Après un passage intimiste dans la salle du Hasard Ludique en mai dernier le duo finlandais Maustetytöt voit les choses un peu plus en grand pour son retour à Paris, cette fois-ci à la Gaîté Lyrique. Le concert et les décors sont identiques à ceux de leur dernière prestation parisienne. Seule différence, elles revêtent toutes deux une ample salopette rayée, style Coluche, sur un t-shirt noir.
La bande jouée pour leur entrée est une vieille chanson finlandaise connue dans tout le pays, nous explique notre voisin barbu, taillé comme un bûcheron de la taïga, finlandais, bien sûr. La musique des Maustetytöt (qui veut dire Spice Girls en finlandais) est toujours mélancolique et entêtante, poppy et électro. Le duo est parfaitement réglé, voix, instruments et machines tournent à la perfection pour nous emmener sur les grands espaces glacés de leur pays boréal.
Elles sont un peu plus bavardes ce soir. Peut-être parce qu’elles ont eu une journée libre à Montmartre hier après la longue route en van depuis l’Allemagne où elles se produisaient la veille comme illustré sur leur page Facebook. Elles nous parlent en anglais, présentent quelques chansons, commentent la vie, « nous sommes contentes que notre pays ne fasse pas la guerre en Ukraine », se lamentent que les Suédois raflent toutes les médailles aux Jeux olympiques et se consolent avec autodérision « mais nous en Finlande, nous sommes les plus heureux du monde » ce qui est bien sûr contredit par les taux d’alcoolisme et de suicide record d’un pays où il fait beaucoup nuit…



Les textes qu’elles introduisent sont tous hyperréalistes pour décrire un ordinaire où il ne se passe rien : Kaisa la guitariste explique une chanson par « ma mère est partie voir la mer et est revenue », une autre au sujet des anges qui ne savent pas voler sans ailes. Elles jouent avec humour de ce côté vide et déprimant, affichent un air renfrogné derrière leurs yeux bleus mais elles sont de bonnes musiciennes et nous enchantent de leurs mélodies un peu acides. On a du mal à les croire aussi tristes qu’elles veulent l’afficher. En tout cas c’est une mélancolie productive qui enchante la Gaîté Lyrique.
La première partie est assurée par Vilma Jää, une chanteuse violoniste également finlandaise et, bien sûr, blonde. Elle joue un folk nordique avec un ordinateur Apple pour les bass, son violon et une jolie voix. Elle parle des traditions de son pays avec des histoires de princesses perdue dans le grand nord, mais aussi de sujets de société, changements climatiques et droit à l’avortement inclus. Son site web (https://vilmajaa.fi/en/) est disponible en anglais en plus du finnois, peut-être une idée à suivre pour les Maustetytöt, ce qui éviterait aux lecteurs les traductions improbables de l’intelligence artificielle.

De la Finlande on connaît surtout sa frontière de plus de 1 000 km avec l’ogre russe, et ses aurores boréales. Avec Maustetytöt et ses premières parties on découvre aussi une ligne musicale intéressante et des personnalités artistiques attachantes et… très blondes.