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  • Anohni & the Johnsons – 2024/06/27 – Paris Philharmonie

    Anohni & the Johnsons – 2024/06/27 – Paris Philharmonie

    Antony Hegarty, né au Royaume Uni en 1971 s’est d’abord fait connaître comme leader du groupe Antony & the Johnsons qui sort un premier CD en 2000. Il a souvent fait allusion dans sa création à des questionnements sur son identité « de genre » au travers de ses textes, de ses références musicales et artistiques, de ses attitudes. Au début de sa carrière il s’est produit dans des groupes de drag-queens. On se souvient qu’il avait joué son concert de 2009 à la Salle Pleyel habillé en femme. Il a suivi depuis sa transformation en femme trans. Elle se fait appeler désormais Anohni depuis 2015. Elle a continué à signer des disques sous ce seul nom ou celui de Anohni & the Johnsons comme la formation de ce soir qui se produit à la Philharmonie de Paris dans le cadre du festival Days Off.

    Son dernier CD, My Back Was a Bridge For You To Cross, affiche sur sa couverture un portrait de Marta Johnson, célèbre militante drag-queen afro-américaine qui s’est battue en faveur des droits homosexuels en participant notamment aux émeutes Stonewall uprising en 1969 lorsque la police new-yorkaise harcelait la communauté dans cette boîte gay très connue à Greenwich Village. Sur le premier disque d’Anthony figurait le portrait sur son lit de mort de Candy Darling, une autre icône trans qui paraissait à la fin des années 1960 dans l’univers d’Andy Warhol. Lou Reed, lui aussi proche d’Andy Warhol, lui rendit hommage à travers ses chansons Take a Walk on the Wild Side (1971) et Candy Says (1969). Lors de sa tournée Berlin de 2006, Antony assurait les chœurs sur la partie américaine de celle-ci, mise en image par Julian Schnabel qui a donné lieu à l’édition d’un DVD d’une grande beauté ; le rappel du concert était Candy Says chanté en duo par Lou et Anthony qui en livrent une bouleversante interprétation.

    Lou Reed a toujours été un fervent soutien d’Anohni et a chanté sur son deuxième disque avec les Jonhsons. I’m a bird now (2005), Anohni a chanté une très belle interprétation de Perfect Days sur l’un des derniers CD de Reed : The Raven (2003). Une courte histoire d’amitié (Lou Reed est mort en 2013) et de musique transgénérationnelle entre ces deux artistes.

    Les Johnsons entrent en piste à l’extinction des lumières, ils sont neuf, tout de blanc vêtus et s’assoient sagement sur leurs chaises en arc de cercle sous un grand écran. Ils sont emmenés par le guitariste britannique Jimmy Hogarth, auteur-compositeur-producteur qui a collaboré avec de nombreux artistes, co-écrit et produit le dernier disque d’Anohni & the Johnsons. Une section de cordes (un violoncelle et deux violons) amène sa touche de classicisme lancinant bien à propos sur la musique ce soir.

    Une danseuse apparaît sur la scène, enveloppée d’un voile blanc vaporeux, la tête surmontée de bois de cerf, collaboratrice d’Anohni depuis de nombreuses années. La danse et le corps sont au centre de leur inspiration commune et c’est une excellente façon d’introduire ce show dont on sait qu’il sera étrange. La même clôturera la soirée, cette fois-ci habillée de noir.

    Anohni, vêtue d’une robe et d’un châle blancs, les cheveux longs, blonds peroxydés, vient ensuite démarrer le concert sur Why Am I Alive Now? susurré sur les accords légers de guitare et une batterie juste effleurée. Un morceau presque guilleret ne seraient-ce les paroles d’inquiétude écologique devant la nature qui s’effondre alors que nous sommes toujours en vie. Le morceau suivant, 4 Degrees, extrait de son disque solo HOPELESSNESS, sur une rythmique plus violente et désespérée, enfonce le clou du désastre écologique qui déjà nous cerne.

    L’univers d’Anohni est des plus sombres. Et lorsqu’il ne s’agit pas de la planète chancelante c’est de son âme et de son cœur dont il est question, et ce n’est guère plus positif. L’auditeur pourrait être trompé par une voix de tête, agile dans les aigus, parfois plongeant dans les graves avec élégance, donnant une impression de légèreté. La lecture de quelques textes suffit à nous ramener à la réalité de l’artiste qui est un bloc de souffrance. Même sa façon de se tenir exsude la douleur, lorsqu’elle chante ses mains s’imbriquent et se tordent l’une avec l’autre, ses lèvres tremblent sur ses vibratos singuliers, comme si elle allait s’effondrer en pleurs…

    The way you talk to me, it must change
    The things you do to me
    The way you leave me
    The seeds you give to me, it must change
    It must change
    The death inside you
    That you pass into me
    The truth is that I always
    Thought you were beautiful
    In your own way

    That’s why this is so sad
    That’s why this is so sad

    (It Must Change)

    You are my sister marque le retour à Antony. Elle est chantée sur le disque sorti en 2005 en duo avec Boy George, autre égérie du monde trans, accompagnée à la guitare par Devendra Benhart. Un très beau moment au mitan de cette soirée.

    You are my sister, we were born
    So innocent, so full of need
    There were times we were friends but times I was so cruel
    Each night I’d ask for you to watch me as I sleep
    I was so afraid of the night
    You seemed to move through the places that I feared
    You lived inside my world so softly
    Protected only by the kindness of your nature

    You are my sister
    And I love you

    (You Are My Sister)

    Le concert s’écoule dans la douceur, tout en subtilité. Le groupe est soudé autour d’Anohni, l’encadre sans s’imposer, comme s’il voulait s’effacer derrière sa voix exceptionnelle et émouvante. L’ensemble est parfait.

    Anohni nous parle un long moment de son association Future Feminism pour la défense des droits des femmes, qui organise un festival pour la cause, pendant que défilent sur l’écran les images de femmes martyrisées du fait de leur condition, trans ou pas. Dans la salle, nombre de représentants du monde queer, bien visibles, manifestent leur soutien en applaudissant à tout rompre.

    En rappel, Anohni, assise au piano, interprète Hope There’s Someone, le second retour à Antony, qui clôt merveilleusement bien cette soirée musicale bien mélancolique mais tellement belle, transcendée par la délicatesse des compositions portées par la voix d’Anohni.

    Hope there’s someone who’ll take care of me
    When I die, will I go?
    Hope there’s someone who’ll set my heart free
    Nice to hold when I’m tired

    (Hope There’s Someone)

    Un final plein d’émotion de la part de cet artiste inclassable, à la sensibilité à fleur de peau, dont les récents changements de genre ne semblent pas avoir véritablement solutionné le mal-être, mais ce sont sans doute eux qui fondent aussi une part de cette inspiration si singulière.

    Setlist

    Why Am I Alive Now? (Preceded by performance by Johanna Constantine dressed in white with deer antlers)/ 4 Degrees(ANOHNI song)/ Manta Ray (ANOHNI song)/ Cut the World/ Breaking (Marsha P. Johnson interview video short)/ Hopelessness (ANOHNI song)/ It Must Change/ You Are My Sister (Interpolation of spoken speech)/Sometimes I Feel Like a Motherless Child (Cover traditional song)/ Can’t/ Everglade/ Another World (New arrangement)/ Drone Bomb Me (ANOHNI song)/ Man Is the Baby (Followed by performance by Johanna Constantine dressed in black with deer antlers)/ Her Eyes Are Underneath the Ground (Was performed wearing a veil)

    Encore : Hope There’s Someone (performed with Anohni on piano)

    Le groupe

    • ANOHNI
    • Jimmy Hogarth, guitare
    • Leo Abrahams, guitare
    • Chris Vatalaro, batterie
    • Gael Rakotondrabe, piano, percussions
    • Sam Dixon, basse
    • Julia Kent, violoncelle
    • Max Moston, violon
    • Doug Wieselman, multi-instrumentiste
    • Mazz Swift, violon
    • Johanna Constantine, danse

    Vidéos

    Les vidéos d’Anohni sont disponibles sur son site web :

    Video — Anohni and the Johnsons

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  • La France face à l’aventure

    La France face à l’aventure

    Lors des dernières élections européennes du 9 juin les électeurs français, du moins ceux qui s’expriment dans les urnes, ont mis un pied dans la porte en donnant le leadership à la droite populiste. Ils comptent transformer l’essai lors des scrutins législatifs des 30 juin et 7 juillet des élections législatives provoquées par la dissolution de l’assemblée nationale prononcée ce 9 juin au soir par le président de la République.

    La perspective d’une arrivée au pouvoir du parti Rassemblement National (RN, ex-Front National) n’étant plus à exclure, la France est fébrile. La gauche a bricolé rapidement une alliance électorale baptisée « Nouveau Front Populaire » (NFP) qui va de LFI d’inspiration trotskiste (son premier responsable, M. Mélanchon, est entré en politique via l’Organisation communiste internationale [OCI]), aux socialistes de la gauche-caviar, en passant par un Parti communiste longtemps stalinien. On a même vu récemment Dominique Strauss-Kahn (75 ans) et Lionnel Jospin (86 ans), des vieilles ganaches du Parti Socialiste (PS), sortir de leur retraite pour apporter leur soutien au NFP. Un programme a été conclu sur le papier insistant sur les obsessions habituelles de la gauche : faire payer les riches, augmenter les salaires des autres, revenir à la retraite à 60 ans et reconnaître l’Etat de Palestine.

    Une seule priorité pour le gouvernement du Nouveau Front Populaire dès son installation : répondre aux urgences qui abîment la vie et la confiance du peuple français. Nous en finirons avec la brutalisation et la maltraitance des années Macron. Nous adopterons immédiatement 20 actes de rupture pour répondre à l’urgence sociale, au défi climatique, à la réparation des services publics, à un chemin d’apaisement en France et dans le monde. Pour que la vie change dès l’été 2024.

    Programme NFP « Contrat de législature »

    A l’autre bout de l’échiquier politique, la droite populiste RN alliée avec quelques membres de Les Républicains (LR) propose ses objectifs usuels : mettre fin à la « submersion migratoire », baisser les prix de l’énergie pour tout le monde et endiguer « le laxisme judiciaire » pour faire baisser délinquance et criminalité dans le pays.

    Dès ma nomination comme Premier ministre, j’apporterai des réponses concrètes aux préoccupations de nos concitoyens en matière de qualité de vie, de sécurité et d’immigration.

    Programme 2024-06 « Bardella premier ministre

    Cette droite a plus de mal à cacher ses origines extrêmes, que Jean-Luc Mélanchon ses origines trotskystes, car elles sont plus récentes et pas encore passées complètement aux oubliettes de l’histoire, pour ceux qui la suivent. Le patriarche Le Pen qui assumait ses blagues antisémites graveleuses et son révisionnisme est encore vivant, même sous tutelle, alors que Lambert ou Benny Lévy sont morts et enterrés depuis longtemps et que l’assassinat de Trotski par les tueurs communistes de Staline, ou le déchaînement de barbarie de l’armée rouge créée par Trotski durant la guerre civile russe au début du XXe siècle sont oubliés depuis très longtemps. Le peuple a la mémoire courte, c’est d’ailleurs une de ses caractéristiques principales.

    Au centre, le parti présidentiel qui a réussi à se mettre beaucoup de monde à dos, semble un peu dépassé par les évènements pourtant provoqués par son inspirateur. Ce mouvement et les LR se sont tellement haïs depuis quelques années, alors que leurs programmes étaient largement compatibles pour peu qu’ils mettent leurs égos sous le tapis de l’intérêt de la France, qu’ils n’arrivent pas à faire programme commun et laissent les populistes cavaler en tête.

    Pour le « peuple de gauche », largement soutenu par le monde intellectuel et artistique, l’horreur serait l’arrivée du FN au pouvoir. Pour « le peuple conservateur », l’abomination serait une majorité large ou absolue gagnée par le NFP. « Entre la peste et le choléra »… Alors ces formations politiques rivalisent d’assauts verbaux sur leurs stratégies électorales respectives : qui se désistera pour « faire barrage à… », qui donnera des consignes de vote pour empêcher « la catastrophe », etc. ? En réalité ces tactiques relèvent d’un autre âge désormais. Il est assez peu probable que les électeurs suivent aujourd’hui des consignes de vote qui seraient contraires à leurs propres convictions. Ils risquent même d’être agacés par d’éventuels désistements pour « faire barrage à… » qui reviennent à vouloir leur forcer la main pour voter dans un sens décidé par les appareils politiques mais pas par forcément par eux-mêmes.

    En cas de choix manichéen à faire entre « la peste ou le choléra » le mieux est de laisser choisir l’électeur par lui-même ce qui encore la meilleure solution pour qu’il assume ensuite la responsabilité de son vote. Et pour ceux qui ne veulent pas choisir les extrêmes il reste toujours le vote blanc. L’avenir sera ce qui se décidera dans les urnes. Les plus optimistes considèrent que les institutions de la République résisteront à la tempête le cas échéant et offriront aux électeurs la possibilité de revenir en arrière s’ils le veulent. Les pessimistes craignent le contraire. Ce qui semble sûr c’est que sauter sur son canapé en criant « tout sauf le RN, tout sauf le RN, tout sauf le RN !!! », ou accumuler des tribunes dans le journal Le Monde ne sert plus à grand-chose au point où nous en sommes. Pour calmer ses angoisses sur l’avenir politique du pays il faut voter et, éventuellement, militer si l’on souhaite inverser un résultat « non satisfaisant » pour la prochaine fois.

  • Vous avez aimé Abdelkader ? Vous allez adorer Christian Tein !

    Vous avez aimé Abdelkader ? Vous allez adorer Christian Tein !

    Alors que l’hexagone se noie dans les campagnes électorales et va devoir sans doute affronter l’arrivée des extrêmes au pouvoir, ça continue à défourailler en Nouvelle-Calédonie. Nous en sommes maintenant à 9 morts dans cet archipel depuis le déclenchement des émeutes au mois de mai dernier. Les troubles, blocages et barrages se poursuivent malgré le renforcement très significatif des forces de sécurité venues de la métropole.

    Une petite dizaine des meneurs identifiés ont été mis en examen et la justice a décidé de les incarcérer en France et non pas sur le territoire. Il s’agit notamment de Christian Tein, un chef kanak indépendantiste considéré comme le responsable de la cellule de coordination des actions de terrain (CCAT), cellule qui semble avoir dirigé les émeutes et les exactions sur place.

    Bien évidement les émeutes sont reparties dès que leur incarcération « en France » a été rendue publique. Ils ont aussitôt été qualifiés de « prisonniers politiques » et leur libération immédiate est exigée par les émeutiers pour qu’ils quittent leurs barricades.

    Cette situation inextricable montre une nouvelle fois l’impasse dans laquelle se trouve la République française face à cette colonie. Il y a tout de même eu 9 morts à ce jour dans la guérilla urbaine qui a duré deux semaines et à laquelle il n’a jamais complètement été mis fin. Si l’Etat français n’avait rien fait il aurait violé ses propres lois. S’il agit comme il l’a fait il est accusé de colonialisme.

    L’histoire nous rappelle l’imbroglio provoqué dans l’Algérie colonisée par l’arrestation et la déportation en France de l’émir Abdelkader (1808-1883), chef religieux et militaire algérien qui a fomenté la résistance contre l’envahisseur, remporté quelques victoires avant de rendre les armes en 1847. Transféré en France où il bénéficia tout de même d’un statut de prisonnier privilégié il est ensuite autorisé à émigrer à Damas en échange de l’engagement de ne plus fomenter de troubles en Algérie. En résidence surveillé à Toulon, Pau puis Amboise, il devint la coqueluche de l’intelligentsia française et européenne qui se bousculait pour le visiter dans les années 1850. Il décéda en 1883 après être presque devenu un ami de la France… Il a depuis des rues et des places à son nom dans des communes de l’hexagone.

    Il n’est pas sûr qu’en ce XXIe siècle de tous les excès l’indépendantiste Christian Tein soit aussi conciliant avec la puissance coloniale que ne le fut Abdelkader à la fin de sa vie. L’intransigeance de ses troupes sur le terrain qui sont en train de relancer la guérilla en Nouvelle-Calédonie ne va pas faiblir non plus. La République est dans une impasse dont la seule voie de sortie est l’indépendance de ce territoire le plus vite possible en offrant aux non-kanaks la possibilité de venir s’installer en France.

    Lire aussi : « Abd el-Kader » au Mucem

  • « Chopin au Jardin – 2024 » au Parc Montsouris (Wojciech Kruczek, piano)

    « Chopin au Jardin – 2024 » au Parc Montsouris (Wojciech Kruczek, piano)

    Nouveau dimanche du festival « Chopin au jardin » au parc Montsouris. Il fait grand beau temps aujourd’hui. C’est au tour de Wojciech Kruczek de se produire. Jeune pianiste polonais virtuose, multi-primé dans différents concours. Il joue pour la première fois à Paris dans une atmosphère estivale bon-enfant. Coiffure années 1930, grosses lunettes, il porte beau son nœud-papillon sur un costume claire à pochette et il nous emballe avec des pièces de Chopin (jouées sans partition) et leurs cascades de notes si dynamiques. Lors des passages primesautiers de cette musique de cœur il suit le rythme presque jazzy avec de légers mouvements des épaules. Il salue les quatre côtés du kiosque avec un large sourire entre chacune des pièces. Il est l’air heureux et détendu, nous aussi.

    Le Nocturne op. 48 amène un peu de tragique dans l’atmosphère avant le final éclatant et joyeux de la Polonaise op. 53. Quel plaisir que ce festival et ces pianistes invités de si grand talent.

    CHOPIN au jardin, Wojciech KRUCZEK (23/06/2024)

    Programme

    • Polonaise en sol bémol majeur, op. posthume
    • Fantaisie sur des airs polonais en la majeur, op. 13
    • Quatre Mazurkas, op. 30
    • n° 1 en do mineur
    • n° 2 en si mineur
    • n° 3 en ré bémol majeur
    • n° 4 en do dièse mineur
    • Étude en ut mineur, op. 10 n° 12 (Révolutionnaire)
    • Grande Valse brillante en mi bémol majeur, op. 18
    • Nocturne en do mineur, op. 48 n° 1
    • Polonaise en la bémol majeur, op. 53 (Héroïque)
  • Au musée Rodin de Paris

    Au musée Rodin de Paris

    Un dimanche d’été à l’hôtel Biron qui abrite un musée Rodin rénové en 2016. Le bâtiment de XVIIIe est imposant, le jardin à la française charmant, nous sommes dans le VIIe arrondissement, en face des Invalides. C’est le poète Rainer Maria Rilke qui a présenté ce vaste hôtel particulier à Rodin qui en a fait son atelier en 1908 avant d’en faire don à l’Etat après sa mort en 1917, avec un grand nombre de ses œuvres.

    On parcourt les 18 grandes salles pleines de lumières et de boiseries à la poursuite du génie de Rodin, ses influences, dont sa collaboration avec Camille Claudel bien sûr, des grandes œuvres à ses petits bijoux et toujours le même émerveillement devant la douceur et la sensualité des corps rendues dans le bronze, le marbre ou le plâtre.

    Je donne à l’État toute mon œuvre en plâtre, marbre, bronze, pierre, et mes dessins ainsi que la collection d’antiques que j’ai été heureux de réunir pour l’apprentissage et l’éducation des artistes et des travailleurs – Je demande à l’État de garder en l’hôtel Biron qui sera le musée Rodin toutes ses collections, me réservant d’y résider toute ma vie.

    Auguste Rodin, 1909

    En sortant rue de Varenne on jette un œil sur la terrasse arborée du dernier étage de l’immeuble qui nous fait face, face au musée et aux Invalides. Un quartier plutôt chic.

    Lire aussi :
    Exposition Rodin au Grand Palais
    Balzac par Rodin

  • Des obsessions politiques qui polluent la campagne électorale

    Des obsessions politiques qui polluent la campagne électorale

    La campagne électorale pour les élections européennes du 9 juin dernier avait été centrée sur la guerre à Gaza, largement attisée par le parti de gauche radicale La France insoumise (LFI). Cela n’a pas empêché le Rassemblement national d’arriver en tête avec 31,4% des suffrages exprimés. La campagne en cours pour les élections législatives des 30 juin et 7 juillet, provoquées par la dissolution de l’assemblée nationale le 9 juin au soir, est centrée sur l’antisémitisme. Ces deux sujets sont certes importants pour la bonne marche du monde mais devraient l’être un peu moins dans le cadre de campagnes électorales françaises.

    Qu’importe, les partis qui font la course en tête, le Nouveau Front populaire (NFP dont LFI est le principal membre) et le Rassemblement National (RN, droite radicale) ont trouvé là des os à ronger et des motifs d’attaquer l’adversaire. Et ils s’en donnent à cœur joie, ressassant les mêmes slogans rageurs qui, sans doute, n’intéressent pas considérablement leurs électeurs et, surtout, n’orienteront probablement pas le vote des indécis, s’il en reste encore à ce jour.

    La droite, et ceux qui s’en réclament sur les plateaux télévisés, cherche par tous les moyens à faire dire à LFI que le Hamas (mouvement qui gouverne la bande Gaza et dont la branche armée a lancé et exécuté les massacres du 07/10/2023 en Israël) est un mouvement terroriste. Les membres de LFI s’y refusent car ils considèrent que ce mouvement s’est défendu le 7 octobre et ne peut pas être considéré comme terroriste. Ils le croient sans doute très sincèrement et restent sur cette position en refusant de prononcer ce qualificatif de « terroriste ». Ils ont le droit de prendre cette position et de l’afficher, accessoirement ce sentiment doit être partagé par une partie de leur électorat. Il est improductif de perdre du temps à essayer de les faire changer d’avis, d’autant plus que c’est une position historique de l’extrême gauche française qui n’est pas nouvelle. Le parti LFI est transparent sur ce point et leurs électeurs se positionnent en conséquence.

    Lire aussi : L’extrême gauche française est extrême

    La droite radicale du RN saisit cette occasion pour se refaire une virginité et passer sous le tapis son histoire antisémite. On se souvient des sorties tonitruantes et des plaisanteries nauséabondes de Jean-Marie Le Pen le fondateur du Front National qui s’est transformé en Rassemblement National après un coup de balai donné pour rompre les liens avec les membres du parti les plus voyants dans leur antisémitisme, y compris le patriarche. Les plus anciens qui ont fréquenté les universités françaises dans les années 1970 se souviennent des combats extrêmement violents menés entre les milices du GUD (Groupement Union Défense d’extrême droite) et celle du BETAR (mouvement de jeunesse juif sioniste radical, que l’on peut aussi qualifier d’extrême droite) qui en ont laissé plus d’un sur le carreau. L’antisémitisme est une vieille histoire en France, comme d’ailleurs dans une partie de l’Europe. C’est surtout un drame de la bêtise rendu encore plus aigüe par les nouvelles religiosités qui s’emparent des masses. L’exploit est qu’aujourd’hui le RN arrive à se présenter comme le défenseur des Français de confession juive. Quel retournement ! C’est, au moins, une réussite marketing.

    Ce débat qui pollue le processus électoral en cours est vain. Bien entendu il doit rester quelques nazillons au RN et quelques staliniens au NFP, comme dans le reste de la société française d’ailleurs. On n’arrivera jamais à éliminer complètement ces idéologies mortifères. L’essentiel est de s’assurer que les institutions de notre vieille République restent suffisamment solides pour maintenir les digues empêchant leur généralisation, c’est ce qu’on appelle l’Etat de droit, notion tellement contestée par les extrêmes du moment qui privilégient le populisme. Cela reste le cas pour le moment. Mais les barrières contre l’abrutissement des masses restent fragiles et doivent être constamment consolidées.

    Et, pour revenir au sujet des élections législatives françaises, le mieux est de laisser les électeurs se prononcer en leurs âmes et consciences et ils auront ce pour quoi ils voteront, les extrêmes, le centre ou la chienlit.

  • « Paris brûle-t-il ? – Quand le cinéma réinvente la Libération » au musée de la Libération de Paris

    « Paris brûle-t-il ? – Quand le cinéma réinvente la Libération » au musée de la Libération de Paris

    1964 le livre « Paris brûle-t-il ? » est publié par le célèbre duo d’écrivains franco-américains Dominique Lapierre et Larry Collins. Le livre est inspiré de la libération de Paris qui eut lieu vingt ans auparavant. Un peu récit, un peu roman, il retrace les grands faits qui ont rendu cet évènement possible. Le titre repose sur la question qu’aurait posé Hitler au Gal von Choltitz, commandant militaire de la place en ce mois d’août 1944 après lui avoir donné l’ordre de détruire la ville plutôt que de la livrer intacte aux alliés. Le livre et le film présentent Choltitz comme celui qui n’a pas appliqué les instructions de son chef et aurait ainsi « sauvé » Paris de la destruction. Les historiens ont montré depuis que nombre d’ouvrages avaient été minés et que si l’ordre d’allumer les mèches n’avait pas été donné c’était plus en raison des circonstances, l’insurrection de Paris était lancée, que de la bonté d’âme du général.

    Le film est réalisé par René Clément deux années après la publication du livre sous forme d’une superproduction hollywoodienne ressemblant par certains aspects au film « Le jour le plus long », film américain légendaire sorti en 1962 sur le sujet du débarquement du 6 juin 1944.

    L’exposition revient sur les circonstances de tournage du film et particulièrement les interférences de celui-ci avec la politique. Nous sommes en 1966, 22 ans après la Libération, nombre des acteurs de cette époque sont encore vivants et le Parti communiste français (PCF) est très puissant. Chacun veut s’assurer que le film va présenter une image positive de sa participation aux évènements. Le choix des acteurs est fait généralement en accord avec les personnages réels, ou leur famille lorsqu’il ne sont plus vivants : Bruno Crémer pour le Colonel Rol-Tanguy, Alain Delon pour Chaban-Delmas, Claude Rich pour le maréchal Leclerc. Les acteurs jouant Hitler et Choltiz sont stupéfiants de réalisme. Des interviews de certains d’entre eux sont montrées sur des écrans, et parfois même aussi leurs rencontres avec les personnes qu’ils interprètent.

    L’exposition revient de façon très intéressante sur les choix de réalisation qui ont amené à enjoliver certaines actions, en censurer d’autres, pour rester « politiquement correct ». Le PCF semble avoir été particulièrement attentif à la manière dont fut représenté son rôle dans la Libération de Paris. Le colonel Rol-Tanguy, militant communiste, chef des Forces françaises libre (FFI) de Paris en août 1944, membre du comité central du parti à l’époque du tournage, est même délégué par celui-ci auprès du réalisateur en une sorte de « conseiller mémoire » chargé de veiller aux intérêts du PCF dans le film.

    Des images d’époque ont très directement inspiré certaines scènes du film et le musée présente des montages du réel et de la fiction. Certaines autres archives n’ont pas été utilisées, sciemment, pour ne pas nuire à l’image de la résistance : celles des femmes tondues ou des actes de vengeances exercées contre des soldats allemands prisonniers. Des courriers d’époque montrent combien producteur, réalisateur et acteurs ont été sensibles aux aspects politiques de la représentation de la Libération dans leur film, au risque de prendre quelques libertés avec la réalité.

    Figure aussi une lettre de Maurice Papon, alors préfet de police de Paris, au réalisateur sur des considérations d’occupation de l’espace public durant le tournage, c’était avant qu’il ne devienne ministre sous la présidence Giscard d’Estaing en 1978, puis qu’il soit condamné en 1998 pour complicité de crimes contre l’humanité pour son implication dans la déportation de juifs durant la seconde guerre mondiale alors qu’il était secrétaire général de la préfecture de la Gironde. Son procès retentissant a mis à jour toutes les ambiguïtés du personnage qui fut également en contact avec les réseaux de résistance à la fin de la guerre. Il bénéficia d’ailleurs de nombreux témoignages en sa faveur durant son procès. Il rentrait dans la catégorie des « vichysto-résistants ». Il n’évita pas la condamnation à 10 ans de prison mais fut libéré au bout de trois ans, pour « raisons médicales » et décéda en 2002.

    La vie et le procès de Papon démontrent combien la vraie vie peut être trouble et ses fils difficiles à démêler. Le film « Paris brûle-t-il ? » a opté quant à lui pour une vision manichéenne de l’histoire, c’est ce qui fait le défaut principal de cette épopée et l’intérêt de cette exposition qui rétablit la réalité de façon intelligente.

    Lire aussi : Musée de la Libération de Paris – musée du général Leclerc – musée Jean Moulin

  • « Chopin au Jardin – 2024 » au Parc Montsouris (Aleksandra Bobrowska, piano)

    « Chopin au Jardin – 2024 » au Parc Montsouris (Aleksandra Bobrowska, piano)

    Les villes de Varsovie et de Paris s’unissent chaque veille d’été pour organiser un festival Chopin sous le kiosque du parc Montsouris. C’est le quinzième anniversaire cette année, chaque dimanche après-midi du mois de juin se succèdent des pianistes, généralement polonais si l’on en juge par leurs noms pleins de consonnes. Aujourd’hui c’est Aleksandra Bobrowska qui se produit sur un piano à queue abrité des intempéries sous l’abri. A défaut d’acoustique appropriée de ce lieu en plein air, l’instrument est légèrement sonorisé pour que les spectateurs dispersés autour du kiosque soient dans les meilleures conditions possibles. Le résultat est techniquement parfait. Et il est artistiquement époustouflant. La musique de Chopin se prête magnifiquement à cet environnement champêtre et guilleret. Les cris des enfants qui jouent au manège pas loin et ceux des perruches vertes qui volètent entre les arbres au-dessus s’accordent bien avec l’atmosphère joyeuse et le déluge de notes. Valses et mazurkas jouées de mains de maître nous emportent bien loin dans toute la profusion et la légèreté de cette musique et nous font oublier les quelques gouttes de pluie qui font sortir les parapluies des spectateurs.

    CHOPIN au jardin, Aleksandra BOBROWSKA (16/06/2024)

    Programme

    Contredanse en sol bémol majeur, op. posthume

    Galop en la bémol majeur, op. posthume (Galop Marquis)

    Trois écossaises, op. 72 n° 3

    Polonaise en la majeur, op. 40 n° 1 (Militaire)

    Valse en la mineur, op. posthume

    Valse en mi mineur, op. posthume

    Valse en do dièse mineur, op. 64 n° 2

    Valse en ré bémol majeur, op. 64 n° 1 (Minute)

    Grande Valse brillante en mi bémol majeur, op. 18

    Polonaise en ré mineur, op. 71 n° 1

    Mazurka en si bémol majeur, op. 7 n° 1

    Mazurka en la mineur, op. 17 n° 4

    Mazurka en do majeur, op. 24 n° 2

    Mazurka en ré majeur, op. 33 n° 3

    Mazurka en do dièse mineur, op. 63 n° 3

    Polonaise en la bémol majeur, op. 53 (Héroïque)

  • Le programme du « Nouveau Front Populaire »

    Le programme du « Nouveau Front Populaire »

    Alors que le « Nouveau Front Populaire » (NFP), alliance multipolaire réunissant la gauche radicale propalestinienne (LFI), le parti socialiste (PS) ou le nouveau parti anticapitaliste (NPA), le ministre des finances Bruno Le Maire s’égosille dans les médias sur le caractère « marxiste » de ce programme. A première lecture il est vrai qu’il ne semble pas vraiment inspiré par les Chicago boys ou autres penseurs du libéralisme. Mais comment s’en étonner quand on connaît les idées de ses rédacteurs, des concepts qui sont d’ailleurs parfaitement publics et affichés depuis des années par les partis membres de cette coalition.

    Oui ce programme est marxiste et n’est pas sans rappeler celui mis en place en 1981 sous l’égide du président socialiste Mitterrand. Rappelons simplement au plus jeunes que le programme de 1981 a tourné court au bout de deux ans quand il n’y eut plus de sous dans la caisse. Le PS de l’époque s’est ensuite converti aux vertus du libéralisme mais il lui a fallu d’abord passer par le test en grandeur réelle de l’économie « marxiste ». Son successeur, le PS d’aujourd’hui se souvient sans doute de la leçon mais il lutte pour sa survie après le score de sa candidate aux dernières élections présidentielles, Anne Hidalgo, qui a rassemblé seulement 1,7% des suffrages… Pour conserver un nombre minimum de députés élus, le PS est obligé de s’allier avec le loup qui pourrait le dévorer.

    En attendant ce programme sera appliqué si une majorité est donnée par les électeurs au NFP.

  • Angus & Julia Stone – 2024/06/15 – Le Grand Rex

    Angus & Julia Stone – 2024/06/15 – Le Grand Rex

    La sympathique fratrie australienne folk Angus & Julia Stone revient avec un nouvel album : Cape Forestier, et une tournée mondiale qui passe ce soir par le Grand Rex.

    Un grand tapis est installé au centre de la scène, pointe vers le public, sur lequel se répartissent les musiciens, tous assis sur des chaises de bistrot. Des lampes et lampadaires sont réparties de-ci de-là, la scène est surmontée par d’autres luminaires multicolores. On se croirait dans le salon d’une maison de bucheron du bush australien, il ne manque que le feu de cheminée. Julia est vêtue d’une longue robe dans les verts, recouverte d’un voile vaporeux. Angus a réduit son système pileux, cheveux et barbe, qu’il affichait plutôt fourni lors des tournées précédentes. Leur guitariste reste dans la totale coolitude, queue de cheval et chapeau de cow-boy, alternant la guitare avec la slide guitare, en passant par le banjo, avec nonchalance. Ses quelques solos discrets sont la marque d’un vrai talent. La bassiste vient d’Auckland, la batteuse est de Sidney, elles assurent aussi les chœurs.

    Angus & Julia Stone (tounée 2024)

    Leur nouveau disque est inspiré par les grands espaces, ceux de l’océan, mais aussi ceux des sentiments et de l’introspection. Il a été écrit et enregistré dans le studio de Sugarcane Moutains, installé dans le manoir d’Angus à Murwillumbah sur la côte est de l’Australie. Les photos du lieu parsèment le livret du CD et donnent une idée de l’atmosphère feutrée des compositions. D’autres chansons furent écrites au hasard des chambres d’hôtel fréquentées lors de leurs tournées. Comme toujours, ils autoproduisent leur musique qui est donc réellement issue de leur créativité qui assemble simplicité et élégance. Sur leur site web ils écrivent :

    Cape Forestier, our latest record, holds a really special place in our hearts – a chapter in the ever-unfolding book about the road we’re traveling together.

    It feels reminiscent of our earlier records in terms of style; there’s a real acoustic rawness to the sound. However, the songwriting and performances are naturally tied to the humans we are right now, with all the branches of experience hanging in there. We couldn’t be more excited to share this music. It’s been an incredible experience writing and recording these songs together.

    Le concert commence avec cette longue mélopée, Santa Monica Dream, extraite de leur premier album, chantée en duo sur des notes de guitare toutes simples. La voix de Julia est accompagnée en sourdine par Angus, merveilleux duo fraternel. Il est question de souvenirs enfantins, de ceux que l’on traîne toute une vie, de choses qui furent et d’êtres que l’on aimât, que l’on trompa, que l’on quitta mais qui restent vivaces au plus profond de nos mémoires.

    You tell me stories of the sea
    And the ones you left behind
    Goodbye to the roses on your street
    Goodbye to the paintings on your wall
    Goodbye to the children we’ll never meet
    And the ones we left behind

    Le ton est donné avec cette ballade mélancolique sortie en 2010, comme pour rappeler l’inspiration originelle du groupe malgré quelques incursions plus électriques et rythmées au cours des albums. Losing You est le premier extrait de leur dernier disque. Encore une histoire de fuite et de séparation, de regrets et de poursuite. Down to the Sea est le single de ce CD, posé sur une rythmique douce et entraînante. Cape Forestier interroge à nouveau sur nos origines et nos destinations, un joli solo de guitare électrique nous montre la voie vers un destin apaisant.

    Julia délaisse sa guitare de temps en temps pour jouer d’un petit clavier posé sur un guéridon, ou elle s’empare d’une trompette de la main droite sans lâcher sa guitare de la gauche. Elle demande l’aide des spectateurs pour une reprise de la chanson de Joe Dassin Aux Champs-Elysées et fait revenir Solann qui a assuré la première partie pour l’interpréter en sa compagnie. Ce fut difficile nous dit-elle, d’apprendre ce texte en français, elle apprécie d’autant plus le partage avec le public parisien qui le lui rend bien. Derrière un look d’éleveur de l’Outback en gros godillots Angus affiche sa grande finesse. Il a un toucher de cordes très singulier, sa main droite les effleurant en restant à plat. Sa voix se perd un peu dans le lointain lorsqu’il s’éloigne du micro en accompagnant sa sœur.

    Avant Wedding Song, Julia raconte que, lorsqu’ils étaient enfants, elle et Angus écoutaient leurs parents qui leur ont enseigné la musique, classique et folk, et qui chantaient dans des groupes de reprises pour des mariages ou autres cérémonies où ils jouaient les Beach Boys, Dylan, Neil Young… Et justement, Wedding Song a été écrite par Angus à cette époque, lorsqu’il avait 15 ans, puis ressortie des cartons pour le disque de 2024.

    Le show se termine sur le très beau Big Jet Plane qui nous ramène au point de départ, celui de l’album Down the Way.

    Le rappel est une reprise de Neil Young, Harvest Moon, l’un des inspirateurs du duo. Elle est jouée par tous les musiciens du groupe réunis, debout, sur le bord de la scène. Une merveilleuse chanson d’amour dédiée aux rêveurs :

    Come a little bit closer, hear what I have to say
    Just like children sleeping, we could dream this night away
    But there’s a full moon rising, let’s go dancing in the night
    We know where the music’s playing, let’s go out and feel the night

    Leurs deux voix si joliment posées font penser à des duos célèbres comme celui de Simon & Garfunkel ou aux harmonies vocales produites par les Beach Boys. Angus et Julia ont parfois tourné séparément mais c’est ensemble qu’ils réussissent cette fusion magique de leurs voix légères, éthérées, profondes, souvent à la limite de la brisure.

    Angus & Julia Stone (Sugarcane Mountains studio)

    Le Grand Rex fond sous le charme de ce duo si séduisant dont la musique coule de source comme une évidence pleine de douceur. Julia rend un hommage appuyé à son petit frère et on ne peut s’empêcher de penser au caractère légèrement incestueux de cette fratrie qui coécrit des chansons d’amour et de rupture, les met en musique et les interprète ensemble sur les scènes du monde. C’est leur histoire à deux qui est aussi à l’origine de cette musique, c’est leur complicité qui permet cette interprétation si touchante.

    Setlist : Santa Monica Dream/ Losing You/ Yellow Brick Road/ Nothing Else/ Just a Boy/ Flowers (Miley Cyrus cover)/ Draw Your Swords/ Down to the Sea/ Private Lawns/ Cape Forestier/ Wherever You Are/ Bella/ Les Champs-Élysées (Joe Dassin cover) (with Solann)/ The Wedding Song/ Love Song/ For You/ Chateau/ Big Jet Plane

    Encore : Harvest Moon (Neil Young cover)

    Warmup: Solann

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    https://leclaireur.fnac.com/article/cp63834-rencontre-avec-angus-julia-stone-on-ressent-le-besoin-de-refaire-de-la-musique-ensemble

  • PHILBY Kim, ‘Ma guerre silencieuse’.

    PHILBY Kim, ‘Ma guerre silencieuse’.

    Sortie : 1968, Chez : Nouveau Monde (2024).

    Kim Philby (1912-1988) a fait partie du célèbre « groupe des 5 de Cambridge », recrutés dans les années 1930 par les services secrets soviétiques comme agents doubles pour trahir la Couronne Britannique. Ils ont réussi à rester invisibles des services de contre-espionnage pendant des décennies. Pire, Philby exerça des fonctions importantes au sein des services secrets britanniques jusqu’à ce qu’il démissionne en 1954 devant les soupçons qui s’accumulaient contre lui. A la veille d’être finalement démasqué, il fuit en URSS où il retrouve 2 du groupe des 5 (Burgess et McLean) qui l’ont précédé. Il y poursuit sa « carrière » comme agent du KGB, l’espionnage soviétique, sans jamais manifester le moindre regret au sujet de sa trahison et avant de décéder à Moscou en 1988.

    Ses mémoires ne sont pas très révélatrices de ses motivations et donnent l’impression de beaucoup d’autocensure. Il n’en dit guère plus sur la matérialité de ses trahisons ni sur les moyens utilisés pour transmettre les informations à ses agents traitants du KGB. On sut par la suite qu’il révélât des secrets importants aux Soviétiques et causa des dommages significatifs aux services occidentaux, sans parler de la vie des agents qu’il dénonça. Il parle dans ce livre de l’organisation des services secrets britanniques durant la guerre et après celle-ci, de la collaboration avec FBI et CIA lorsqu’il fut envoyé en poste à Washington en 1950. Par contre il détaille un peu plus la montée des soupçons contre lui, son rappel à Londres et les interrogatoires serrés qu’il y subit. Mais il écrit surtout par allusions sans trop préciser ce qu’il fit ni comment on le lui reprocha.

    La trahison puis la fuite en URSS des 3 de Cambridge, en pleine guerre froide, provoqua à l’époque un scandale considérable en Occident. L’histoire confirma ensuite que ce groupe d’agents doubles avait agit par pure conviction communiste. On aurait aimé en savoir un peu plus par la plume de Philby mais il est quasiment muet sur ce sujet.

    « Nous trahissons pour rester loyaux » leur fait dire John Le Carré dans un de ses célèbres romans d’espionnage directement inspiré de la vie de Kim Philby.

  • MERVIN Yves, ‘Joli mois de mai 1944 – La face cachée de la Résistance en Bretagne’.

    MERVIN Yves, ‘Joli mois de mai 1944 – La face cachée de la Résistance en Bretagne’.

    Sortie : 2013.

    C’est un livre sur la résistance en Bretagne durant la seconde guerre mondiale qui a créé une polémique dans cette région à sa sortie. L’auteur raconte principalement les conflits internes qui ont vu s’affronter les FTP (Francs-tireurs et partisans), issus du parti communiste, et les FFI (Forces françaises de l’intérieur) d’inspiration plutôt gaulliste. L’auteur, manifestement anti-communiste, rappelle pour commencer la compromission de l’URSS, et donc des partis communistes affiliés dont le PCF (Parti communiste français), avec l’Allemagne nazi via le pacte germano-soviétique signé entre Ribbentrop et Molotov en 1939 avant qu’Hitler ne décide d’envahir l’URSS en juin 1941.

    Ces changements de cap n’ont pas toujours été faciles à suivre dans les campagnes bretonnes sous occupation allemande. Ceci ajouté aux tendances criminelles de certains individus plus préoccupés de piller ou de régler leurs comptes villageois que de défendre la patrie, permet à l’auteur de clôre son ouvrage par une conclusion lapidaire qui a créé un peu d’émotion, on le comprend.

    Le nombre de Bretons tués par la résistance […] serait au moins trois fois plus élevé que les Allemands disparus dans les combats. Cette proportion interpelle. Elle démontre que la Seconde guerre mondiale a été, en Bretagne, une guerre civile avant d’être une guerre de libération et que la résistance a été plus dangereuse pour les Bretons que pour les Allemands.

    La résistance communiste, en Bretagne comme ailleurs, suivait les instructions du Parti avec pour objectif de prendre le pouvoir au sortir de la guerre, ce que le Général de Gaulle réussit à empêcher, mais ce qui créa nombre de malentendus, parfois sanglants, sur le terrain et dans les états-majors. Il n’est pas sûr que les dérives décrites soient particulières à la Bretagne.

    Le livre est une longue narration de petits évènements documentés par M. Mervin qui a manifestement fait des recherches poussées dans les archives encore disponibles sur cette période trouble. Il évoque également le cas du nationalisme breton qui aurait pactisé avec l’occupant par rejet du centralisme français. Aujourd’hui encore bruissent des rumeurs et des menaces dans les villages bretons qui abritent les descendants des acteurs de cette époque.

    La ligne choisie pour ce livre manque un peu de hauteur, d’une vue d’ensemble qui permette de mieux appréhender les enjeux de la résistance bretonne. C’est aussi la raison pour laquelle il a été si fortement contesté à sa sortie en 2013.

  • Le chaos politique de la dissolution sera-t-il salvateur ?

    Le chaos politique de la dissolution sera-t-il salvateur ?

    La décision présidentielle prise dimanche dernier de dissoudre l’assemblée nationale à la suite du score de plus de 35% de la droite dure (le terme extrême-droite est devenu politiquement incorrect) a semé en France un chaos politique de première catégorie dont seuls les plus optimistes espèrent un sursaut salvateur. Il faut dire que c’est un peu l’objet de cette mesure constitutionnelle de la dissolution : secouer le cocotier et remettre les électeurs en mesure d’exprimer leurs choix électoraux partant du constat, réaliste en l’espèce, qu’ils ont perdu confiance dans le régime en place.

    Techniquement la France est à l’arrêt pour six mois. L’assemblée nationale est fermée jusqu’au 8 juillet, tous les projets et propositions de loi qui étaient en discussion parlementaires sont gelés (les lois sur la fin de vie, sur l’audiovisuel public, sur le financement des industries de défense… notamment). L’organisation des jeux olympiques et paralympiques Paris-2024 qui doivent se dérouler du 24 juillet au 8 septembre le seront dans un pays en plein psychodrame politique, gage d’une efficacité qui va être plus difficile à garantir. L’arrivée de la discussion budgétaire en septembre prochain, alors que les finances publiques sont hors de contrôle, va immanquablement être perturbée par cette dissolution, sauf dans le cas improbable où le camp présidentiel récupèrerait une majorité absolue à l’issue de ce scrutin imprévu. Sans parler du coût pour les contribuables qui vont devoir financer campagne et élection.

    Les membres du parti Les Républicains s’entre-déchirent entre leur président, Éric Ciotti, qui veut se rapprocher du Rassemblement National quand les vieilles ganaches du parti excluent un tel rapprochement au nom de « leurs valeurs ». La « destitution » contestée du président Ciotti a créé un imbroglio juridique digne de celui apparu en 2012 entre MM. Copé et Fillon. Toutes les tendances de la gauche sont en train de tenter de se réunir sous une bannière commune nouvellement intitulée « Front Populaire » dont les futures réunions risquent d’être animées tant certains sujets sont conflictuels entre les participants, de LFI au PS en passant par la NPA…

    Quelles que soient les convictions politiques de chacun, on peut raisonnablement constater quà ce jour les haines des différentes parties de la gauche ne les empêchent pas de se former une union, au moins de façade, qui sera sans doute aussi éphémère que celle de la Nupes (Nouvelle Union populaire écologique et sociale ), pour présenter des candidatures communes alors que la droite n’arrive pas à dominer ses propres haines internes. Il peut couler encore beaucoup d’eau sous les ponts d’ici le premier tour des élections dans deux semaines.

    Le bal des traîtres a par ailleurs été relancé. Marion Maréchal qui avait quitté le Rassemblement National pour rejoindre le parti d’Éric Zemmour en 2022 est en train de faire le trajet inverse. Zemmour, son président, la qualifie de « traître ».

    Xavier Bertrand qui avait quitté Les Républicains pour faire cavalier seul à l’élection présidentielle de 2017, avant de réintégrer piteusement ce parti pour participer à sa primaire désignant son candidat pour la présidentielle 2023 ; Rachida Dati qui a été exclue de LR en 2024 pour intégrer le gouvernement Attal ; ces deux personnages se retrouvent pour abominer Ciotti le traitant également de « traître ». L’hôpital qui se moque de la charité…

    Cette dissolution peut potentiellement amener une cohabitation entre le président Macron et un premier-ministre de droite dure, Jordan Bardella est déjà dans les starting-blocks, ou de gauche où les candidats sont nombreux : Jean-Luc Mélanchon, François Ruffin notamment qui n’ont pas brillé jusqu’ici par leur modération. Autre hypothèse, la France n’élit pas de majorité absolue et elle reste difficilement gouvernable, dernier cas, comme après la dissolution prononcée par MonGénéral en 1968, un raz de marée de la majorité présidentielle entre à l’assemblée et le problème est réglé pour quelques temps.

    Quoi qu’il en soit, ce sera le choix des électeurs qui, en principe, devrait être respecté. Le président Macron a voulu « clarifier » la situation politique française. Le résultat est incertain, pas sûr que ses nuits soient très paisibles d’ici le 7 juillet…

  • La culpabilité en bandoulière des « bobos »

    La culpabilité en bandoulière des « bobos »

    Dans les dîners en ville certains participants issus du haut de la classe moyenne, c’est-à-dire celle qui a pu accumuler un capital immobilier, voire aussi financier, au cours de sa vie professionnelle, souvent agrémenté de quelques biens hérités (c’est-à-dire qu’ils se sont « enrichis » mais l’adjectif est dur à assumer), se lamentent sur « l’inégalité » générée par le capitaliste. Il s’agit en gros de la catégorie dîtes des « bobos » (bourgeois-bohème) qui a le cœur à gauche et s’émeut à juste titre de la « pauvreté » que le système n’a pas réussi à endiguer, voire, a renforcé. 

    Libéralisme vs. étatisme

    Les choix socio-économiques de l’Occident depuis plusieurs décennies le portent globalement vers le « libéralisme » même si certains régimes choisissent en parallèle des options sociétales plus autoritaires comme actuellement la Hongrie, ou la Pologne lorsqu’elle était gouvernée il y a encore quelques mois par le PiS (Parti Droit et Justice), ou plus ou moins protectrice comme les pays latins versus leurs homologues anglo-saxons. Mais tous sont basés sur la liberté d’entreprendre, de faire du profit et le devoir de payer des impôts à l’Etat pour faire vivre la collectivité, chaque composante étant encadrée par la loi dans des proportions propres à chaque pays.

    En France, ce système dit « libéral » est loin de l’être intégralement dans ce pays où 57% du produit intérieur brut relève de la dépense publique, c’est-à-dire que l’Etat préleve dans la poche des uns pour redistribuer aux autres. Le taux de la redistribution faîte par l’Etat français est l’un des plus élevés dans le monde « libéral ». Mais il n’empêche pas bien sûr les rémunérations et enrichissements indécents de certains, se chiffrant en plusieurs dizaines de millions d’euros par an, ce qui renforce le sentiment d’injustice ressenti par les classes moyennes, même celles qui ont prospéré grâce au système contesté. Alors elles pointent sur le sort peu enviable des plus pauvres et prônent « plus de justice » sans aller beaucoup plus loin dans la proposition de solutions, oubliant tous ceux dont la situation a été améliorée par l’économie libérale, sans être des « ultra-riches », et que l’on entend fort peu.

    En réalité les offres politiques existent en France, susceptibles de satisfaire toutes les opinions, y compris les plus extrêmes auxquelles la majorité des électeurs n’arrive pas (encore) à se résoudre, même si elle s’en rapproche. Un changement total de système, évoluant vers plus d’étatisme est proposé par La France insoumise et les partis politiques qui s’y rallient. Une version plus sociale du capitalisme est affichée par ce qu’il reste du Parti Socialiste et du centre-gauche, qui entraînerait probablement une hausse des impôts, et pas que pour les ultra-riches. La droite dure qui a aujourd’hui le vent en poupe prône le retour à l’autorité, notamment dans la lutte contre l’immigration illégale, et affiche un programme économique plutôt flou comportant nombre de mesures que pourraient endosser les partis « progressistes ». Et puis il y a la majorité actuelle que l’on peut qualifier de « centre droit » qui croit au système économique libéral tout en cherchant à en adoucir les aspects les plus rugueux via les dépenses publiques financées aujourd’hui par la dette publique dont le remboursement pèsera sur nos enfants, mais sans réussir à ce stade à convaincre.

    Augmenter les impôts… « des autres »

    On peut voir ci-dessous dans les quelques extraits des tracts électoraux présentés par les principaux partis pour les élections européenne du 9 juin, qu’il y en a pour tous les goûts, toutes les aspirations et toutes les philosophies. Il y a ceux qui dépensent, ceux qui défendent la liberté, ceux qui transitionnent écologiquement, ceux qui taxent, ceux qui augmentent les salaires, ceux qui renversent le capitalisme, ceux qui soutiennent les Palestiniens, les Ukrainiens ou ceux qui décarbonent.

    S’agglomèrent dans ce gloubi-boulga idéologique le vieux débat sur l’efficacité du marché versus celle de l’Etat, mâtiné du parfum de marxisme qui a baigné des générations d’intellectuels germanopratins et continue à infuser une partie de la pensée socio-économique française et le résultat de 2000 ans d’éducation judéo-chrétienne qui génèrent un rejet plus ou moins conscient de l’argent et de la réussite.

    Il n’y a malheureusement aujourd’hui aucune offre politique qui augmente les dépenses sociales pour absorber la pauvreté et baissent les impôts pour favoriser le développement socio-économique tout en continuant d’accroître le patrimoine des classes moyennes supérieures. Il faudra choisir la proposition que chacun considère la moins mauvaise pour l’intérêt général. Chacun le fera en conscience dans l’isoloir, pour ceux qui consentent encore à aller voter…

    Choisir son camp

    Alors certains de leurs représentants portent leur culpabilité en bandoulière, travaillés par le remord de se retrouver à la tête d’un patrimoine supérieur à la valeur de celui qu’ils avaient en démarrant leur vie professionnelle. Ils cherchent une solution pour améliorer la situation des plus précaires tout en prônant les augmentations d’impôts pour les « plus riches », c’est-à-dire pas pour eux. C’est généreux mais souvent mission délicate au succès non garantie comme l’a montré l’histoire française contemporaine. Les deux tours des élections législatives annoncés pour les 30 juin et 7 juillet vont pousser les citoyens-électeurs en présence à choisir leur camp et voter en conscience pour le système qui leur paraît le plus à même de régler leurs états d’âme. Le plus probable est qu’il ne se dégagera pas de choix net et définitif et qu’il faudra bien compromettre et transiger. Personne ne sera content et la France poursuivra cahin-caha son décrochage régulier vers le rabougrissement. Ou alors peut-être les électeurs se décideront pour un « grand soir », soit de gauche, soit de droite, qui risque aussi de réserver quelques surprises pour tous.

    C’est « grandeur et décadence » de la démocratie », libérale ou « illibérale », qui donne la capacité à ses citoyens de choisir ce qu’ils veulent, mais aussi le devoir d’assumer la responsabilité de leurs choix ! La lecture des programmes sur lesquels s’appuieront les candidats aux élections législatives permettra d’en savoir plus sur les projets concoctés par les partis politiques en pleine agitation programmatique.

    Quelques extraits des tracts électoraux pour les élections européennes

    Rassemblement national > 31,37%

    • Votre pouvoir d’achat par la baisse des factures d’électricité et le refus de tout impôt européen.
    • Le patriotisme économique par la priorité aux entreprises française dans la commande publique.

    Majorité présidentielle (Renaissance et divers petits partis de centre droit) > 14,40%

    • « … réarmer notre continent, le réindustrialiser, décarboner nos économies et défendre avec force nos valeurs et notre modèle européen, fondé sur la justice sociale et fiscale, le respect des droits humains, la liberté et la laïcité » (signé : Valérie Hayer)

    Place publique / Le Parti socialiste > 13,83%

    • Créer un fonds souverain européen investissant 200 milliards par an dans les industries de la transition écologique et dans la révolution énergétique.
    • Financer cette grande bifurcation écologique de nos économies et de nos sociétés en taxant les superprofits des multinationales et des plus grandes fortunes européennes.

    La France Insoumise > 9,89%

    • Abroger les règles d’austérité qui détruisent les services publics.
    • Taxer les super-profits des entreprises et créer un impôt sur la fortune européen.
    • Mettre en place une allocation d’autonomie contre la détresse de la jeunesse.

    Les Républicains > 7,25%

    • Diminuer les impôts et les charges… pour augmenter les salaires.
    • Réduire les droits de succession et faciliter les donations jusqu’à 1 million d’euros.
    • Refuser les impôts européens voulus par Emmanuel Macron.

    Gauche Unie (Parti communiste et divers petits partis de gauche) > 2,36%

    • PROTEGEONS LES TRAVAILLEURS : Augmenter les salaires et les retraites en refusant le dumping social et les politiques d’austérité. Refuser l’élargissement de l’UE.
    • BAISSONS LES FACTURES : Diviser par deux les factures d’énergie en sortant du marché européen de l’électricité. Baisser la TVA sur l’essence.

    Pour mémoire citons également la liste du NPA (Nouveau parti anticapitaliste – révolutionnaires) :

    NPA > 0,15%

    • Renverser le capitalisme pour sauver la planète et en finir avec les oppressions.
    • Le capitalisme, c’est la guerre : nos vies valent mieux que leurs profits.

    Lire aussi : Le crépuscule des bobos, l’envol des ploucs !

  • Panique et faux-jettonerie

    Panique et faux-jettonerie

    La décision du président Macron de dissoudre l’assemblée nationale le 9 juin au soir suite à la victoire des partis de droite très conservateurs (Rassemblement National [RN] et Reconquête !) qui ont obtenu 37% des suffrages, les députés des partis minoritaires s’égayent dans la nature pour tenter de sauver leurs postes, tel un troupeau de gnous assoiffés à la recherche d’un point d’eau dans le cratère du Ngorongoro en saison sèche.

    Salch / Charlie Hebdo (24/05/2023)

    A droite, le chef du parti Les Républicains (LR), Eric Ciotti, a annoncé aujourd’hui vouloir faire alliance avec le RN afin de préserver le (faible) nombre de ses députés sortants qui risqueraient sinon de se retrouver face à des candidats RN, et pas forcément en position favorable. Aussitôt les caciques républicains ont poussé des cris d’orfraie toute la journée, jurant que « les valeurs » du parti empêchaient une telle alliance, que Ciotti était déloyal et menteur, qu’il devait démissionner, que « MonGénéral » et Jacques Chirac devaient se retourner dans leurs tombes et bla-bla-bla, et bla-bla-bla.

    En réalité tous ces élus LR ne font que critiquer la majorité présidentielle depuis 2022 (voire même depuis 2017), refuser de voter ses projets de loi, la menacer de motion de censure, voter certaines présentées par d’autres partis, brailler pour réclamer la démission du président, la dissolution de l’assemblée nationale, bref, s’opposer systématiquement à la politique actuelle alors que nombre des réformes sur la table sont largement compatibles avec la philosophie LR. Alors à force de s’opposer et de vouloir faire tomber le chef de l’Etat ils y sont presque arrivés mais entre-temps leurs électeurs sont allés voir du côté du RN et il ne va pas être facile de les faire revenir au bercail. L’alliance proposée par M. Ciotti semble cohérente, les opposants compulsifs à M. Macron cherchent à s’unir, leur haine à l’encontre du régime actuel est plus forte que ce qui les divise. Les vieux caciques se répandent dans les médias pour en appeler à l’histoire de leur parti et s’égosiller devant la décision du président de leur « famille politique » de se rapprocher du RN. Le mieux aurait été d’y penser un peu plus tôt pour être les acteurs d’une opposition intelligente en s’associant au moins aux projets qui allaient dans le sens de leur programme. Ils ont aujourd’hui le résultat de leur comportement politique stupide de ces dernières années.

    Certes, le président Macron est horripilant, s’écoute parler, a sans doute une haute idée de sa personne, a mal géré les finances publiques mais, à la fin de la journée il fait avancer les sujets propres à une démocratie protectrice dont 57% des dépenses sont publiques. Des sujets que la droite de gouvernement aurait dû partager très largement si elle avait mis de côté ses frustrations d’égo par suite des élections perdues. Il en a été différemment.

    Kiro / Le Canard Enchaïné (11/10/2023)

    A gauche la course aux alliances bat son plein et un Front Populaire est mis en place basé sur la forte composante propalestinienne de La France insoumise (LFI). La encore il s’agit de sauver les têtes des députés en évitant les faces-à-faces mortifères devant les électeurs dans les circonscriptions. Comme pour l’opposition de droite, on verra les programmes plus tard…

    Il reste la majorité actuelle qui fleure bon le centre droit qui devrait complaire à la majorité des électeurs si ce n’était cette détestation que le président provoque autour de lui. Tout ceci tourne un peu au chaos mais pouvait-il en être autrement au vu du comportement de nos élus ces dernières années ?

  • Temps agité pour les vieilles ganaches LR

    Temps agité pour les vieilles ganaches LR

    Il y a du bon et du mauvais pour la liste du parti Les Républicains présentée aux élections européennes ce 9 juin.  On se souvient que ce vieux parti n’avait pas réussi à rajeunir ses candidats en se sentant obligé de présenter Nadine Morano (60 ans) et Brice Hortefeux (65 ans) en 5e et 6e place. Le couperet est tombé entre les deux, Morano a été élue, pas Hortefeux qui peut maintenant prendre une retraite politique bien méritée.

    Lire aussi : Les vielles ganaches de LR s’accrochent au pouvoir

    En quoi le maintien de ces deux candidats sur la liste LR, tout sauf visionnaires politiques et encore moins glamours, peut expliquer le maigre résultat de LR de 7,25% ce 9 juin ? On ne le sait évidemment pas mais on peut penser que le renouvellement de la classe politique ne pourrait sans doute que motiver l’électeur à se prononcer en faveur de telles listes.

    Nadine Morano dans nos colonnes

  • Des journalistes aux petits pieds

    Des journalistes aux petits pieds

    Natacha Polony qui tient une place de choix dans le bal des pleureuses de la corporation journalistique, critiquant tout et son contraire, en permanence et à tout bout de champ, dans la politique suivie par l’Etat est une nouvelle fois prise en flagrant délit caractérisé de mauvaise foi. Elle appelle depuis des mois à « redonner la parole au Peuple » via des élections et, ce soir, alors que le président de la République annonce la dissolution de l’assemblée nationale, elle critique cette décision comme « contraire à l’esprit de la constitution de la Ve République » et déclenchée par la volonté du président de manipuler les partis politiques en semant le chaos en leur sein.

    Même ses collègues plumitifs lui ont fait remarquer ce soudain et fort peu compréhensible retournement de veste ce soir sur les plateaux télévisés tant il est flagrant. Mme. Polony, sous son joli minois, a l’habitude de noyer ses interlocuteurs sous un déluge de mots. Ses raisonnements sont souvent alambiqués, pour masquer leur légèreté. Ses critiques à l’encontre du pouvoir en place sont permanentes et un peu désespérantes tant elles sont récurrentes. Rien ne satisfait cette journaliste dont le fonds de commerce repose sur l’accusation systématique.

    Dans l’hebdomadaire Marianne dont elle est directrice de la publication elle a titré hier soir :

    Pas la moindre cohérence autre que tacticienne à la dissolution annoncée par Macron.

    Natacha Polony (Marianne du 10/06/2024)

    La dissolution, elle était pour mais du moment qu’elle a été décidée par le président Macron c’était donc une mauvaise décision. Après avoir usé le plateau télévisé de BFM dimanche soir en agitant son moulin à paroles une bonne partie de la soirée, elle s’est précipitée sur son ordinateur pour continuer sa logorrhée anti-Macron dans un article publié en ligne ce lundi. Il serait profitable pour les gens qui la lisent ou l’écoutent qu’elle réfléchisse un peu entre ses phrases pour afficher un peu plus de cohérence ce qui lui redonnerait de la crédibilité. En sera-t-elle capable ? Pour le moment, sa place de directeur de Marianne est potentiellement remise en jeu par suite du rachat de ce journal par un investisseur français, Pierre-Edouard Stérin, fervent catholique, qui ne serait sans doute pas opposé à accentuer encore la critique contre la majorité présidentielle.

    Rappelons que Mme. Polony bénéficie, comme tous les journalistes, d’une niche fiscale offrant une déduction de 7 650 EUR de ses revenus qui n’a plus vraiment de légitimité aujourd’hui. Elle reste malgré tout en vigueur et devrait pousser Natacha Polony à un peu de modestie lorsqu’elle critique la politique budgétaire de l’Etat.

    Natacha Polony est, hélas, assez représentative d’une profession journalistique qui a trop souvent remplacé l’analyse par le verbiage, et qui porte aussi une part de responsabilité dans le chaos politique actuel.

  • Retour aux urnes

    Retour aux urnes

    A l’issue du score peu reluisant de la majorité présidentielle aux élections parlementaires européennes le président de la République a annoncé ce soir la dissolution de l’assemblée nationale française et l’organisation de deux tours d’élections législatives les 30 juin et 7 juillet, forçant ainsi les partis à une précipitation certaine pour préparer un programme et le choix des candidats en trois semaines. Les élections européennes ont permis au Rassemblement national de marquer un score de plus de 30%, 37% même si l’on ajoute les votes apportés à la liste présentée par le parti d’Éric Zemmour. Fort de ce succès il est imaginable que ce parti fasse aussi la course en tête aux législatives prochaines, voire qu’un de ses représentants entre à Matignon comme premier ministre d’une incertaine « cohabitation ». On voit mal le parti présidentiel redresser la barre d’ici la fin du mois tant le président Macron déclenche le rejet de la majorité et la haine du plus grand nombre. La gauche propalestinienne reste aussi en embuscade avec un fort soutien populaire.

    Bref, cette décision inattendue va probablement amener les partis extrêmes au pouvoir. Voilà plusieurs années qu’ils s’en rapprochent sérieusement alors le réveil le 8 juillet au matin risque d’être agité. On ne connaît pas bien les motivations présidentielles qui ont poussé M. Macron à se lancer dans une telle incertitude, peut-être le désir de mettre les citoyens face à leurs responsabilités : « Vous voulez être dirigés par les extrêmes ? Eh bien c’est le moment de vous décider et de sauter le pas ! ». Sans doute est-il bien plus machiavélique ? Ou alors le président, simplement fatigué d’être sans arrêt contesté par tous, quoi qu’il fasse, veut laisser les « clés du camion » à un autre conducteur et advienne que pourra ? Dans ce dernier cas il aurait sans doute été plus efficace d’opter pour la démission plutôt que la dissolution.

    La plupart des partis d’opposition ont réclamé cette dissolution à un moment ou à un autre depuis le début de l’actuel quinquennat, et souvent pour des raisons diamétralement opposées. Ils viennent de l’obtenir, il va bien falloir qu’ils s’en débrouillent maintenant. Le peuple contestataire et parfois brailleur va aussi devoir faire avec ce qu’il a provoqué. L’heure de la responsabilisation, des dirigeants comme des citoyens, a sonné.

  • Le président ukrainien fait un discours devant une assemblée nationale aux rangs clairsemés

    Le président ukrainien fait un discours devant une assemblée nationale aux rangs clairsemés

    Invité en Normandie pour le 80e anniversaire du débarquement du 6 juin 1944, le président ukrainien Zelensky a fait ensuite une étape par Paris, la veille du scrutin incertain des élections européennes pour prononcer un discours devant l’assemblée nationale française. Il est venu demander plus de sous et plus d’armes pour « gagner la guerre contre l’agresseur Russe ». Ce fut une prestation un peu pathétique car le nombre de députés présents était assez faible et cela se traduisait par des rangs clairsemés dans l’hémicycle. On ne peut pas dire que ces absences étaient très respectueuses à l’égard du président d’un pays allié en guerre. Certes, les élus avaient sans doute l’esprit plus tourné vers les élections du lendemain, mais sans doute le désintérêt de nombre d’entre eux marque aussi leur fatigue devant un conflit qui dure et dont on ne voit pas vraiment comment le terminer.

    Ce qui est cependant bien visible ce sont les coûts engagés par les alliés de l’Ukraine pour tenir ce pays à bout de bras face à l’ogre russe et, surtout, ce qu’il faudra payer pour reconstruire le pays et dont la charge reviendra probablement majoritairement sur l’Europe. Quelle que soit l’issue du conflit, il est assez peu probable que Moscou participe aux frais…

  • « Matisse, l’atelier rouge » à la fondation Louis Vuitton

    « Matisse, l’atelier rouge » à la fondation Louis Vuitton

    La fondation Louis Vuitton revient sur l’histoire du célèbre tableau de Matisse (1869-1954) L’Atelier Rouge peint en 1911 et acquis par le musée d’art-moderne de New-York en 1945. Dans la grande pièce qui abrite cette toile, le musée expose toutes les œuvres originales qui figurent sur le tableau : peintures, sculptures, céramiques et même le mobilier. Il s’agit d’une représentation de l’atelier du peintre à Issy-les-Moulineaux sur le parcours de laquelle l’exposition revient, tout particulièrement sur sa caractéristique la plus frappante : sa couleur rouge.

    Il apparaît que Matisse a longuement réfléchi et hésité avant d’adopter ce rouge écarlate qui n’était évidemment pas la couleur des murs de l’atelier qui étaient gris. Matisse a pris soudainement ce choix chromatique et l’a mis en œuvre sans possibilité technique de retour en arrière. Le résultat est éclatant.

    Cette toile symbolise à elle-seule l’originalité du peintre, ami de Picasso et d’Aragon, et de bien d’autres artistes de son temps qui ont marqué une nouvelle étape dans la révolution permanente de la peinture.