Coopération « culturelle » avec l’Arabie Saoudite

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Les lecteurs du journal Le Monde du 24 février ont découvert avec stupéfaction l’existence d’une structure « culturelle » créée en 2017 sous le doux nom d’Afalula (Agence française pour le développement d’Alula) qui est en affaire avec l’Arabie-Saoudite pour le développement du site touristique « Al-Ula » prévoyant la création sur un « site de la taille de la Belgique, d’un complexe archéologique, culturel et touristique, aux allures de musée vivant à ciel ouvert. Un investissement majeur qui ambitionne de faire d’Al-Ula l’une des capitales culturelles du Royaume. » Cette agence a été dotée que quelques dizaines de millions d’euros par les contribuables français pour faire fonctionner cette structure administrative dont le site web vante tous les mérites, du développement durable « pierre angulaire du projet » au « partage », en passant par la « bienveillance » et la « cohésion », et tout un gloubi-boulga insipide de « valeurs » qui sont sans doute le dernier des soucis des partenaires…

Nous faisons du respect mutuel la valeur maîtresse de notre relation aux autres.

Cette bienveillance est garante des liens de confiance qui sont les nôtres, au sein de l’Agence comme avec nos partenaires.

L’écoute, la disponibilité et l’empathie doivent favoriser nos collaborations multiples et fructueuses.

Voir : https://www.afalula.com/

Des bisbilles sévères semblent déjà être intervenues entre la partie saoudienne qui vient d’emprisonner le président de la commission royale pour Al-Ula et l’Afalula qui se plaint que les marchés passés en Arabie Saoudite ne feraient pas la part assez belle aux entreprises françaises. Le premier président de l’agence française fut Gérard Mestrallet (74 ans aujourd’hui, ancien chef de Suez, puis de GDF-Suez) remplacé l’an passé par Jean-Yves Le Drian (76 ans aujourd’hui, ancien ministre socialiste), et ce dernier vient de commander un audit interne de l’institution à l’Inspection des finances. On peut supposer qu’il subodore quelques irrégularités dans la gestion de son prédécesseur… Vouloir faire des affaires dans cette région, même sous couvert de coopération culturelle est et restera œuvre complexe et hautement risquée. On y laisse généralement des plumes, voire plus, surtout lorsque l’on est un Etat ou l’un de ses représentants. C’est ce qui semble se vérifier sur le site saoudien Al-Ula, au détriment de la France bien entendu. L’histoire n’est pas terminée, bien heureusement, mais on peut tout de même se demander si notre pays n’avait pas d’autres priorités plus importantes que d’aller se jeter dans la gueule du loup au risque de se faire dévorer par des Saoudiens qui ont globalement assez peu d’estime pour l’Europe.