Genève, capitale de la neutralité et siège de nombreuses institutions internationales, plus ou moins humanitaires, coule des jours heureux sur les bords du lac Léman où est présenté le Musée international de la croix rouge et du croissant rouge, entre le bâtiment de l’ancienne Société des Nations (SDN), celui du Haut-commissariat pour les réfugiés (HCR) ou de l’Organisation mondiale du commerce (OMC). C’est lors de la bataille de Solférino en 1859, une boucherie napoléonienne comme tant d’autres, 40 000 soldats mis hors de combat en quelques jours, que Henri Dunant (1828-1910) prend conscience des conditions sanitaires désastreuses dans lesquelles sont pris en charge les blessés. A l’issue de cet épisode dantesque il écrit un livre « Un souvenir de Solférino » pour partager ses idées sur comment mieux prendre en charge les victimes. C’est ainsi que naîtra quelques années plus tard l’association d’aide humanitaire qui deviendra le Comité international de la croix rouge (CICR).
Le musée revient sur les grandes opérations auxquelles participa, et œuvre toujours, le CICR. Photos, vidéos, ustensiles divers utilisés par les sauveteurs, explications historiques, enjeux géopolitiques, c’est beau comme l’antique et qui oserait contester l’utilité de ces actions censées compenser, au moins partiellement, la sauvagerie des hommes. Comme toutes organisations humaines celle-ci est sûrement perfectible, elle n’en est pas moins indispensable même si tellement dérisoire.
Pour être plus efficaces et lever les éventuelles préventions des belligérants à négocier, les actions du CICR sont soumises à la confidentialité. Les négociations menées par l’organisation donnent lieu à des rapports qui ne sont pas publiés. Seuls les résultats concrets de ces négociations deviennent généralement publics, on ne connait pas les détails et les difficultés de ces discussions, y compris bien sûr pour celles qui n’aboutissent pas. On imagine aisément la patience et l’abnégation dont doivent faire preuve les membres du Comité pour essayer de faire s’entendre des ennemis jurés sur un minimum humanitaire à prendre en compte au cœur de leurs guerres.
En rentrant chez lui le soir, le visiteur voit sur sa télévisions les ambulances du CICR procéder aux échanges d’otages dans la bande de Gaza entre Israël et la Palestine !