Faux-jetonnerie et cie. à la Caisse d’Epargne

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Le communiqué de la Caisse d’Epargne du 17 octobre :

Du fait de l’extrême volatilité des marchés et du krach boursier de la semaine du 6 octobre, le Groupe Caisse d’Epargne a connu un important incident de marché dans l’activité dérivés actions, qui s’est traduit par une perte de l’ordre de 600 millions d’euros. Cet incident a été décelé dans le cadre des procédures habituelles de contrôle.

Cette perte concerne exclusivement la gestion en compte propre de la CNCE, c’est-à-dire une activité indépendante de sa trésorerie.

Compte tenu de son niveau de fonds propres – plus de 20 milliards d’euros – et de son importante liquidité, cette perte n’affecte pas la solidité financière du Groupe et n’a aucune conséquence sur la clientèle.

Les mesures nécessaires ont été immédiatement prises pour solder cette position et mettre fin à cette activité. Des sanctions ont été prononcées et les autorités de tutelle informées.

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On trouve aussi le rappel des valeurs de cette compagnie sur son site web :

Depuis son origine, la Caisse d’Epargne a toujours souhaité apporter sa contribution à une économie de marché humainement responsable. La volonté de concilier durablement la performance économique, l’équité sociale et la précaution environnementale est ainsi l’essence du positionnement du Groupe Caisse d’Epargne.

Ambition, Confiance et Engagement, les valeurs du Groupe Caisse d’Epargne sont issues de ses origines et épousent les aspirations actuelles de ses clients, de ses collaborateurs et de ses sociétaires.

Ambition : c’est l’énergie d’un Groupe qui sait relever tous les défis pour devenir la banque préférée des clients, tout en respectant son identité et ses racines.

Confiance : valeur fondamentale du Groupe Caisse d’Epargne, elle inspire ses pratiques professionnelles et ses relations avec l’ensemble des parties prenantes : clients, collaborateurs, sociétaires, fournisseurs…

Engagement : Fidèle à sa vision de progrès, le Groupe Caisse d’Epargne entretient un rapport actif au monde qui l’entoure à travers sa contribution au développement local et son action en faveur du développement durable.

Le plus fascinant dans cette histoire est qu’elle se passe en pleine crise internationale alors que les banques s’écroulent et que les Etats ne savent plus comment faire pour colmater les voies d’eau. Elle montre une nouvelle fois que les banques elles-mêmes ne savent plus trop ce qui se passent dans leurs propres murs ni le niveau de risque qu’elles abritent dans leurs livres. C’est tout de même inquiétant. Au-delà on peut se demander s’il est vraiment nécessaire que la Caisse d’Epargne participe ainsi aux marchés spéculatifs ? A lire ses valeurs on n’en retire pas vraiment le sentiment que la spéculation relève de son objet social. Alors y a-t-elle été poussée parce que ses dirigeants voulaient briller dans les dîners en ville ou parce que ses actionnaires (les caisses d’épargne régionales) lui imposaient des niveaux de rentabilité que seule la spéculation pouvait offrir ?

Il y a en tout cas un individu qui se frotte les mains de cette déroute financière planétaire, c’est Kerviel le trader-fraudeur. Pour lui dont le procès va bientôt commencer cela ne pouvait tomber mieux. Ses avocats rivalisent en déclaration de mauvaise foi pour démontrer que leur pauvre client a été victime su système et que sa perte de 5 milliards d’euros est finalement bien peu de choses par rapport aux milliards envolés dans les turpitudes du secteur. On le présente comme un petit bras, porte-flingue d’un top-management compromis dans des pratiques largement plus pernicieuses (et couteuses) que les dissimulations du petit Kerviel.

Ce matin sur France Culture, l’équipe de l’Esprit Public bataille pour savoir si les plans de sauvetage bancaires en cours sont immoraux ou pas : vaste sujet !