The Stranglers – 2024/10/09 – Paris l’Olympia

A peine plus d’un an après leur dernier passage à l’Olympia, les quatre Stranglers sont de retour dans cette salle parisienne pour y fêter le… 50e anniversaire de leur arrivée sur la scène rock. Cinquante ans déjà ! Eh oui, c’est en 1974 que Jet Black et Hugh Cornwell ont lancé les prémices de ce qui allait devenir The Stranglers. Et c’est en 1977 que sortait leur premier disque Rattus Norvegicus, dont la couverture du verso, un rat furetant sur fond de pleine lune, marque le début de l’attirance du groupe pour un bestiaire inquiétant. Suivront le corbeau sur The Raven, la panthère noire sur Feline, mais le rat restera leur emblème, véhiculant son cortège d’odeurs nauséabondes, de ténèbres et de peurs populaires.

Le temps a passé, le bassiste J.J. Burnel est le seul musicien d’origine. Cornwell a quitté le groupe à la fin des années 1980, les autres sont morts. Mais les Stranglers sont toujours 4 aujourd’hui pour le plus grand plaisir de leurs fidèles admirateurs, eux-aussi blanchis sous le harnais.

Pour ces noces d’or le groupe assure la totalité du concert et nous sert une première partie tous habillés en veste de smoking noir et chaussures cirées. Retour au T-shirts noirs pour la seconde lancée après l’entracte sur l’inoubliable instrumental Waltzinblack. La scène est dépouillée, l’estrade où trônent le batteur et le claviériste, ainsi que le mur du fond, sont recouverts de draperies grises. Trois lustres royaux sont accrochés au plafond. Pas d’image ni de vidéo diffusée, juste de la musique forte et bonne.

Superbe retour sur ces cinquante années de musique. Leur énergie est la même, revitalisée par la jeunesse des nouveaux venus (Bazz Warne, guitare-chant, 60 ans ; et les deux gamins Jim Macaulay, batterie et Toby Hounsham, claviers). A 73 ans Burnel est le guide qui a d’ailleurs composé une bonne partie des chansons de ce demi-siècle, même si celles-ci sont toujours signées « The Stranglers », sympathique mutualisation de la créativité (et sans doute des droits d’auteur) du groupe quelle qu’en soit la formation.

La première partie synthétise la période post-punk avec des extraits des premiers albums (Hanging Around, The Raven, Princess of the Streets …) jusqu’à l’incroyable Down in the Sewer (Au fond des égouts) dont le final mêlant les envolées oniriques des claviers de Toby sur les riffs hypnotiques des guitares nous emmène jusqu’à l’entracte.

There’s lots of rats down here
You can see the whites of their eyes
They got sharp teeth
Deep breath
And lots of diseases

People say you shouldn’t stay down here too long
Lose your sense of light and dark
Lose your sense of smell

20 minutes plus tard les musiciens reviennent habillés en noir plus décontracté pour aborder une période moins sombre de leurs chansons, plus poppy, moins prisée des vieux fans. Les mélodies mélancoliques de Skin Deep, Always the Sun, Relentless sont presque romantiques quand on sort de Hanging Around. Enfin, « romantique », il ne faut rien exagérer et Something Better Change (1977) et Tank (1978) nous ramènent aux rythmes primaires et parfois brutaux des influences punk de ce groupe pas comme les autres.

Les Stranglers ont le sourire pour cet anniversaire. Leur complicité musicale fait plaisir à voir et surtout à entendre. Les bagarreurs d’antan n’ont rien abandonné de leur hargne mais elle est désormais plus policée, toujours au service d’une musique d’une redoutable efficacité.

Et ils nous laissent sur un No More Heroes mené tambour battant et repris à pleins poumons par une audience aux anges.

Whatever happened to
All the heroes?
All the Shakespearoes?
They watched their Rome burn

Whatever happened to the heroes?
Whatever happened to the heroes?
No more heroes anymore
No more heroes anymore

En arpentant l’avenue de l’Opéra les oreilles encore bourdonnantes et les pulsations cardiaques au plus haut, les sexagénaires se demandent finalement s’il ne reste pas encore quelques héros…

Le concert est filmé et pourra être donc être revu, très bonne nouvelle !

Le concert est filmé et pourra être donc être revu, très bonne nouvelle !

Première partie

Just Like Nothing on Earth/ Hallow to Our Men/ The Raven/ Baroque Bordello/ North Winds/ Genetix/ Princess of the Streets/ Breathe/ Hanging Around/ Down in the Sewer

Seconde partie

Waltzinblack / Who Wants the World?/ Dagenham Dave/ Duchess/ Time to Die/ Ships That Pass in the Night/ Peaches/ Threatened/ Skin Deep/ Always the Sun/ Golden Brown/ Relentless/ 5 Minutes/ Lost Control/ White Stallion/ Something Better Change/ Tank

Encore

Go Buddy Go/ No More Heroes

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