche un bouleversement des alliances et un isolement de l’Occident. Est-ce que le ralliement de l’Afrique à Moscou est un véritable problème pour l’Occident ? Sans doute pas mais l’avenir le dira !