« Ravel Boléro » à la Philharmonie de Paris

C’est le cent-cinquantième anniversaire de la naissance de Maurice Ravel, le 7 mars 1875 à Cibourne. (Pyrénées-Atlantiques). Ce grand compositeur français est célébré un peu partout cette année dont à la Philharmonie de Paris qui organise une exposition centrée sur le Boléro, sa création la plus emblématique. Que les ravéliens se rassurent on y découvre aussi beaucoup d’éléments liés à la personnalité et au génie de Ravel, au-delà du « simple » Boléro.

L’exposition débute par un film de l’œuvre jouée en version orchestrale (sans danseur). Plus loin on découvre une section spécialement dédiée à des vidéos de différentes exécutions du Boléro dans le temps et aux films qui se sont inspirés du Boléro ou l’ont tout simplement utilisé comme musique. Il a été composé en 1928 comme une œuvre de ballet à la demande de l’amie de Ravel, Ida Rubinstein, danseuse et mécène du musicien, qui commande une pièce de « caractère espagnol ». Natif du sud-ouest, il connait bien la culture hispanique mais par suite d’un embrouillamini de droits sur des œuvres espagnoles qu’il comptait orchestrer il décide de se lancer dans une œuvre radicalement moderne et originale.

Bâti sur une très simple et obsédante rhythmique à deux mesures, le Boléro n’est fait que d’un seul mouvement composé de deux mélodies qui se succèdent et se répètent avec des instruments de plus en plus nombreux, progressivement surajoutés les uns aux les autres, amenant jusqu’au paroxysme final. La construction est mathématique et retranscrite sur un schéma électronique présenté sur un écran. L’inspiration est exceptionnelle d’inventivité et de puissance.

Dans un commentaire facétieux l’auteur dira :

Mon chef-d’œuvre ? Le Boléro, bien sûr ! Malheureusement, il est vide de musique.

Ravel – 1928

Le Boléro est créé en novembre 1928 au Palais Garnier sur une chorégraphie d’Ida Rubinstein. Il rencontre un franc succès auprès de la critique et il reste aujourd’hui mondialement connu et révéré. En 1928 Ravel rencontre déjà un succès international et il peut se permettre des expérimentations. Celle-ci est de toute grandeur. Elle a été composée dans sa maison de Montfort-l’Amaury, C’est dans cette même demeure, l’année suivante, qu’il composera ses deux sublimes concertos pour piano avant que ses troubles neurologiques ne finissent par l’emporter le 28 décembre 1937 après quatre années de quasi-silence musicale dues à la maladie.

De nombreuses photos et quelques vidéos montrent le compositeur dans ses jours heureux, visitant ses régions de prédilection. Ses voyages musicaux, aux Etats-Unis notamment où il dirigea ses œuvres. Ses inspirations et ses amitiés musicales. De nombreuses photos nous montrent cet homme de petite taille, toujours tiré à quatre épingles, plutôt souriant, souvent fumant une cigarette. Des bibelots exposés dans sa maison de Montfort-l’Amaury sont présentés à la Philharmonie revenant ainsi sur sa passion pour les petits mécanismes et l’extrême souci du détail avec le lequel il les collectionne et les expose. Même son nécessaire de rasage est soigneusement déposé sur un tissu noir-et-blanc rappelant le clavier d’un piano. Ce maniérisme prête à sourire lorsqu’il s’applique à la décoration de sa salle-de-bains mais il provoque l’admiration quand il concerne le strict ordonnancement des thèmes musicaux du Boléro.

Comme toujours, la Philharmonie est à la hauteur des artistes qu’elle expose : visites-guidées, atelier-exposition pour familles, bibliographie spécialisée, concerts. Tout est fait pour faciliter la découverte de ce grand compositeur.