Vous avez aimé Abdelkader ? Vous allez adorer Christian Tein !

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Alors que l’hexagone se noie dans les campagnes électorales et va devoir sans doute affronter l’arrivée des extrêmes au pouvoir, ça continue à défourailler en Nouvelle-Calédonie. Nous en sommes maintenant à 9 morts dans cet archipel depuis le déclenchement des émeutes au mois de mai dernier. Les troubles, blocages et barrages se poursuivent malgré le renforcement très significatif des forces de sécurité venues de la métropole.

Une petite dizaine des meneurs identifiés ont été mis en examen et la justice a décidé de les incarcérer en France et non pas sur le territoire. Il s’agit notamment de Christian Tein, un chef kanak indépendantiste considéré comme le responsable de la cellule de coordination des actions de terrain (CCAT), cellule qui semble avoir dirigé les émeutes et les exactions sur place.

Bien évidement les émeutes sont reparties dès que leur incarcération « en France » a été rendue publique. Ils ont aussitôt été qualifiés de « prisonniers politiques » et leur libération immédiate est exigée par les émeutiers pour qu’ils quittent leurs barricades.

Cette situation inextricable montre une nouvelle fois l’impasse dans laquelle se trouve la République française face à cette colonie. Il y a tout de même eu 9 morts à ce jour dans la guérilla urbaine qui a duré deux semaines et à laquelle il n’a jamais complètement été mis fin. Si l’Etat français n’avait rien fait il aurait violé ses propres lois. S’il agit comme il l’a fait il est accusé de colonialisme.

L’histoire nous rappelle l’imbroglio provoqué dans l’Algérie colonisée par l’arrestation et la déportation en France de l’émir Abdelkader (1808-1883), chef religieux et militaire algérien qui a fomenté la résistance contre l’envahisseur, remporté quelques victoires avant de rendre les armes en 1847. Transféré en France où il bénéficia tout de même d’un statut de prisonnier privilégié il est ensuite autorisé à émigrer à Damas en échange de l’engagement de ne plus fomenter de troubles en Algérie. En résidence surveillé à Toulon, Pau puis Amboise, il devint la coqueluche de l’intelligentsia française et européenne qui se bousculait pour le visiter dans les années 1850. Il décéda en 1883 après être presque devenu un ami de la France… Il a depuis des rues et des places à son nom dans des communes de l’hexagone.

Il n’est pas sûr qu’en ce XXIe siècle de tous les excès l’indépendantiste Christian Tein soit aussi conciliant avec la puissance coloniale que ne le fut Abdelkader à la fin de sa vie. L’intransigeance de ses troupes sur le terrain qui sont en train de relancer la guérilla en Nouvelle-Calédonie ne va pas faiblir non plus. La République est dans une impasse dont la seule voie de sortie est l’indépendance de ce territoire le plus vite possible en offrant aux non-kanaks la possibilité de venir s’installer en France.

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