La Chine a proposé un plan de paix pour la guerre d’Ukraine

L’ambassade de Chine à Paris a publié la proposition d’un plan de paix entre la Russie et l’Ukraine mis en ligne sur le site web de son ministère des affaires étrangères ce 24 février. Immédiatement tout le monde s’y est opposé ce qui semble indiquer que c’est un bon point de départ.

La première phase du premier point est sans doute la plus intéressante en ce qu’elle fait référence à la « souveraineté de tous les pays » au « droit international universellement reconnu » ainsi qu’aux buts et principes de la Chartre des Nations Unies :

Respecter la souveraineté de tous les pays. Le droit international universellement reconnu, y compris les buts et principes de la Charte des Nations Unies, doit être strictement observé. La souveraineté, l’indépendance et l’intégrité territoriale de tous les pays doivent être effectivement garanties. Les pays, qu’ils soient grands ou petits, puissants ou faibles, riches ou pauvres, sont membres égaux de la communauté internationale.

Le reste est très consensuel et peu de pays peuvent décemment s’y opposer ; la Russie et l’Ukraine se contenteront de ne pas mettre en œuvre les recommandations de ce texte extrêmement général. Il y est question de « cesser les hostilités », de « lancer des pourparlers de paix », de « régler la crise humanitaire », de « protéger les civils et les prisonniers de guerre », de « mettre fin aux sanctions unilatérales », etc.

Il reste maintenant à la Chine d’essayer de mettre les belligérants autour d’une table et de poser ce texte au milieu, on verra bien qui s’assied et qui accepte de passer en revue les douze points de ce plan ! On ne peut pas complètement exclure qu’elle y parvienne car la fatigue commence à atteindre les combattants.

de SAINT PIERRE Michel, ‘Le drame des Romanov 1/3’.

Michel de Saint Pierre (1916-1987) fut un écrivain prolifique de XXème siècle, ancien résistant, plutôt conservateur, un peu « catho-tradi », un peu « Algérie française », anti-communiste féroce, presque tombé aux oubliettes de la littérature. Il n’en demeure pas moins l’auteur de nombreux romans, essais, dont on a parlé à l’époque. Le « Drame des Romanov » n’est sans doute pas un livre historique au sens scientifique du terme mais le récit d’un écrivain passionné par la Russie et fasciné par le destin tragique de cette famille de tsars qui l’a dirigée d’un main de fer.

Ce premier tome part de l’avènement de la dynastie Romanov jusqu’à la victoire de la Russie, emmenée par le tsar Alexandre 1er, contre Napoléon. Ivan IV le Terrible puis Boris Godounov de la dynastie de Rurik ont fondé l’Etat russe entre 1547 et 1605 avant de passer la main au premier Romanov après le rocambolesque épisode du « faux Dimitri » qui se faisait passer pour le fils d’Ivan le Terrible. Une fois Dimitri assassiné, la voie était libre pour Mikhail, le premier tsar Romanov de 1613 à 1645. Alexis, Féodor et la régente Sophie précédèrent l’arrivée de Pierre 1er (dit « Pierre le Grand »), tsar de 1689 jusqu’à sa mort au pouvoir en 1725.

Pierre le Grand va agrandir l’empire russe vers la mer d’Azov, la mer Baltique, le moderniser, créer ce qui est devenu Saint-Pétersbourg, mener moulte guerres (victoires et défaites contre la Suède et l’empire Ottoman notamment), ouvrir le pays à l’extérieur, soumettre le pays à la religion orthodoxe, voyager en Occident, écraser des rébellions intérieures, ouvert un conflit avec son fils Alexis qui se terminera par la condamnation à mort de celui-ci après de sévères tortures. Saint Pierre note que « La Russie de Pierre le Grand n’a que deux ennemis au monde : l’athéisme et l’Asie ».

« Les grands Empires ne sauraient se passer de ports de mer : ce sont les artères qui font battre le cœur d’un Etat de façon plus saine et régulière »

Pierre 1er

A sa mort c’est sa seconde femme qui hérite du poste sous le nom de Catherine 1ère pour deux années (1725-1727), puis Pierre II prend la relève, puis Anne 1ère, puis Ivan VI et, enfin, Elisabeth qui laisse la place à Pierre III « le tsar fou », petit-fils de Pierre 1er, pour quelques mois de 1762 avant de mourir assassiné dans un complot ourdi par sa femme, qui deviendra Catherine II, et déclara : « Il était le premier à conspirer contre lui-même« .

Il laisse donc la place à son épouse qui fut surnommée « la Grande Catherine » de 1762 à 1796. Elle était prussienne sans une goutte de sang slave et dut se convertir à la religion orthodoxe pour épouser Pierre III. Elle agrandit considérablement l’empire en dépouillant la Pologne (déjà) avec la Prusse et l’Autriche et une partie de l’empire Ottoman (encore). Catherine, féminine et philosophe, va innover pour son pays d’adoption en matières juridiques, législatives et institutionnelles, multiplier les amants qu’elle place aux postes du pouvoir, correspondre avec Voltaire, investir dans l’éducation, le tout dans le cadre de l’autocratie et du « droit divin ».

Son fils Paul lui succède pour un bref règne qui se termine en 1801. Il est détesté par sa mère et accusé d’être trop proche de la Prusse. Il est assassiné à l’issue d’un complot comme la Russie sait en provoquer. Alexandre 1er, petit-fils de Catherine II, prend alors le pouvoir et son règne va être marqué par l’affrontement avec Napoléon.

Les deux autocrates vont à la fois se séduire et se faire la guerre. Celle-ci se terminera par la retraite de Russie, crépuscule de l’empire napoléonien. Alexandre 1er est alors considéré en Europe comme le vainqueur de l’empire français ce qui donne un poids considérable à la Russie. Ses troupes sont entrées dans Paris en 1814 avec Alexandre à leur tête. Un triomphe !

L’agrandissement de l’empire initié avec constance par ses prédécesseurs reste son but et il participe en personne au congrès de Vienne de 1815 qui redéfinit l’Europe après la défaite française de Waterloo. Autocrate éclairé il tente de remettre en cause le statut du serf qui pèse encore sur le monde rural russe et participe au maintien d’une écrasante inégalité dans la population, sans doute bien au-delà de celle régnant dans les pays d’Europe. Il y renonce finalement devant le poids de l’inertie générale et des intérêts de la noblesse. Il maintient son pays sous contrôle policier, s’égare dans des crises mystiques, et rend l’âme fin 1825, laissant la Sainte Russie au summum de sa gloire.

En 1825 l’empire est devenue l’un des plus importants fournisseurs de produits agricoles et de matières premières sur les marché mondiaux mais le régime reste moyenâgeux et le pays est tellement immense qu’il est impossible à gérer et à moderniser. La révolution est déjà passée en France, elle rôde en Russie où le régime impérial échoue à se réformer.

La chaîne FR2 tente de se justifier

On se souvient de l’émotion crée dans ces colonnes par l’interview nauséabonde d’une gamine ukrainienne par la télévision publique France 2.

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Cette émotion fut telle que nous avons jugé utile d’en faire fart au « médiateur information » de la télévision publique ce 8 mars par le message suivant déposé sur la plateforme de France Télévisions.

« Date de diffusion : 26/02/2023

Le commentaire : Le JT du soir a présenté un reportage d’une famille ukrainienne de retour dans son village. Une adolescente est interviewée et il lui est fait raconter la mort de sa mère dans un bombardement russe, puis l’interview se termine avec la question « ta mère te manque ? ». Les larmes qui affleurent dans les yeux de la jeune fille sont éloquentes. Je trouve fort peu délicate cette interview d’une gamine sur ce sujet. BIen sûr que sa mère « lui manque » !!! Ne serait-il pas opportun que la journaliste face preuve d’un peu plus de subtilité, de sensibilité, devant la peine de cette ado ? Fallait-il vraiment la faire pleurer pour que le reportage soit diffusable ? Ce type d’interview m’apparaît peu éthique. On peut évoquer la tragédie de la guerre d’Ukraine sans accroitre encore le traumatisme des enfants qui la vivent. »

La réponse du médiateur est tombée dans la même journée :

« Bonjour Monsieur,

Merci pour votre message.

Nous pouvons totalement comprendre votre remarque. Cependant, si ce type de questions est posée par nos reporters, ce n’est pas pour faire « pleurer dans les chaumières » ni pour torturer ces victimes, mais pour rendre éloquentes les horreurs de la guerre. Bien sûr, certains téléspectateurs en ont déjà conscience et peuvent être choqués par ces interviews, mais d’autres mesurent l’étendue du drame seulement lorsque des images et des témoignages comme ceux-ci sont portés à leur connaissance.

Néanmoins, et encore une fois, nous vous accordons que cette question précise peut apparaitre comme déplacée. Nous transmettons donc votre message aux équipes du JT qui sont très attentives aux retours des téléspectateurs.

Bien cordialement,

Le service de la médiation de France Télévisions »

La réponse est un peu langue de bois en chêne massif mais éclaire sur la vision que les journalistes ont de leurs téléspectateurs considérant que sans « faire pleurer dans [leurs] chaumières » ils ne comprendront pas ce qui se passe dans cette guerre. C’est sans doute vrai lorsque l’on sait que la France est un pays qui compte plus de 7 millions de followers du compte Twitter d’un Cyril Hanouna et près de 3 millions pour Nabilla, mais cela ne devrait pas empêcher la télévision publique d’essayer d’améliorer le niveau moyen en s’interdisant le racolage médiatique et, dans le cas d’espèce, de traumatiser une gamine ukrainienne qui n’a vraiment pas besoin de ça pour le moment.

Notons quand même que le service « Médiation » de France Télévisions fonctionne à peu près correctement. Voyons maintenant si les « équipes du JT qui sont très attentives aux retours des téléspectateurs » réagiront.

Mais de quoi se mêle-t-on ?

Capitaine Traoré (à gauche) et Colonel Goïta

Le président de la République française vient de faire un voyage officiel de quelques jours en Afrique sub-saharienne pour y asséner des messages un peu surannés, très peu utiles et annonciateurs de problèmes :

« Il faut bâtir une nouvelle relation équilibrée, réciproque et responsable [avec l’Afrique] »

Combien de fois a-t-on déjà entendu ce genre de billevesées finalement très peu suivies d’effets ? La France, ex-puissance colonisatrice est en bonne voie de retrait du continent, parfois poussée très fort dans le dos par les ex-colonisés. Il faut en prendre acte et ne pas chercher à rentrer par la fenêtre après avoir été poussé vers la sortie par la porte.

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Compte tenu du passé colonial de la France, la relation ne sera jamais « équilibrée, réciproque et responsable », ou tout au moins pas avant plusieurs générations. Alors laissons le secteur privé français faire du business sur le continent à ses propres risques s’il l’estime utile mais cessons d’y faire de la politique. Après tout les groupes Bolloré, CMA-CGM et d’autres ont plutôt bien réussi. Et pour l’aide au développement ou humanitaire il est plus approprié que la France la prodigue désormais via les institutions de l’Organisation des Nations Unies (ONU) qui sont là pour ça. Les équipes diplomatiques, financières, militaires françaises présentes à grand frais sur le continent seront parfaitement bien réemployées sur le territoire national.

Il faut également accélérer le démantèlement de la « Zone Franc », survivance préhistorique du passé qui déresponsabilise ses pays membres, et laisser les pays africains qui le souhaiteraient mettre en place une monnaie commune ou unique, mais sans lien avec le Trésor français qui, encore aujourd’hui, garantit la valeur du franc CFA avec l’EUR.

Hélas, Paris ne semble pas vraiment emprunter cette voie. La dernière étape du voyage présidentiel se déroulait en République populaire du Congo (RDC, ex-Zaïre), en conflit quasi ouvert avec son voisin oriental le Rwanda. Le président Macron s’est encore senti poussé des ailes de médiateurs et tente de réconcilier les présidents congolais et rwandais. La France est tout sauf légitime à interférer dans ce conflit régional compte tenu de son implication des deux côtés : avec l’ex-Zaïre dont elle a gâté l’ex-dictateur Mobutu, avec le Rwanda qui l’accuse ouvertement d’avoir participé au génocide des Tutsis en 1994… Il y a des pays (vraiment) neutres ou les instances de l’ONU qui savent bien mieux faire ce genre de négociations dans lesquelles il n’y a que des coups à prendre, tout spécialement pour un pays comme la France qui a été à ce point impliqué (parfois à son corps défendant) dans les dérives dans lesquelles ces pays se sont abandonnées au cours des dernières décennies.

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L’Afrique de toute façon vogue vers son destin et celui-ci se fera sans la France. Evitons qu’il ne se fasse contre elle !

Le Mali franchit le Rubicon à l’ONU

L’assemblée générale des Nations Unies (ONU) a voté ce 23 février une résolution demandant le retrait des troupes russes de l’Ukraine. 141 sur des 193 Etats membres se sont prononcés :

  • 7 ont voté contre – Russie, Biélorussie, Syrie, Corée du Nord, Mali, Nicaragua, Erythrée
  • 32 se sont abstenus, dont la Chine, l’Inde, l’Afrique du Sud
  • Et donc 102 ont voté pour

Cette résolution mentionne qu’elle « exige de nouveau que la Fédération de Russie retire immédiatement, complètement et sans condition toutes ses forces militaires du territoire ukrainien à l’intérieur des frontières internationalement reconnues du pays, et appelle à une cessation des hostilités » (https://news.un.org/fr/story/2023/02/1132607)

Le délégué russe s’est exprimé au cours du débat précédant le vote pour rappeler la position de son pays, c’est-à-dire celle d’une « guerre contre l’Occident pour la survie, pour l’avenir de notre pays et de nos enfants, et pour notre identité » et celle de « la renaissance du néo-nazisme en Ukraine et la glorification de criminels du nazisme » qui justifierait aussi le combat russe.

Rien de nouveau à ce stade, une partie de ce que dit la Russie, avec excès bien entendu, n’est d’ailleurs pas tout à fait inexact mais son péché originel restera d’avoir déclenché la guerre et que son armée et ses milices se comportent sur le terrain comme des forbans sans foi ni loi ce qui, vu de « l’Ouest collectif », est contraire au droit international, mais pour les pays qui la soutiennent et ceux qui se sont abstenus (c’est à dire la majorité de la population de la planète) est un mode de gouvernance « normal ». Là est le souci de l’Occident : il est minoritaire en nombre mais semble néanmoins présenter quelque intérêt pour tous ces autocrates et oligarques qui investissent massivement en Occident et envoient leurs enfants dans les universités américaines. La vraie question serait de comprendre pourquoi un oligarque russe dépense des dizaines de millions pour acquérir des villas de nabab à Saint-Jean Cap-Ferrat plutôt que sur les bords de Mer Noire ? Pourquoi un milliardaire chinois rachète à grand frais des vignes dans le Bordelais plutôt que de se lancer la viticulture dans son pays d’origine ?

L’attractivité de « l’Ouest collectif » pour ces régimes autoritaires, dits par fois « illibéraux », reste forte. La guerre d’Ukraine va probablement rebattre les cartes. Déjà les oligarques russes qui l’on put sont allés ancrer leurs yachts clinquants sur les bords de la Mer de Marmara ou dans le Golf persique. La mise sous sanctions occidentales d’un certain nombre de hiérarques russes va probablement leur faire mieux comprendre le concept de « risque politique » : quand on investit à l’étranger, cela peut rapporter plus mais on est aussi soumis aux potentielles humeurs du pays où l’on dépense ses sous, risque qui est moindre lorsqu’on investit chez soi où, cependant, existe un risque fiscal significatif. La Russie pourra toujours investir chez ses nouveaux amis mais il n’est pas sûr que le Mali ou le Nicaragua attisent véritablement l’appétit des investisseurs russes.

L’Histoire dira si l’Occident, même minoritaire au niveau « des valeurs » dans cette guerre d’Ukraine, reste néanmoins le leader en termes d’attractivité, d’innovation et de réussite économique ! En cela, cette guerre sauvage annonciatrice de révisions déchirantes pour le monde de demain, ou pas !

Déclaration du délégué russe

M. VASSILY A. NEBENZIA (Fédération de Russie) a souligné qu’il y a un peu plus d’un an, « l’Ukraine et ses parrains occidentaux » ont convoqué la onzième session extraordinaire d’urgence de l’Assemblée générale des Nations Unies, ce qui a prêté à confusion pour de nombreux États. Depuis lors, de nombreux pays ont compris ce qui s’est passé et ce qui se passe, et le camp occidental a beaucoup plus de difficulté à mobiliser les États Membres de l’ONU en faveur de leur croisade contre la Russie, a-t-il dit. Ceci est également attesté « par un projet de résolution au rabais » qui sera mis aux voix, a relevé le représentant en le qualifiant de « texte antirusse et malveillant ». Il a rappelé que « le régime nationaliste criminel », qui est arrivé au pouvoir à Kiev grâce au soutien occidental par un coup d’État anticonstitutionnel, a mené une guerre sanglante contre les habitants du Donbass dont le seul défaut était qu’ils voulaient rester russes.

Le délégué a relevé que grâce aux révélations bien connues d’un certain nombre de dirigeants occidentaux à la retraite, il ne fait aucun doute que les accords de Minsk, approuvés par le Conseil de sécurité, avaient pour but de préparer l’Ukraine à une guerre contre la Russie. Toutes ces années, le « régime de Kiev » a poursuivi selon lui sa politique inhumaine de bombardement des villes pacifiques des républiques populaires de Donetsk et de Lougansk. Au vu des actes des Occidentaux en Ukraine, nous n’avions pas d’autre choix que de protéger la population du Donbass et assurer la sécurité de notre pays par des moyens militaires, a—t-il justifié. Il a exprimé les préoccupations russes de voir s’étendre l’infrastructure de l’OTAN jusqu’à ses frontières, alors que des déclarations « hypocrites » font croire que c’est la Russie qui est responsable de la destruction des systèmes de sécurité régionaux et mondiaux. Il a rappelé que fin 2021, la Russie avait pourtant avancé un certain nombre d’initiatives de désescalade et de renforcement de la confiance dans la zone euro-atlantique. Nous avons invité les États-Unis et l’OTAN à signer des accords de garanties de sécurité, a-t-il dit. Nous avons donné une chance à la diplomatie, a-t-il poursuivi, soulignant que ces propositions furent rejetées avec arrogance par les États-Unis et leurs alliés. Pourtant, si elles avaient été mises en œuvre, ces initiatives auraient permis d’éviter ce que nous voyons aujourd’hui, a-t-il regretté.

Le délégué a affirmé qu’un an après le début de la phase active de la crise ukrainienne, peu de gens doutent aujourd’hui du fait que la Russie n’est pas en guerre avec l’Ukraine, qui a gaspillé son potentiel militaire dans les premières semaines du conflit, mais plutôt avec « l’Ouest collectif » représenté par les États-Unis et leurs alliés de l’OTAN et de l’UE. Non seulement ils fournissent armes et munitions à Kiev, mais ils lui communiquent également des informations du renseignement et s’entendent sur des cibles pour les frappes de missiles. Il a dit que ces alliés ont abandonné toute pudeur et fixé un objectif : armer l’Ukraine, infliger une défaite stratégique à la Russie, puis la démembrer et la détruire. Au nom de cet objectif, a-t-il relevé, ils ont fermé les yeux en Occident, et les ferment encore maintenant, sur la renaissance du néo-nazisme en Ukraine et la glorification de criminels du nazisme. Il a ensuite évoqué l’hégémonie des États-Unis et de ses alliés qui ne veulent laisser personne gouverner la planète, parce qu’ils la considèrent comme la leur et seulement la leur.

Quant à notre pays, a expliqué le représentant, nous percevons tout cela comme une guerre contre l’Occident pour la survie, pour l’avenir de notre pays et de nos enfants, et pour notre identité. Une guerre dans laquelle, comme il y a 80 ans, nous avons été défiés par un ennemi insidieux et puissant qui voulait nous soumettre, a-t-il expliqué en évoquant des chars allemands à nouveau envoyés afin de tuer les Russes. Et l’Ukraine, dans tout ce schéma, n’est rien de plus qu’une monnaie d’échange, a-t-il analysé. Selon lui, le texte soumis par l’Ukraine ne contribuera pas à la paix, car il vise plutôt à encourager l’Occident dans ses actions, à donner à nos adversaires une raison de prétendre que la Russie est soi-disant isolée dans le monde. « Cela signifie continuer la ligne militariste russophobe, en se cachant derrière un prétendu soutien des États Membres de l’ONU. » De plus, dans les conditions où beaucoup d’entre vous font face à la pression la plus sévère et le chantage de Washington et ses alliés, a lancé le représentant à l’endroit des délégations, il faut soutenir les « amendements d’équilibrage » qui sont devant vous et qui ont été présentés par le Bélarus. Si ces derniers sont rejetés, alors le projet de la résolution restera tel qu’il est maintenant : unilatéral et dénué de toute réalité, a-t-il conclu.

Source : https://press.un.org/fr/2023/ag12491.doc.htm

Engels toujours là

A l’occasion d’un bombardement par un drone ukrainien sur une base aérienne russe pour bombardiers à long rayon d’action en décembre dernier on découvre que la base s’appelle « Engels » du nom du copain de Karl Marx. Au moins en Russie il n’y a pas de wokisme ni de déboulonnage des idoles !

L’armée française a quitté le Burkina Faso

Partisans du capitaine Ibrahim Traoré défilent avec un drapeau russe dans les rues de Ouagadougou (Burkina Faso), le 2 octobre 2022. SOPHIE GARCIA / AP

L’armée française a annoncé avoir terminé le repli de sa troupe du Burkina Faso à la suite de la dénonciation par ce pays de l’accord de défense le liant à la France. C’est une bonne chose, les troupes françaises et les économies budgétaires ainsi réalisées pourront être utilement redéployées sur des terrains plus en rapport avec les intérêts de la France et de ses citoyens. Il reste maintenant à poursuivre ce repli des militaires français de l’Afrique de l’Ouest où subsistent encore des bases, notamment au Niger et en Côte d’Ivoire.

Cela devrait se faire assez naturellement désormais. Le ministre français de la défense vient d’ailleurs de faire une visite à Abidjan le 20 février et de convenir d’une « réarticulation » (signifiant « réduction » en français) du nombre de soldats français stationnés dans ce pays, 950 à ce jour. Le journal Le Monde a rapporté ses propos :

L’armée de Côte d’Ivoire n’a rien à voir aujourd’hui avec celle d’il y a dix ans […] Cela fait de la Côte d’Ivoire un pays de stabilité dont le rôle de puissance d’équilibre régionale s’établit de plus en plus.

Peut-être le ministre français croie à ses propos, peut-être pas. Le mieux à faire est effectivement de tester ce « rôle de puissance d’équilibre » et de laisse la Côte d’Ivoire face à son destin.

Ce même journal Le Monde informe que les Etats-Unis d’Amérique auraient proposé en décembre 2022 à la République Centrafricaine (RCA) de former son armée et d’accroître son aide humanitaire en échange du renvoi des mercenaires russes de la milice « Wagner ». Ceux-ci assurent non seulement la protection rapprochée du président centrafricain mais sont investis dans l’économie du pays qui leur a délégué, non seulement l’exploitation de mines de métaux et quelques autres activités économiques, mais aussi le contrôle des douanes locales qui sont la principale source de revenus publics dans ce genre de pays.

Cette proposition américaine est raisonnable car la transformation de ces pays en Etats mafieux présente un risque pour le continent et même pour l’Occident, mais elle est vouée à l’échec tant ce pays a fait la preuve de son incompatibilité avec toutes normes minimales de gouvernance. Il est hélas à craindre que le gouvernement centrafricain continue de faire affaire avec la milice Wagner ou d’autre forbans du même acabit, qui seuls sont en mesure de s’adapter aux pratiques de la RCA. Les Etats libéraux et démocratiques, et même l’ancienne puissance coloniale, se sont révélés impuissants à comprendre et à collaborer avec ce pays. Une nouvelle tentative des Etats-Unis devrait connaître le même sort. C’est regrettable mais faut-il insister pour tenter une nouvelle fois d’accompagner la RCA sur une voie qu’elle ne veut pas prendre ?

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Catégorisé comme Afrique

La Russie vue par Michel de Saint Pierre en 1967

Relire l’essai de Michel de Saint Pierre (1916-1987) « Le drame des Romanov » est intéressant. Il fut un écrivain prolifique de XXème siècle, ancien résistant, plutôt conservateur, un peu « catho-tradi », un peu « Algérie française », anti-communiste féroce, tombé aux oubliettes depuis. Il n’en demeure pas moins l’auteur de nombre de romans, essais, dont on a parlé à l’époque. Le « Drame des Romanov » n’est sans doute pas un livre historique au sens scientifique du terme mais le récit d’un écrivain passionné par la Russie et fasciné par le destin tragique de cette famille de tsars qui l’a dirigée d’un main de fer.

Dans le premier chapitre, Saint Pierre trace un sentiment global de ce qu’est « l’âme russe » en citant certains auteurs russes. Certaines d’entre elles sont édifiantes à la lumière de la guerre d’Ukraine menée aujourd’hui par Moscou.

Le Russe a toujours besoin de dépasser la mesure, d’arriver au précipice, de se pencher sur le bord pour en explorer le fond et souvent même s’y jeter comme un fou. C’est le besoin de la négation chez l’homme le plus croyant, la négation de tout, la négation des sentiments les plus sacrés, de l’idéal le plus élevé, des choses les plus saintes de la patrie. Aux heures critiques de sa vie personnelle ou de sa vie nationale, le Russe de déclare avec une précipitation effrayante pour le bien ou pour le mal.

Dostoïevski (Journal d’un écrivain)

Une définition des Romanov :

Dans la maison des Romanov comme dans celle des Atrides une malédiction mystérieuse passe de génération en génération. Meurtre sur adultère, du sang sur de la boue, « le cinquième acte d’une tragédie jouée dans un lupanar », Pierre 1er tue son fils, Alexandre 1er tue son père, Catherine II tue son époux. Et, parmi ces victimes célèbres, les petits, les inconnus, les malheureux avortons de l’autocratie, dans le genre d’Ivan Antonovitch, étranglés comme des souris dans les recoins obscurs, dans les cachots de Schlusselbourg. Le billot, la corde, le poison, tels sont les vrais emblèmes de l’autocratie russe. L’onction de Dieu sur le front des tsars s’est transformée en la marque et la malédiction de Caïn.

Merejkowski (écrivain et critique littéraire russe 1865-1941)

La Russie, un empire nihiliste qui respecte ses traditions malgré le temps qui passe.

L’Ukraine et le Brexit

Chappatte/Le Canard Enchaîné (30/12/2020)

Le président ukrainien fait une visite surprise au Royaume Uni pour remercier Londres très engagée dans le soutien de Kiev sous tous ses aspects. L’aspect ironique de ce déplacement est que l’Ukraine fait le forcing pour intégrer l’Union européenne quand le Royaume Uni vient d’en claquer la porte avec fracas. Même si certains sondages semblent indiquer que les citoyens britanniques se demandent s’ils ont pris la bonne décision, on aimerait connaître ce que le premier ministre anglais a dit au président ukrainien sur sa demande d’adhésion à l’Union ?

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Catégorisé comme Ukraine

Les experts de plateaux télévisés

Coco/Charlie Hebdo (28/12/2022)

Dans la guerre d’Ukraine l’armée russe semble reprendre du poil de la bête. Alors que les « experts » de plateaux télévisés l’avait déjà enterrée après la contre-offensive ukrainienne plutôt victorieuse de l’été dernier, ils sont en train d’avaler leurs képis et, finalement, d’admettre du bout des lèvres que la soldatesque russe dispose encore d’une certaine capacité de nuisance contre l’Ukraine et l’Occident. Outre l’inquiétude de voir cette guerre encore perdurer, cela pose la question de la crédibilité de la presse télévisuelle française quasi-unanimement pro-ukrainienne et antirusse. Les généraux en retraite qui peuplent les plateaux, experts d’un jour à fort égo, généralement formés à l’ombre de la guerre froide et de l’anticommunisme, dévident à longueur de programmes des banalités et des certitudes sur les sujets militaires pour lesquels ils ne sont évidemment pas dans le secret des opérations.

D’une façon plus générale il est des sujets qu’il ne fait pas bon aborder en ce moment sous peine d’être taxé d’être un « munichois », un défaitiste voire un traître. L’adhésion de l’Ukraine à l’Union européenne qui va entraîner des révisions déchirantes pour les pays fondateurs, la cohabitation future avec une Russie génétiquement anti-occidentale, les coûts de la reconstruction qui vont s’accroissant à chaque jour de guerre qui passe, les accords de Minsk qui n’ont jamais été appliqués par les parties mais qui restent probablement un bon plan de départ pour une future négociation, la volonté occidentale d’éviter de mettre les doigts dans une guerre directe avec la Russie pour éviter une guerre mondiale… tous ces sujets sont globalement interdits pour le moment. Ils reviendront sur le devant de la scène forcément un jour.

En attendant la guerre continue et les experts de plateaux télévisés n’ont guère de solution à proposer si ce n’est la victoire militaire totale de Kiev qu’ils estiment, dans la phrase suivante, peu probable. Quelques voix plus politiques, comme celles de l’ex-ambassadeur Araud ou l’ancien ministre Lelouche écrivent des articles pour dire qu’il est temps maintenant de parler paix pour arrêter une guerre ravageuse initiée par le clan au pouvoir au Kremlin, et même envisager des compromis pour ce faire avec l’éternel ennemi : la Russie. Ils sont plutôt ostracisés, voire insultés, sur les plateaux d’experts qui certifiaient encore il y a deux mois que la Russie avait perdu la guerre.

Malgré tout il faut bien arrêter cette guerre qui dévaste les hommes… et les budgets. Le concept d’’autodétermination des peuples pourrait être mis en œuvre pour les régions contestées dans un cadre légal international comme proposition pur mettre fin aux hostilités ? Le modèle appliqué par la France en Nouvelle Calédonie pourrait être un exemple à suivre. Quelle que l’issue de la guerre d’Ukraine, la Russie restera une puissance maléfique qui n’aime pas l’Occident. Il faudra en tenir compte pour quelques siècles dans le futur avant, peut-être, de pouvoir une relation « normale » entre voisins.

Tom Verlaine est mort

Le guitariste et chanteur-compositeur américain Tom Verlaine est mort hier à 73 ans (1949-2023). C’est l’un derniers représentants du rock underground américain qui s’échappe ainsi. Il a fondé le groupe éphémère Television en 1973 avec Richard Hell. Leur célèbre disque Marquee Moon, comme le premier disque du Velvet Underground (celui avec la banane) a été peu vendu en son temps mais a été écouté par tout ce qui comptait de la scène new-yorkaise de cette époque. Verlaine a influencé nombre de musiciens de l’époque et a continué une carrière solo discrète. Son nom de scène était un hommage au poète français.

Il joue sur Horses (1975) et Gone Again (1996) de Patti Smith qui doit désormais se sentir bien seule… C’est le crépuscule d’une époque musicale, ils sont tous en train de partir.

Lire aussi : Television – 2016/04/02 – Paris la Philharmonie

L’armée française quitte le Burkina Faso

Partisans du capitaine Ibrahim Traoré défilent avec un drapeau russe dans les rues de Ouagadougou (Burkina Faso), le 2 octobre 2022. SOPHIE GARCIA / AP

Le Burkina-Faso a dénoncé l’accord de défense qui le liait à la France et se traduisait, notamment, par le stationnement d’une base militaire française dans ce pays. Ces accords prévoient aussi généralement la possibilité d’intervention militaire française à la demande des autorités locales. Ils ont généralement été signés dans la foulée des indépendances et ont généré des interventions militaires discutables, essentiellement pour maintenir des dictatures au pouvoir : au Tchad, en Côte d’Ivoire, au Mali… Ces accords sont des survivances d’une époque révolue où la France voulait maintenir son statut d’ex-puissance coloniale en mal d’influence sur le monde.

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Ce temps est désormais passé, les pays partenaires dénoncent les accords les uns après les autres et la France évacuent ses bases militaires, parfois pour les remplacer par une coopération avec la Russie. C’est ainsi et ce n’est pas forcément une mauvaise nouvelle pour Paris ! Par les temps qui courent le redéploiement des militaires français sur l’Europe et la réaffectation des dépenses budgétaires engagées en Afrique ne présentent pas que des inconvénients. Dans le contexte de la guerre d’Ukraine des troupes françaises sont présentes en Roumanie et dans les pays baltes où elles sont a priori bien mieux accueillies qu’à Bamako ou à Ouagadougou, le choix est donc assez simple à faire.

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Après le départ de l’armée française du Burkina il restera encore des troupes au Niger, au Tchad, en Côte d’Ivoire, au Sénégal, à Djibouti, au moins pour ce qui concerne l’Afrique et pour autant que l’on sache. Le sort à terme de ces bases militaires à l’étranger sera immanquablement posé un jour ou l’autre.

Un autre sujet de démantèlement qui lui n’avance pas beaucoup est celui du Franc CFA, monnaie commune de nombre de pays africains ex-colonies françaises du continent et dont la convertibilité avec l’euro est garantie par la France. La fin de cette monnaie commune et son remplacement par l’Eco ont été annoncés en 2019 mais le choses n’ont pas beaucoup bougé depuis et le Franc CFA a toujours cours dans ces pays. Dans le projet initial la France était toujours engagée à maintenir la convertibilité de l’Eco. Après la dénonciation de certains accords de défense il est temps de ressortir des cartons ce projet de réforme monétaire, de le mettre en œuvre, voire de l’ajuster en fonction du nouveau contexte des relations franco-africaines. Ce projet intéressant est au point mort, il mérite d’être relancé.

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Le discours de Jean Jaurès sur l’Arménie en 1896

En 1896, l’Arménie fait partie de l’empire Ottoman et, déjà, les Arméniens (à majorité chrétienne) sont maltraités par les forces turques aidés par des tribus kurdes. On estime à 200 000 morts le bilan des massacres commis contre les arméniens entre 1894 et 1896. Ce furent les prémices du génocide arménien intervenu en 1915 et qui s’est soldé par plus d’un million de morts dans des conditions de barbarie élevées.

Le 3 novembre 1896, Jean Jaurès (1859-1914), homme politique de gauche, prononce un célèbre discours devant l’assemblée nationale française dans lequel il tance le gouvernement devant son inaction face aux massacres d’Arméniens, et, surtout, au non-respect des engagements de protection de l’Arménie délivrés par le Royaume-Uni, la France et la Russie.

En 1896, l’Arménie fait partie de l’empire Ottoman et, déjà, les Arméniens sont maltraités par les forces turques aidés par des tribus kurdes. On estime à 200 000 morts le bilan des massacres commis contre arméniens entre 1894 et 1896. Ce furent les prémices du génocide arménien intervenu en 1915 et qui s’est soldé par plus d’un million de morts dans des conditions de barbarie élevées.

Le 3 novembre 1896, Jean Jaurès (1859-1914), homme politique de gauche, prononce un célèbre discours devant l’assemblée nationale française dans lequel il tance le gouvernement devant son inaction face aux massacres d’Arméniens, et, surtout, au non-respect des engagements de protection de l’Arménie délivrés par le Royaume-Uni, la France et la Russie. Ces trois pays auraient pu entrer en guerre contre l’empire Ottoman ce qui aurait peut-être empêché le génocide arménien de 1915, ou peut-être pas…

Plus fondamentalement cet article vieux de 130 ans posait déjà la question de la guerre préventive pour éviter une guerre plus grave. L’Histoire a montré que ce concept de guerre préventive a toujours été difficile à mettre en œuvre de façon efficace. Il est aujourd’hui facile de dire que si la France et le Royaume-Uni avaient attaqué l’Allemagne en 1933 (année de l’arrivée au pouvoir d’Hitler), le monde aurait évité les ravages du nazisme. Et ensuite ? Les armées françaises et britanniques auraient de nouveau occupé l’Allemagne quinze années après la fin de la première guerre mondiale ? Imagine-t-on un instant que cette réoccupation aurait été paisible et que les Allemands seraient sagement revenus vers la République de Weimar ? Qui peut véritablement savoir à quoi elle aurait mené ?  La solution aurait-elle été plus saine que le problème ?

Les dirigeants et le parlement d’un pays doivent sans doute s’y reprendre à deux fois avant d’engager leurs nations dans une guerre. En 1870 la France déclare la guerre à la Prusse, les Français sont défaits en quelques mois ce qui soude l’unité allemande et l’empire allemand est fondé par Guillaume 1er dans… la galerie des glaces du Château de Versailles !

En 2003 les Etats-Unis d’Amérique partent en guerre contre l’Irak soupçonné de développer des « armes de destruction massive », accompagnés de quelques alliés. La coalition occidentale mettra plus de huit ans à se sortir du piège irakien qui a transformé tout le Moyen-Orient en poudrière dévasté par le terrorisme et le renouveau religieux. Le dictateur local a certes été arrêté, jugé et pendu, mais le chaos laissé dans la région a été dévastateur et dure encore, portant ses scories dans le monde entier.

En février 2022 la Fédération de Russie envahit à titre préventif l’Ukraine qui la « menaçait ». Elle y est encore et personne ne sait bien comment sortir de ce conflit qui a déjà fait des dizaines de milliers de morts de part et d’autre et a des conséquences mondiales désastreuses que nous vivons aujourd’hui.

Déclarer ou entrer dans la guerre est sans doute l’une des décisions politiques les plus dures à prendre, tout particulièrement dans les démocraties qui n’envisagent que rarement de gaîté de cœur d’envoyer leurs enfants au combat ni de plonger leurs pays dans l’incertitude. Elle est bien plus facile à prendre à la tribune ou sur les réseaux dits « sociaux »… La critique est facile mais l’art est difficile. Même M. Jaurès a semblé avoir un peu oublié le dicton.

Bonne stratégie diplomatique au Burkina Faso

Partisans du capitaine Ibrahim Traoré défilent avec un drapeau russe dans les rues de Ouagadougou (Burkina Faso), le 2 octobre 2022. SOPHIE GARCIA / AP

Alors que Burkina Faso est l’objet d’attaques religieuses régulières faisant des dizaines de morts dans les populations locales, le gouvernement burkinabé est en train de suivre la voie déjà empruntée par le Mali du rejet de la France et du tapis rouge déployé pour accueillir la Russie en remplacement. Une lettre adressée par le ministre burkinabé à son collègue français du Quai d’Orsay qui a « fuité » demanderait le remplacement de l’ambassadeur de France qui n’a plus l’heur de plaire au gouvernement local.

Il faut étudier avec soin cette demande qui va dans le bon sens et rapatrier l’ambassadeur de France sans le remplacer. Un simple chargé d’affaires suffira amplement à gérer la relation franco-burkinabé qui ne représente qu’un intérêt limité pour la France dont le statut d’ancienne puissance coloniale rend vain et inutile toute tentative d’améliorer la relation entre ces deux pays. Le Burkina-Faso lorgne vers la Russie et c’est une bonne chose.

Les intérêts économiques français au Burkina sont minimes, il reste cependant quelques français installés dans le pays, avec un statut de résident permanent ou temporaire, qui seront moins en sécurité si l’ambassade de France réduit son activité et si l’armée française quitte ce pays comme elle a déserté le Mali, poussée dehors par les autorités maliennes. Il y a de nombreux citoyens burkinabés installés en France, avec un statut de résident permanent ou temporaire, légalement ou pas, et leur vie administrative sera certainement rendue plus compliquée par une baisse du niveau des relations diplomatiques entre Paris et Ouagadougou.

L’heure des révisions déchirantes entre la France et ses anciennes colonies a sonné depuis longtemps. Suivons la voie déjà empruntée par la Mali : réduisons les relations diplomatiques avec le Burkina-Faso au minimum vital, résilions les accords de coopération militaires et donnons rendez-vous dans 50 ans pour voir s’il y a lieu de réduire encore ces relations. Les populations respectives de l’un chez l’autre devront prendre en compte ce nouveau contexte qui est désormais incontournable, et souhaitons un avenir fructueux à la coopération entre la Russie d’une part, le Mali et le Burkina-Faso d’autre part.

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Le martyr de Moscou

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Le président russe a présenté ses vœux à son pays devant un parterre de militaires sous la forme d’une litanie auto-justificatrice de la guerre d’Ukraine entamée par la Russie le 24/02/2022. Il s’étend sur l’agression dont la Russie serait victime de la part de l’Occident qui « encourage les néo-nazis ukrainiens » et rend hommage à l’héroïsme des combattants russes qui aurait la morale de leur côté :

L’essentiel est le sort de la Russie. La défense de la patrie est notre devoir sacré envers nos ancêtres et nos descendants. La droiture morale et historique est de notre côté.

Cette envolée venant du premier dirigeant du plus grand pays de la planète Terre qui a déclaré une guerre pour envahir son voisin, a déjà annexé unilatéralement une partie du territoire de ce dernier et dont l’armée et ses supplétifs se distinguent depuis lors par ses actes de violence et de barbarie dans les territoires qu’ils occupent et via les bombardements réguliers sur des infrastructures du reste de l’Ukraine, ne manque pas d’ironie.

Probablement croit-il sincèrement à ce qu’il assène. Sans doute le peuple russe qui n’a guère de considération pour ses « frères » ukrainiens est tout prêt à avaler cette fable de la « droiture morale ». Le mieux aurait été sans aucun doute pour la Russie, l’Ukraine et le reste de la planète, que Moscou reste tranquillement à l’intérieur de ses frontières reconnues par le droit international et consacre toute sa belle énergie à développer son pays plutôt que d’aller chercher noise à ses voisins.

TRADUCTION Microsoft

Poutine a prononcé un discours du Nouvel An :

• « Ce fut une année de décisions difficiles et nécessaires, les étapes les plus importantes vers l’acquisition de la pleine souveraineté de la Russie et la puissante consolidation de notre société. Ce fut une année qui a beaucoup mis à sa place, séparant clairement le courage et l’héroïsme de la trahison et de la lâcheté. Il a montré qu’il n’y a pas de pouvoir plus élevé que l’amour pour ses parents et amis, la loyauté envers les amis et les compagnons d’armes, le dévouement à sa patrie.

• « Ce fut une année d’événements vraiment cruciaux et fatidiques. Ils sont devenus la frontière qui jette les bases de notre avenir commun, de notre véritable indépendance. C’est ce pour quoi nous nous battons aujourd’hui, en protégeant notre peuple dans nos propres territoires historiques, les nouvelles régions de la Fédération de Russie.

• « L’essentiel est le sort de la Russie. La défense de la patrie est notre devoir sacré envers nos ancêtres et nos descendants. La droiture morale et historique est de notre côté. »

Pendant des années, les élites occidentales nous ont hypocritement assurés de leurs intentions pacifiques, y compris la résolution du grave conflit dans le Donbass. En fait, ils ont encouragé les néo-nazis de toutes les manières possibles, qui ont continué à mener des actions militaires ouvertement terroristes contre des citoyens pacifiques des républiques populaires du Donbass. L’Occident a menti sur la paix et se préparait à l’agression. »

« Ils [les combattants morts] ont donné leur vie pour protéger la vie des autres. Je comprends à quel point il est difficile maintenant le soir du Nouvel An pour leurs femmes, leurs fils, leurs filles, leurs parents, qui ont élevé de vrais héros. Nous ferons tout notre possible pour aider les familles de nos camarades tombés au combat, élever leurs enfants, leur donner une éducation décente, trouver un métier. De tout mon cœur, je partage votre douleur et je vous demande d’accepter des paroles sincères de soutien. »

• « Ensemble, nous surmonterons toutes les difficultés et garderons notre pays grand et indépendant, nous n’irons qu’à l’avant, à gagner pour le bien de nos familles et pour le bien de la Russie, pour le bien de l’avenir de notre seule patrie bien-aimée. Bonne année, chers amis. »

La dernière mode présidentielle

C’est la dernière mode des présidents « populistes » : ne pas assister à la passation de services en faveur de leurs successeurs. Déjà en 2020 le président Trump avait séché la cérémonie d’intronisation de Joe Biden qu’il estimait lui avoir « volé » l’élection et s’était réfugié dans son palace de Floride avec des archives classifiées de la présidence que les services américains ont dû aller récupérer de force. Demain c’est le président brésilien Bolsonaro qui, parti aux Etats-Unis, fuira l’investiture de son successeur qu’il aurait dû ceindre de l’écharpe aux couleurs nationales.

Ces manifestations d’humeur n’ont guère d’importance légale et n’ont pas empêché les présidents Biden et Lula de prendre leurs postes présidentiels mais marquent le caractère irrémédiablement anti-démocratique et « plouc » des sortants. La bonne nouvelle est qu’ils n’ont pas réussi à démolir les institutions qu’ils combattaient. La moins bonne est qu’il n’est pas exclu qu’ils reviennent un jour puisqu’ils disposent toujours de solides bataillons d’électeurs !

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La Russie s’enfonce dans une logique guerrière sans retour

Pendant qu’une compétition mondiale de fouteballe bat son plein dans le Golfe Persique au point que le président de la République française estime nécessaire de se déplacer à Doha mercredi prochain aux frais des contribuables (n’a-t-il rien de mieux à faire à Paris ?), la guerre d’Ukraine dérive vers une nouvelle tactique russe visant à détruire les infrastructures publiques pour nuire à la vie quotidienne des civils en espérant qu’ils pousseront leur gouvernement à compromettre avec l’ennemi russe. A défaut de victoires militaires nettes sur le terrain, le conflit se transforme en guerre de tranchées sans issue nette prévisible à court terme. Les destructions causées par Moscou rendent difficiles la vie des civils ukrainiens, souvent privés d’alimentation électrique et d’eau potable alors que l’hiver, plutôt rude dans ces contrées, arrive. L’armée ukrainienne commence de son côté à bombarder le territoire russe, se limitant pour le moment aux cibles militaires, mais pour combien de temps ?

A chaque fois que l’armée russe est poussée en dehors des territoires qu’elle a occupés depuis le déclenchement de cette « opération militaire spéciale » on découvre l’ampleur des exactions qu’elle a commises contre les populations civiles antirusses : salles de torture, viols, déplacements de populations… bref tous les sévices qui sont le lot habituel des armées de forbans dirigés par des dirigeants politiques sans états d’âme. Le président russe a même poussé le bouchon jusqu’à décorer les unités a priori exécutantes des crimes de guerre découverts à Boutcha qui fut la première ville reconquise par l’armée ukrainienne où fut révélé au grand jour le niveau de sauvagerie de l’occupation.

Alors se pose toujours la lancinante question de savoir comment et pourquoi la Russie a pu en arriver à s’enferrer dans une situation guerrière désormais inextricable ? Les deux pays sont soi-disant « frères » mais Kiev lorgnait vers l’Ouest en voulant manifestement s’émanciper de Moscou et de ses pratiques soviétiques d’un autre âge. C’en était trop pour la Russie. L’Occident a évidemment sous-estimé la puissance de la haine et du rejet qu’il inspirait au plus grand pays de la planète. Malgré les exemples soviétiques d’invasions des « pays frères » au cours de la seconde moitié du XXème siècle : Allemagne de l’est (1953), Hongrie (1956), Tchécoslovaquie (1968), Afghanistan (1979), l’aide à la répression en Pologne lors de la contestation menée par Solidarnosc (1981) ; malgré les exemples d’invasion de la Fédération de Russie : Transnistrie (1990), Géorgie (2008), Crimée (2014), l’aide à la répression en Syrie depuis le déclenchement de la guerre civile en 2011, sans parler des guerres civiles de Tchétchénie interne à la Fédération en 1994 et 1999… malgré tous ces évènements violents et mortifères l’Occident a toujours espéré convaincre la Russie d’adopter le droit international et le mode de vie de ses démocraties, amadouer l’ours russe pour qu’il se concentre sur son développement intérieur plutôt que de vouloir encore agrandir son territoire qui est déjà le plus vaste de la planète. C’est un échec, incompréhensible vu de l’Ouest, mais un désastre bien réel.

On s’est souvent demandé comment la patrie de Goethe et de Brahms a pu engendrer la barbarie nazie. On s’interroge de même aujourd’hui sur le pays de Dostoïevski et de Chostakovitch qui préfère envahir ses voisins à la recherche d’un illusoire retour à la puissance, plutôt que de gérer sa population répartie sur son vaste territoire en bon père de famille. L’affrontement militaire plutôt que la lutte par le développement économique et culturel, c’est un combat de géants dont l’issue est encore improbable mais qui, quelle qu’elle soit, laissera les combattants et leurs soutiens sur le flanc, face à des générations pétries de haines respectives qui devront payer pour reconstruire ce qui a été détruit par le fait de la bêtise des hommes et qui ne résoudra pas la question existentielle de la Russie : pourquoi la très grande majorité des « pays frères » cherche à s’éloigner d’elle pour se rapprocher de l’Occident ? Un peu d’introspection sur ce sujet serait probablement bienvenu à Moscou…

La Russie bombarde

Riss / Charlie Hebdo (11/05/2022)

Avec constance les experts militaires de plateaux télévisés, généralement des militaires en retraite ou des journalistes abonnés à « Air & Cosmos », prédisent la fin des stocks de missiles russes. Avec la même régularité ils sont démentis par les faits et des pluies de nouveaux missiles s’abattent sur l’Ukraine, de façon particulièrement intense après chaque revers de l’armée russe sur le terrain. La tactique russe est de détruire les infrastructures d’eau et d’électricité afin de pourrir la vie des civils ukrainiens. Quelques bombes tombent aussi sur les civils, plus ou moins par hasard, faisant des morts et blessés civils tous les jours dans le pays.

La ville de Kherson est symbolique de cette tactique. Elle a été évacuée par l’armée russe il y a deux semaines devant l’avancée de l’armée ukrainienne mais les soldats russes se sont installés à quelques kilomètres, de l’autre côté du fleuve, à portée de canons, et ils bombardent consciencieusement depuis tout ce qui bouge à Kherson afin de rendre infernale la vie des habitants qui ont eu l’outrecuidance d’accueillir les soldats ukrainiens en héros après leur propre évacuation. Le côté inextricable de ce champ de bataille est que dans l’esprit des Russes la ville de Kherson est… russe puisque cette région a été annexée par la Fédération. La Russie bombarde la Russie !

Dans le même temps, les civils ukrainiens qui le peuvent évacuent la ville de Kherson qui devient invivable, une petite victoire politique pour Moscou après la défaite militaire.

Lire aussi : Les inextricables imbroglios juridiques de la guerre d’Ukraine

Les inextricables imbroglios juridiques de la guerre d’Ukraine

Dutreix / Le Canard Enchainé (21/09/2022)

A défaut de victoire nette sur le terrain militaire en Ukraine, la Russie s’efforce de tisser une toile juridique pour lier une partie de l’Ukraine à son territoire de façon désordonnée et quasiment inextricable. Quand on connaît le peu de cas que fait Moscou du droit international en général, cette tactique serait plutôt risible mais est annonciatrice de vraies difficultés lorsqu’il faudra défaire ce qui a été fait, si l’Ukraine et la communauté internationale y arrivent un jour et ce, quelque soit l’issue de la guerre en cours.

La constitution russe a été modifiée pour entériner l’annexion de quatre régions ukrainiennes et l’augmentation conséquente du territoire de la Fédération de Russie alors que l’armée russe n’avait pas encore conquis la totalité de ces régions. Depuis cette annexion célébrée en grande pompe à Moscou par le président russe et les responsables ukrainiens prorusses de ces régions, l’armée russe a perdu du terrain et même abandonné la ville de Kherson, capitale d’une des quatre régions, qu’elle ne pouvait plus tenir. À la suite de la mobilisation partielle de ses citoyens, la Russie mobilise maintenant aussi dans ces quatre régions annexées mais non totalement conquises puisqu’elles sont formellement devenues russes… envoyant sur le front contre l’Ukraine des citoyens ukrainiens devenus russes comme effet de cette annexion. Tous ne sont sans doute pas prorusses mais se retrouvent potentiellement enrôlés dans l’armée russe du fait d’une simple signature sur un décret…

Plus pernicieux, la Russie a saisi l’occasion de son occupation militaire sur une partie de ces régions pour procéder à des déplacements de population importants (une ancienne habitude soviétique) de ces territoires vers la Russie, le plus souvent sous couvert de « raisons humanitaires », pour les « protéger » des attaques ukrainiennes. Des milliers de passeports russes ont également été délivrés à des citoyens « ex-ukrainiens » selon l’entendement de Moscou mais pas forcément de celui des personnes concernées. Certains sont prorusses et ne verront pas cette démarche d’un mauvais œil mais ce n’est sûrement pas le cas de tous. Il semble que nombre d’enfants isolés sans leurs parents (que ceux-ci soient au front sous les couleurs ukrainiennes ou soient morts), aient été aussi « déportés » en Russie pour y être russifiés. Le moment venu, il sera bien sûr extrêmement difficile à leurs familles de les retrouver et de les récupérer.

Tout ceci est bien entendu en totale contradiction avec le droit international et le « droit de la guerre », mais cela est fait tout de même par Moscou qui suit ainsi une feuille de route machiavélique. Lorsque cette guerre se terminera, et qu’elle qu’en soit l’issue, ces manœuvres juridiques sont annonciatrices d’un chaos inédit probablement accompagnés de règlements de comptes entre ukrainiens, les prorusses et les fidèles à Kiev. Ceux-ci ont d’ailleurs déjà commencé dans les territoires annexés repris par l’armée ukrainienne.

La France a connu ce genre de circonstances dans son histoire contemporaine avec l’Alsace-Lorraine annexée par l’Allemagne en 1871 après la défaite française contre la Prusse, récupérée en 1918 après la défaite allemande, réoccupée et annexée de facto par le IIIème Reich en 1940 puis de nouveau « francisée » en 1945. Cette situation provoqua des tragédies comme celle des « malgré-nous » qui furent incorporés de force sous le drapeau nazi et qui, pour certains, subirent les affres de l’épuration après la libération en 1945. Ces annexions juridiques sont toujours synonymes de quasi-guerre civile pendant leur déroulement et après, si elles sont « démontées ». Il est à craindre que cela ne sera guère différent dans les régions ukrainiennes reconnues par le droit international et annexées par la Russie.

La quatrième génération Kim s’annonce en Corée du Nord

Félix / Charlie Hebdo (12/07/2017)

Le président coréen Kim, petit-fils du fondateur de la République populaire démocratique de Corée M. Kim, fils de M. Kim, successeur de celui-ci, est allé assister hier au énième tir d’un missile balistique (non chargé d’explosif) en direction des eaux territoriales japonaises. Le missile est bien arrivé à destination, provoquant un peu d’émotion en Occident et à Tokyo. Jusqu’ici rien que de très courant pour un dirigeant de ce pays.

L’exceptionnel vient de ce qu’il était cette fois accompagné de sa jeune fille dont s’était la première apparition publique (on ignore son prénom et son âge). Certains parents emmène leurs enfants au manège, dans la famille Kim on les emmène à des tirs de missiles balistiques susceptibles d’emporter des charges nucléaires. Divertissant !

Peut-être la quatrième génération Kim qui prendra un jour les commandes de la Corée sera incarnée par cette adolescente entraperçue devant le missile de papa ? On ne sait pas encore si elle fera appel aux services du coiffeur de famille qui sculpte les coiffures si caractéristiques de ces dictateurs.

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