Du genou

Voici un genou de 65 ans qui commence à faiblir. Le diagnostic résumé est : « Pas de pincement des interlignes articulaires en faveur d’une arthrose. » Le bobo propriétaire du genou est certes rassuré de savoir qu’il n’est pas (encore) arthritique mais il n’en reste pas moins que le genou présente quelques faiblesses lorsqu’il monte l’escalier… Il va donc falloir constater progressivement l’arrivée de tous ces petits maux de l’âge qui avance !

Passage à l’hôpital

Evidemment, passé 60 ans, on fréquente un peu plus le corps médical… pour de petites misères ou de plus sérieuses. On est encore bien soigné et accueilli dans les hôpitaux en France malgré le bal des pleureuses qui se lamente sur la « déconstruction de l’hôpital public » depuis des décennies. Il y a encore de beaux restes. Si l’on veut faire encore mieux il suffit sans doute de dépenser plus.

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L’âge critique approche

Les statistiques de morbidité de l’épidémie actuelle de coronavirus diffusées tous les jours montrent que plus de 90% des décédés ont plus de 65 ans… Evidemment, quand on en a 62 on sent l’âge critique arriver. D’ailleurs, au-delà de la maladie actuelle, lorsque l’on arrive dans les 70 ans on entre dans des temps qui peuvent être ceux des tourments médicaux. Et il n’y a pas que le coronavirus qui attaquent les seniors, hélas. Quand on vieillit on passe des étapes qui nous rapprochent de ces temps incertains, avant une échéance finale qui elle est certaine. Les statistiques sont redoutables !

Agaçant…

Le senior préretraité qui va acheter son caleçon aux Galeries Lafayette en ressort doublement dépité. D’abord parce qu’il laisse 33 euros à la société Eminence pour un bout de tissu qui doit en valoir cent fois moins à produire, mais surtout parce que le bellâtre qui figure sur l’emballage a la taille impeccable, les abdominaux musclés, le torse glabre, la barbe de trois jours bien taillée, la musculature irréprochable…, bref, tout ce que le senior consommateur ne présentera plus jamais.

Le tuner de ma jeunesse

Descente chez Darty pour remplacer le tuner de ma grand-mère qui me permet d’écouter la radio sur ma chaîne hi-fi : consternation du vendeur qui m’explique que très peu de fabricants continuent à produire ce type d’appareil et que, bien entendu, il n’y a rien en stock, il faut commander. En gros, les jeunes rivés à leurs aïe-phones, (i) n’écoutent plus la radio et (ii) quand ils le font, utilisent leurs smartphones et  non pas cet outil antédiluvien qu’est le tuner.

Qu’importe, en hommage à ma grand-mère, je commande un nouveau tuner qui me sera livré la semaine prochaine.

Culpabilité et rédemption

Ecrasé par 2000 ans de culpabilité catholique et 20 années d’éducation familiale où la valeur travail fut portée aux nues, le bobo préretraité ne se résout pas à l’inactivité et va se mettre ce matin au service de l’économie sociale et solidaire à titre bénévole.

Taches

Visite de routine chez ma dermatologue pour surveiller l’avancement des taches de vieillesse : eh oui, le temps passant, la peau se couvre doucement de taches, sortes de grains de beauté qui s’élargissent, se durcissent et sont éventuellement porteur des germes du cancer. Sur le visage d’abord, le reste du corps et, plus tard, les mains, elles marquent l’avancée de l’âge. On se souvient que les mains de nos grands-parents étaient constellées de ces taches bien visibles et handicapées par le rhumatisme.

Le médecin propose de les « blanchir » pour faire disparaître ces stigmates de la vieillesse. A quoi bon ? Je repars avec mes taches, non cancéreuses et c’est déjà ça !

La retraite et la fin

A la question récurrente « es-tu heureux de cette cessation d’activité ? » je réponds de façon tout aussi récurrente « oui, c’est un grand luxe de pouvoir ainsi profiter de temps libre, mais c’est tout de même un peu le début de la fin ! ». Et à chaque fois je reçois une volée d’exclamations sur le thème « mais non, c’est une nouvelle vie qui débute, des projets enthousiasmants à développer, et bla-bla-bla… ».

C’est sans doute la manifestation de l’angoisse de la mort qui empêche même de l’évoquer alors que c’est une vérité statistique incontestable. L’excellent rapport Libault sur le Grand Age (mars 2019) énonce bien ce qui nous attend dès son préambule :

C’est de la statistique bien sûr, mais permet de relativiser le « c’est une nouvelle vie qui débute, des projets enthousiasmants à développer, et bla-bla-bla… » ! Et ce qui ne nous empêchera pas de profiter de ces instants de liberté qui nous sont offerts par nos démocraties, qui savent encore pour le moment, faire jouer une certaine solidarité nationale pour financer l’inactivité des anciens.

Vieillir avec Mick Jagger

« How the years they rush on by
Birthdays, kids and suicides
Still I play the fool and strut
Still you’re a slut »

“All the Way Down” – The Rolling Stones

Comment les années s’écoulent à toute allure
Anniversaires, enfants et suicides
Je fais toujours l’imbécile et je me pavane
Tu es toujours une salope.

Traduction – www.DeepL.com

Coucou

Un petit tour au Père Lachaise pour informer ceux qui m’ont précédé de ma nouvelle vie qui démarre aujourd’hui !

Et voilà !

Pantoufles et café long ce matin, plus de bureau ni d’obligations conséquentes. Ce matin c’est vraiment le premier jour du reste de ma vie. Jusqu’ici tout va bien !

C’est fini

Dernière journée de travail chez mon employeur : des réunions techniques quand même, puis il faut rendre son ordinateur, son téléphone et son badge, et c’est fini. Demain matin ma boîte email professionnelle sera clôturée. On ne perd pas de temps, les processus d’offboarding sont bien huilés désormais. En attendant on écluse quelques bières au bistrot portugais du coin de la rue avec quelques potes et puis c’est fini.

Un adieu affectueux et rock

Vingt années se terminent au cœur d’un mastodonte du CAC40 avec une belle photo de Keith Richards offerte par mes collègues reconnaissants qui ne pouvaient mieux tomber :

après avoir passé plusieurs années avec une photo de Mick Jagger accrochée à la paroi de mon bureau du temps où nous avions des places attribuées :

It’s only Rock’n’Roll, but I like it.

Ploc…

Ploc fait la touche « Entrée » de l’ordinateur qui vient d’expédier ma rupture de contrat de contrat de travail avec mon employeur depuis vingt ans. Dans quatre mois je suis en préretraite, et voilà. C’est très simple et un peu vertigineux !