Déficits, déclassement et mauvaise foi

Biche / Charlie Hebdo (01/02/2023)

Avec une mauvaise foi propre au monde politique français la bataille fait rage sur la nécessité, ou pas, d’une réforme des retraites. Les opposants admettent désormais que le système est en « léger » déficit sur les prochaines années mais rivalisent d’idées alternatives pour financer ce déficit permettant d’éviter d’augmenter l’âge légal minimum de départ à la retraite de 62 à 64 ans (à taux plein) comme prévu dans le projet de loi qui a été adopté lundi par suite du rejet de deux motions de censure par l’assemblée nationale. Ces idées vont de la taxation des dividendes, à l’augmentation des cotisations patronales ou ouvrières, voire les deux en même temps, en passant par la baisse des pensions. Le gouvernement a choisi une autre option, celle d’augmenter la durée du travail.

Les sexagénaires qui prennent actuellement leur retraite ont généralement débuté leurs carrières dans les années 1980 à une période où l’âge légal de départ était de 65 ans. Avec l’arrivée de la gauche au pouvoir en 1981 ils ont vu cet âge légal baisser à 60 ans en 1982, accompagné de la réduction de la durée légale du travail hebdomadaire de 40 à 39 heures et de la création d’un « ministère du temps libre » dont la mission était de « de conduire par l’éducation populaire, une action de promotion du loisir vrai et créateur et de maîtrise de son temps ». Quelques années plus tard, en 2000, une nouvelle loi, dite « Aubry », réduisait encore la durée légale du travail hebdomadaire à 35 heures

C’était le temps des illusions qui se sont assez rapidement heurtées au mur de la réalité d’où un plan en 1983 qualifié de « rigueur » alors qu’il ne consistait qu’à équilibrer les dépenses avec les recettes, c’était donc plutôt un plan de bonne gestion. Mais il n’a pas été touché à l’âge de départ en retraite.

En 1996, devant l’insoutenabilité de la dette sociale, y compris la partie liée à l’assurance vieillesse (la retraire), qui ne pouvait manifestement plus être remboursée par les seuls cotisants, cette dette est transférée à un machin créé pour l’occasion, la CADES (Caisse d’amortissement de la dette sociale) alimentée par une nouvelle taxe, la CRDS, créée pour l’occasion. Cela veut dire en clair que ce n’est plus le cotisant qui rembourse cette dette mais le contribuable. En gros, on a refourgué les déficits cumulés par la protection sociale ce qui a permis de rendre une nouvelle virginité à l’assurance retraite. La France a toujours su faire preuve de beaucoup de créativité pour masquer ses dépenses. En 2010, le mur de la réalité est toujours en béton armé et l’âge de la retraite doit être augmenté à 62 ans.

En 2022 les programmes électoraux des partis de droite de gouvernement tablaient tous sur une nouvelle augmentation de l’âge minimum à 65 ans, soit le retour à la situation de 1982 ce qui ne paraît pas intellectuellement complètement incohérent puisqu’il y a moins d’actifs aujourd’hui pour un retraité qu’il y a quarante ans. Les négociations menées avec le parlement ont abouti à revoir cet objectif à 64 ans au lieu de 65 dans le projet initial.

Malgré tout, les émeutes ont repris dans les rues des grandes villes de France. Les sondeurs frétillent en demandant aux citoyens s’ils sont satisfaits de devoir travailler deux années de plus et, oh surprise, ils répondent par la négative. Les chaînes d’information en continu ressassent ces sondages et glosent à l’infini, avec fébrilité et gourmandise les images de casseurs et de feux de poubelles. Les hommes politiques s’écharpent avec force arguments misérabilistes et reniements variés. Les partis d’opposition ne voient comme seule porte de sortie que de dépenser toujours plus d’argent public.

En réalité on n’a jamais vraiment trouvé d’autres solutions sérieuses pour accroître la richesse d’une nation que de la faire travailler plus, ce qui ne doit pas empêcher de travailler à une répartition consensuelle de cette richesse créée par le travail et la France à cet égard est dans le peloton de tête des pays occidentaux pour la redistribution via l’impôt. Mais c’est un raisonnement qui n’est pas partagé par la majorité. Comment en serait-il autrement dans un pays qui préfère financer des jeux olympiques ou une coupe du monde de rugby plutôt que ses enseignants, un pays où les campagnes électorales se déroulent sur le plateau de Cyrille Hanouna, animateur de télévision qui se vautre dans la vulgarité et le racolage, œuvrant puissamment à l’abrutissement des masses sur des fréquences attribuées gratuitement par l’Etat. C’est ainsi et c’est notre responsabilité collective, celle d’un avachissement général qui déclasse progressivement le pays. La France a mangé son pain blanc depuis des décennies, vivant largement au-dessus de ses moyens et l’une des contreparties se trouve dans le niveau de sa dette. Alors évidemment il est toujours douloureux de devoir revenir sur des avantages dont tout le monde a profité mais que nous n’avons pas su financer…

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Et le problème n’est pas que financier, il relève aussi de l’égo de la nation qui doit admettre qu’elle n’est plus le « grand pays » doté de la cinquième économie mondiale et de la puissance nucléaire qu’elle croit encore être, mais juste un pays moyen parmi les autres, plus déclassé que ses voisins car refusant de voir cette réalité. Le fameux « grand débat » organisé après les émeutes de 2018-2019 devait servir de psychothérapie de groupe, il a échoué et la contestation revient dans la rue.

Il est probable que cette situation va se régler, comme d’habitude par plus de dépenses publiques jusqu’au jour où le juge de paix, les marchés financiers, refusera de continuer à prêter à la République, ou alors ils le feront à des taux d’intérêt prohibitifs qui forceront ainsi à reprendre le contrôle de la dépense publique. Ce jour pourrait arriver plus vite que prévu, hélas ! La France n’a rarement su se réformer sans contrainte forte.

Le racolage des médias du groupe Canal+ et les règles de l’ARCOM

Riss / Charlie Hebdo (23/11/2022)

La ministre française de la culture, Rima Abdul Malak, a exposé dans une interview au journal Le Monde sa position concernant les médias du groupe Canal+, majoritairement indirectement détenu par la famille Bolloré, et dont les chaînes C8 et CNEWS atteignent un niveau himalayen de vulgarité et d’abrutissement des masses.

L’automne a été marqué par des débordements dans l’émission « Touche pas à mon poste ! », sur C8.

Les réponses apportées par l’Arcom vous paraissent-elles adaptées, suffisamment rapides, et à la hauteur de l’émoi suscité ?

Nous ne pouvons pas, d’un côté, reprocher à Cyril Hanouna de réclamer une justice expéditive pour le meurtre de Lola [une adolescente de 12 ans tuée à Paris, mi-octobre] et, de l’autre, faire appel à une forme de justice expéditive pour lui ! Nous sommes dans un Etat de droit, il faut respecter le temps des procédures – je rappelle qu’il est arrivé que le Conseil d’Etat donne tort à l’Arcom.
L’Autorité dispose d’un panel de moyens d’action et de sanctions prévu par la loi. Elle est intervenue une vingtaine de fois depuis 2019 à propos de C8 et de CNews. Il faut responsabiliser les présentateurs, les chroniqueurs, mais aussi les patrons de chaînes, pour leur rappeler que l’autorisation d’utilisation gratuite de leurs fréquences s’accompagne d’obligations, comme celle de traiter les affaires judiciaires avec mesure, celle de respecter le pluralisme des opinions, etc. Lorsqu’on arrivera, en 2025, au moment de l’analyse de leur bilan pour la reconduction de leurs autorisations de diffusion, l’Arcom saura regarder comment elles ont respecté ces obligations.

(https://www.lemonde.fr/culture/article/2023/01/16/rima-abdul-malak-la-vague-du-populisme-sera-tres-violente-pour-la-culture_6158000_3246.html)

Cette position, somme toute frappée au coin du sens, a déclenché un hourvari de réactions contre la ministre sur les médias du groupe Bolloré, accusée de censure et de tous les maux. C’est de bonne guerre mais il suffit de passer un peu de temps sur ces deux chaînes pour rendre hommage à la modération de la ministre.

Les deux conventions liant C8 et CNEWS sont disponibles en téléchargement sur le site web de l’ex-Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA). Elles présentent la même structure avec un chapitre 2-3-4 consacré aux droits de la personne :

[L’éditeur] ne doit diffuser aucune émission portant atteinte à la dignité de la personne humaine telle qu’elle est définie par la loi et la jurisprudence.
Il respecte les droits de la personne relatifs à sa vie privée, à son image, à son honneur et à sa réputation tels qu’ils sont définis par la loi et la jurisprudence.
Il veille en particulier :
– à ce qu’il soit fait preuve de retenue dans la diffusion d’images ou de témoignages susceptibles d’humilier les personnes ;
– à éviter la complaisance dans l’évocation de la souffrance humaine ainsi que tout traitement avilissant l’individu ou le rabaissant au niveau d’objet ;
– à ce que le témoignage de personnes sur des faits relevant de leur vie privée ne soit recueilli qu’avec leur consentement éclairé ;
– …
Il fait preuve de mesure lorsqu’il diffuse des informations ou des images concernant une victime ou une personne en situation de péril ou de détresse.

Les engagements en faveur de l’honnêteté et de l’indépendance de l’information sont du même acabit, et guère plus respectés par ces deux médias d’opinion qui disposent à titre gratuit de fréquences de la télévision numérique terrestre (TNT) délivrées par l’ARCOM (ex-CSA) sous réserve qu’ils respectent leurs engagements formalisés dans les conventions.

Regardez 10 mn l’émissions de C8 « Touche pas à mon poste » (TPMP) et vous comprendrez rapidement que le respect de l’engagement sur les droits de la personne peut être discuté tant les monceaux d’ordure, de bêtise crasse et de racolage des bas instincts déversés sur les téléspectateurs sont écrasants. L’Arcom a déjà eu à décider d’amendes à l’encontre d’animateurs et des chaînes elles-mêmes pour non-respect des conventions d’attribution des fréquences TNT.

Il est bien sûr du devoir de l’autorité publique représentée par l’Arcom de vérifier si les engagements pris ont été suivis d’effet, ou pas, avant de réattribuer les fréquences qui sont un bien public. Canal+ peut s’égosiller contre l’Etat, il est juste demandé à ses affidés d’essayer de pousser leurs téléspectateurs vers l’intelligence plutôt que de les enfoncer dans un abrutissement désespérant.

Nous avons été profondément choqués par les propos tenus par Madame la Ministre de la Culture, Rima ABDUL MALAK, ce matin dans la matinale de France Inter. Près de cinq minutes de son intervention ont été consacrées à la critique de notre Groupe et à des invectives contre nos chaînes C8 et CNEWS. En laissant à nouveau entendre que les licences de nos chaînes ne mériteraient pas d’être renouvelées en 2025 alors même qu’elle se refuse de commenter la procédure de renouvellement d’autres acteurs de l’audiovisuel, Madame la Ministre prend parti, sort de sa réserve et ne respecte pas l’indépendance de notre régulateur sectoriel. Ce faisant. Madame la Ministre, garante de la liberté d’expression, porte non seulement atteinte à la crédibilité et à la probité de nos chaînes mais critique aussi le travail de nos équipes et suscite l’inquiétude de nos salariés en menaçant la pérennité de leur activité professionnelle. Le Groupe CANAL+ est fier du travail que réalise quotidiennement l’ensemble des collaborateurs de C8 et CNEWS qui rassemblent chaque jour près de 11 millions de citoyens.

Communiqué Canal+

Ces deux chaînes symbolisent ad nauseam la décadence intellectuelle et morale dans laquelle s’enfonce la France. Comment voulez-vous qu’un pays qui compte 7 millions de followers (10% de la population) du compte Twitter de Cyril Hanouna, animateur de TPMP, puisse être tourné vers l’avenir, l’innovation et l’intelligence ? Il n’est pas exclu par ailleurs que M. Hanouna soit titulaire d’une carte de presse lui octroyant ainsi le statut de « journaliste » et la niche fiscale indue qui va avec. D’ailleurs une partie de la dernière campagne présidentielle s’est tenue sur son plateau, les politiques compromettant ainsi avec la stupidité arguant que c’est la seule façon de joindre « les jeunes ». Jusqu’où faudra-t-il aller dans la compromission ?

Il serait œuvre de salut public de forcer ces deux chaînes à respecter leurs engagements !

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Les restes d’une émeute parisienne

Les murs du XIIIème arrondissement portent les traces du passage des émeutiers dans la journée. Il faudrait un jour laisser les clés du monde à l’anarchie pour voir comme ses théoriciens feraient marcher l’économie sans capital et sans argent. Peut-être les prendront-ils plus vite qu’on ne l’imagine ?

Mais de quoi se mêle-t-on ?

Capitaine Traoré (à gauche) et Colonel Goïta

Le président de la République française vient de faire un voyage officiel de quelques jours en Afrique sub-saharienne pour y asséner des messages un peu surannés, très peu utiles et annonciateurs de problèmes :

« Il faut bâtir une nouvelle relation équilibrée, réciproque et responsable [avec l’Afrique] »

Combien de fois a-t-on déjà entendu ce genre de billevesées finalement très peu suivies d’effets ? La France, ex-puissance colonisatrice est en bonne voie de retrait du continent, parfois poussée très fort dans le dos par les ex-colonisés. Il faut en prendre acte et ne pas chercher à rentrer par la fenêtre après avoir été poussé vers la sortie par la porte.

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Compte tenu du passé colonial de la France, la relation ne sera jamais « équilibrée, réciproque et responsable », ou tout au moins pas avant plusieurs générations. Alors laissons le secteur privé français faire du business sur le continent à ses propres risques s’il l’estime utile mais cessons d’y faire de la politique. Après tout les groupes Bolloré, CMA-CGM et d’autres ont plutôt bien réussi. Et pour l’aide au développement ou humanitaire il est plus approprié que la France la prodigue désormais via les institutions de l’Organisation des Nations Unies (ONU) qui sont là pour ça. Les équipes diplomatiques, financières, militaires françaises présentes à grand frais sur le continent seront parfaitement bien réemployées sur le territoire national.

Il faut également accélérer le démantèlement de la « Zone Franc », survivance préhistorique du passé qui déresponsabilise ses pays membres, et laisser les pays africains qui le souhaiteraient mettre en place une monnaie commune ou unique, mais sans lien avec le Trésor français qui, encore aujourd’hui, garantit la valeur du franc CFA avec l’EUR.

Hélas, Paris ne semble pas vraiment emprunter cette voie. La dernière étape du voyage présidentiel se déroulait en République populaire du Congo (RDC, ex-Zaïre), en conflit quasi ouvert avec son voisin oriental le Rwanda. Le président Macron s’est encore senti poussé des ailes de médiateurs et tente de réconcilier les présidents congolais et rwandais. La France est tout sauf légitime à interférer dans ce conflit régional compte tenu de son implication des deux côtés : avec l’ex-Zaïre dont elle a gâté l’ex-dictateur Mobutu, avec le Rwanda qui l’accuse ouvertement d’avoir participé au génocide des Tutsis en 1994… Il y a des pays (vraiment) neutres ou les instances de l’ONU qui savent bien mieux faire ce genre de négociations dans lesquelles il n’y a que des coups à prendre, tout spécialement pour un pays comme la France qui a été à ce point impliqué (parfois à son corps défendant) dans les dérives dans lesquelles ces pays se sont abandonnées au cours des dernières décennies.

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L’Afrique de toute façon vogue vers son destin et celui-ci se fera sans la France. Evitons qu’il ne se fasse contre elle !

Le partage de la valeur

Avec un bel ensemble, les politiques et les journalistes se prennent les pieds dans le tapis en mélangeant les termes de « partage de la valeur » et de « partage de la valeur ajoutée » alors qu’ils pensent au « partage des bénéfices ». Il leur faut relire Marx qui a longuement délayé ce sujet dans le premier tome du « Capital » ainsi que « Salaire, prix et profit » du même auteur. Ces réflexions décousues sont renforcées ces derniers temps par la publication des résultats 2022 très significatifs publiés par les compagnies liées au secteur énergétique, tous semblant s’étonner que lorsque que les prix augmentent, en principe, les bénéfices suivent.

Alors les idées fusent pour taxer ces profiteurs et mieux répartir « la valeur » on ne définit pas ce que cette « valeur » que l’on veut partager entre les salariés et les actionnaires, les premiers apportant leur force de travail et les seconds leurs sous. En réalité, les salaires versés aux salariés font partie de la valeur ajoutée dont une définition simple est [Valeur ajoutée = Valeur de la production – Coûts intermédiaires]. En français cela signifie que la valeur ajoutée est composée de toutes les charges de l’entreprise moins ce qu’elle achète à l’extérieur, elle comprend donc bien les salaires payés aux salariés mais pas les dividendes rétribuant les actionneurs apporteurs de capitaux. Dans le partage de la « valeur ajoutée » le salarié a beaucoup et l’actionnaire n’a rien.

En revanche, dans le « partage des bénéfices », l’actionnaire reçoit des dividendes, le cas échéant, et le salarié peut recevoir une participation si son employeur est éligible au processus « d’intéressement/participation » mis en place en France sous le Général de Gaulle et consistant à octroyer aux salariés une répartition du bénéfice (la participation), s’il y a bénéfice bien entendu, ce qui s’assimile aux dividendes versés aux actionnaires, et un bonus dépendant de l’atteinte d’objectifs (l’intéressement) qui est comparable à un supplément de salaire.

Les partenaires sociaux viennent de convenir d’élargir les entreprises éligibles à l’intéressement/participation qui devraient désormais bénéficier à plus de salariés. Les syndicats ouvriers les plus à gauche ne sont pas d’accord car ils privilégient l’augmentation des salaires qui est plus automatique que le versement d’un intéressement et d’une participation qui est conditionné à l’atteinte d’objectifs pour le premier et à la réalisation d’un bénéficie pour le second. Marx indiquait d’ailleurs que si une entreprise réalise un bénéfice c’est donc qu’elle sous-paye les travailleurs… la position des syndicats de la gauche dure intègre ce principe !

En résumé quand on parle de partage de valeur dans l’entreprise entre les salariés et les actionnaires, il faut mettre dans la balance aussi les salaires déjà versés aux salariés. Ensuite, il n’est pas interdit de partager les bénéfices, ou d’améliorer ce partage lorsqu’il existe déjà. C’est ce qui est en train de se mettre en place en France et c’est aussi bien.

A Chartres

Voir aussi : Chartres

Le misérabilisme érigé en mode de pensée

Riss/Charlie Hebdo (18/01/2023)

Le débat en cours sur le projet de loi visant à repousser l’âge légal pour faite valoir ses droits à la retraite et à augmenter le nombre minimum de trimestres cotisés pour ce faire illustre ad nauseam le drame du misérabilisme érigé en mode de pensée. L’essence de la réforme étant de faire travailler les citoyens plus longtemps, ce n’est évidemment pas une bonne nouvelle pour nombre d’entre eux. Leur principale argumentation consiste à citer le cas du « cariste » ou de la « femme de ménage » qui ont travaillé dans des conditions physiques difficiles toute leur vie et qui ne peuvent pas envisager de travailler plus longtemps que l’actuel âge légal de 62 ans. Certes, et personne ne le conteste. Des conditions spécifiques de « pénibilité » et de « carrière longue » sont prévues pour permettre de prendre en compte ces cas particuliers mais il n’en reste pas moins que nombre des citoyens mènent des carrières qui leur permettent sans difficultés physiques de poursuivre deux années de plus comme envisagé dans le projet de loi. Ceux qui partent en retraite en ce moment ont démarré leur carrière alors que l’âge légal de départ était de 65 ans, comme d’ailleurs pour la génération précédente. Ils ont vu cet âge légal baisser à 60 ans en 1983 (pouvoir socialiste) puis repasser à 62 ans en 2010 (gouvernement conservateur) et il est probable que leurs enfants vont le voir repasser à 64 sous peu, en attendant d’autres éventuels relèvements.

Cette question du misérabilisme revient à se demander, dans le cas d’espèce, si une réforme des retraites doit être formatée pour répondre aux besoins des plus défavorisés ou si elle doit répondre aux besoins moyens et prévoir des exceptions pour les cas particuliers. Les partis d’opposition, y compris ceux de droite, répondent « oui » au premier terme de l’équation, ceux actuellement au pouvoir optent pour la vision moyenne. C’est un peu une question de philosophie politique.

Le plus comique est de voir aujourd’hui le parti Les Républicains (LR) qui avait fait ses campagnes électorales 2022 présidentielle et législative sur la base d’un âge légal à porter à 65 ans, se battre aujourd’hui pour baisser cette limite, déjà proposée à 64 ans et obtenir d’autres assouplissements à cette réforme qu’il qualifie de « brutale ». Plus des concessions financières sont faites aujourd’hui et plus la prochaine réforme des retraites devra intervenir dans un futur proche. Les prochaines majorités parlementaires auront à gérer la suite.

Indécent

Le débat sur le projet de loi visant à repousser l’âge légal pour faite valoir ses droits à la retraite, et à augmenter le nombre minimum de trimestres cotisés pour ce faire, a démarré à l’assemblée nationale dans un chaos indécent largement mené par l’extrême gauche mais sans doute observé avec malice et intérêt par les autres partis d’opposition. Et les députés y vont de leurs claquements de pupitres, hurlements et beuglements, interruptions et interjections, effets de manche et claquements de porte… bref, tous les artifices usés sur les bancs par des générations de députés continuent à être mis en œuvre par des irresponsables, dont les salaires et accessoires sont payés par les contribuables et qui remplissent fort mal le job pour lequel ils sont rémunérés.

Alors évidement tout le monde rappelle que ce genre de comportements de gamins morveux mal élevés a toujours été pratiqué et que, parfois, les injures et noms d’oiseaux volaient bas sous les IIIème ou IVème Républiques. Certes, mais probablement la hauteur de vue de Jaurès, Clémenceau, Blum ou Simone Veil n’avait guère à voir avec celle de Mathilde Panot ou d’Olivier Faure, mais est-ce une raison pour se satisfaire de la médiocrité affichée aujourd’hui par nos élus ? Certainement non mais, hélas, ces élus sont l’image de la société qui les a élus.

Nos enfants vont devoir travailler plus longtemps pour gagner leur retraite, ils vont aussi avoir la tâche vitale de redresser le niveau du pays et des ses élus, en voie de crétinisation avancée. C’est maintenant une question de survie pour la Nation.

L’armée française quitte le Burkina Faso

Partisans du capitaine Ibrahim Traoré défilent avec un drapeau russe dans les rues de Ouagadougou (Burkina Faso), le 2 octobre 2022. SOPHIE GARCIA / AP

Le Burkina-Faso a dénoncé l’accord de défense qui le liait à la France et se traduisait, notamment, par le stationnement d’une base militaire française dans ce pays. Ces accords prévoient aussi généralement la possibilité d’intervention militaire française à la demande des autorités locales. Ils ont généralement été signés dans la foulée des indépendances et ont généré des interventions militaires discutables, essentiellement pour maintenir des dictatures au pouvoir : au Tchad, en Côte d’Ivoire, au Mali… Ces accords sont des survivances d’une époque révolue où la France voulait maintenir son statut d’ex-puissance coloniale en mal d’influence sur le monde.

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Ce temps est désormais passé, les pays partenaires dénoncent les accords les uns après les autres et la France évacuent ses bases militaires, parfois pour les remplacer par une coopération avec la Russie. C’est ainsi et ce n’est pas forcément une mauvaise nouvelle pour Paris ! Par les temps qui courent le redéploiement des militaires français sur l’Europe et la réaffectation des dépenses budgétaires engagées en Afrique ne présentent pas que des inconvénients. Dans le contexte de la guerre d’Ukraine des troupes françaises sont présentes en Roumanie et dans les pays baltes où elles sont a priori bien mieux accueillies qu’à Bamako ou à Ouagadougou, le choix est donc assez simple à faire.

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Après le départ de l’armée française du Burkina il restera encore des troupes au Niger, au Tchad, en Côte d’Ivoire, au Sénégal, à Djibouti, au moins pour ce qui concerne l’Afrique et pour autant que l’on sache. Le sort à terme de ces bases militaires à l’étranger sera immanquablement posé un jour ou l’autre.

Un autre sujet de démantèlement qui lui n’avance pas beaucoup est celui du Franc CFA, monnaie commune de nombre de pays africains ex-colonies françaises du continent et dont la convertibilité avec l’euro est garantie par la France. La fin de cette monnaie commune et son remplacement par l’Eco ont été annoncés en 2019 mais le choses n’ont pas beaucoup bougé depuis et le Franc CFA a toujours cours dans ces pays. Dans le projet initial la France était toujours engagée à maintenir la convertibilité de l’Eco. Après la dénonciation de certains accords de défense il est temps de ressortir des cartons ce projet de réforme monétaire, de le mettre en œuvre, voire de l’ajuster en fonction du nouveau contexte des relations franco-africaines. Ce projet intéressant est au point mort, il mérite d’être relancé.

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L’Europe réarme, les LR en France en veulent plus

Alice / Charlie Hebdo (29/05/2019)

L’Occident réarme pour pouvoir de nouveau être en mesure de mener, et de gagner, une guerre dite de « haute intensité ». La dernière fois que cela s’est passé, les années 1940, cela s’est certes terminé en faveur dudit Occident, mais cela aboutit aussi à environ 60 millions de morts, 2,5% de la population mondiale… Donc on n’est pas très sûr que le réarmement en cours soit vraiment une bonne nouvelle !

Il donne lieu en tout cas à une minable passe d’arme politicienne franchouillarde. Le président de la République vient d’annoncer une enveloppe de 413 milliards d’euros pour la prochaine loi de programmation militaire (LPM) qui devrait courir sur la période 2024-2030, soit sept ans. C’est un montant très significatif mais à ne pas vraiment prendre au pied de la lettre tant les engagements budgétaires français au-delà de deux ou trois ans ont toujours été très-très aléatoires et soumis à nombre d’imprévus. De plus, en période de retour d’inflation, qui peut vraiment savoir à 30% près combien coûtera un char ou un chasseur dans cinq ans… Le seul enseignement que l’on peut vraiment en tirer est que la LPM est en hausse par rapport à la précédente. Le reste n’engage que ceux qui y croient.

Eh bien, ne voilà-t-il pas qu’un député du parti conservateur LR (Cédric Perrin) se plaint que cette somme est insuffisante et que « A moins de 430 milliards, on ne conservera pas un modèle d’armée complet ». Personne ne sait d’où il sort son chiffre ni ce qu’il financerait en plus des 413 Mds pour conserver son « modèle d’armée complet » à 430 Mds. Cela ressemble furieusement au sens de la contradiction systématique développé par LR depuis que la majorité de droite actuellement au pouvoir et à laquelle elle s’oppose, applique les programmes dont LR a toujours rêvé sans jamais oser les voter !

La Corse et ses démons

La Corse est l’objet ces dernières semaines de descentes de police dans les milieux nationalistes et mafieux qui ont donné lieu à de nombreuses gardes à vue. Ce sont souvent les mêmes têtes qui réapparaissent, marquant les liens oh combien troubles entre les milieux nationalistes et ceux du grand banditisme. C’est un peu chaque fois les mêmes histoires de personnes lourdement armées, récidivistes, circulant sur l’Ile dans des voitures blindées, détenant des armes sérieuses à leurs domiciles et dans leurs voitures, impliquées dans des évènements violents et des trafics en tous genres et, souvent, dans les milieux politiques « nationaliste », tous protégés par une omerta de rigueur en Corse tant les traditions claniques y sont fortes et dangereuses pour ceux qui s’en exonèrent.

Cette situation est devenue si difficile à cacher que l’assemblée corse elle-même a estimé nécessaire de s’en saisir sans que l’on ne sache vraiment ce qui est sorti de cette auto-saisine par une institution où cohabitent majoritairement des indépendantistes et des nationalistes. Vu les pédigrés de certains élus il y en a qui ont dû tousser lors des débats…

L’assemblée de Corse devant la violence endémique qui prospère sur l’ile

L’arrestation de Charles Pierri (72 ans) est caractéristique à cet égard : dirigeant de différents courants du FLNC (Front de libération national corse) qui a été multi-condamné pour extorsion de fonds, financement du terrorisme et autres joyeusetés du même ordre, a fait de la prison, qualifié dans un tweet la femme du préfet Erignac assassiné en 1998 d’être « le symbole de la femme française. Ces courageuses femmes françaises qui, de 1940 à 1944 réussirent à faire 400 000 petits bâtards aux valeureux soldats du 3e Reich. » (Délicat !). Il vient d’être à nouveau mis en examen en décembre dernier pour association de malfaiteurs et détention d’armes. C’est à désespérer !

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Au-delà de sa personne qui ne représente qu’un intérêt mineur, il est symbolique de l’incompatibilité de la Corse avec la République française et « l’Etat de droit », base de son organisation démocratique. Les négociations sur « l’autonomie » de l’île ont démarré cahin-caha avec l’Etat français à l’été 2022. Elles doivent véritablement déboucher sur une autonomie-responsabilisation de ce territoire comme prémices à son indépendance. Celle-ci sera longue, douloureuse et coûteuse à obtenir (surtout pour les contribuables continentaux) mais elle doit être clairement la direction fixée.

L’exemple de la Nouvelle-Calédonie et du processus initié en 1988 par Michel Rocard, premier ministre, est un modèle en ce sens. Certes il n’a pas encore permis de rendre son indépendance à cet archipel colonisé, mais il a été mené entre gens intelligents et constructifs qui ont décidé de mettre fin aux violences pour chercher une solution commune vers une indépendance librement consentie par référendum. Une majorité en ce sens n’a pas encore été trouvée en Nouvelle-Calédonie pour le moment mais elle pourrait peut-être émerger en Corse si l’on s’occupe sérieusement du sujet tant à Paris que sur « l’Ile de beauté » plutôt que de se parler à coups de pétoires ou de procédures judiciaires.

Il faut identifier des gens courageux à Paris comme en Corse pour oser proposer des solutions définitives et la méthode pour y parvenir. C’est l’intérêt de la Corse comme celui de la France !

La dette française en passe d’être dégradée

La dette française au 30/09/2022 : 2 957 milliards d'euros

La société de notation Standard & Poor’s (S&P) a assorti la note de la dette française d’une perspective « négative » en décembre dernier. L’agence Fitch avait déjà fait de même. Cela veut dire que dans six mois la note elle-même sera sans doute aggravée, la dette française serait alors considérée comme plus risquée. Toutes choses égales par ailleurs, le taux d’intérêt demandé sera donc augmenté pour couvrir ce risque, indépendamment des hausses de taux actuellement générées sur les marchés par les banques centrales pour lutter contre l’inflation.

Le ralentissement de la croissance annoncé en France, et surtout la mauvaise gestion des finances publiques générant des déficits significatifs hors de contrôle inquiètent les prêteurs potentiels qui vont donc demander des intérêts supérieurs. On les comprend.

Fouteballe et Salle Pleyel

Un samedi ordinaire à Paris que le bobo-rive-gauche met à profit pour aller assister à un concert de rock à la Salle Pleyel dans le VIIIème arrondissement. Hélas, trois fois hélas ! ce n’est pas un samedi tout à fait ordinaire car nous sommes en plein championnat du monde de fouteballe au Qatar (tout de même assez loin de Paris) et, ce samedi, se déroule un premier match impliquant le Maroc (ancien protectorat franco-espagnol jusqu’en 1956) à 16h et un second avec la France à 20h.

Il apparait que le Maroc a gagné son match et, immédiatement, la communauté française d’origine marocaine, détenant la double nationalité ou simplement marocaine, nombreuse en France, spécialement à Paris, sort dans les rues en braillant, drapée dans des drapeaux marocains. Dans la capitale, les Champs Elysées sont le point de ralliement habituel pour les festivités sportives, malheureusement pour notre bobo qui, venant de la rive gauche, doit les traverser pour rejoindre la Salle Pleyel. L’avenue est déjà envahie par des hordes de supporters criant leur joie et bloquant la circulation des citoyens ordinaires. On dirait que les émeutiers ne supportent pas vraiment l’équipe de France…

Une longue file de camions de forces de sécurité stationne au milieu des Champs, tous gyrophares clignotants, entre la place de l’Etoile et la place Franklin D. Roosevelt. Dans toutes les rues adjacentes des brigades à moto dont pré-positionnées pour parer aux émeutes qui ne vont pas manquer de se produire. Le dispositif sécuritaire est impressionnant et on a du mal à croire qu’il ne s’agit que de sport.

A 23 heures, à la sortie de la Salle Pleyel, le bobo enchanté par son concert se retrouve tristement confronté à la déplorable réalité de la baballe. Il comprend rapidement que la France a elle-aussi gagné son match : des voitures tous avertisseurs déclenchés convergent vers les Champs Elysées au milieu des hurlements de fans déjà avinés drapés dans des drapeaux français. Il est temps de fuir le VIIIème arrondissement.

Le plus inquiétant dans cette affaire est que le Maroc doit affronter la France dans un nouveau match mercredi prochain ! Quelle que soit l’issue de cette confrontation de la baballe, l’effet va être détonnant pour la liberté de circuler des citoyens ordinaires et la dévastation du mobilier urbain et autres incivilités qui devraient en résulter.

Une nouvelle fois on constate l’état de délabrement mental accéléré dans lequel le fouteballe plonge ses amateurs et l’emprise dans laquelle il maintient même les plus raisonnables d’entre eux. Dans le cas d’espèce, le statut du Maroc qui fut un protectorat français explique la présence d’une nombreuse communauté marocaine ou d’origine marocaine dans l’hexagone, plus ou moins influencée par le gloubi-boulga « décolonialiste » servi par une intelligentsia en mal de pénitence. Un match Maroc-France mercredi prochain dans un tel contexte est la plus mauvaise nouvelle qui puisse advenir en ce qu’elle va charrier revendications et dévastation, qui que soit le vainqueur. Les contribuables qui déjà finance l’équipe de France de foute et ses frais annexes, les forces de l’ordre qu’il est maintenant indispensable de déployer à chaque compétition fouteballistique, vont également payer pour la remise en état après les émeutes générés par des matchs de baballe se déroulant à 3 000 km de chez eux. C’est la mondialisation du fouteballe !

Aux dernières nouvelles il n’y a pas eu d’émeutes ni au Qatar ni au Maroc à la suite de ces matchs.

Une soirée sur Télé-Bolloré

Riss/Charlie-Hebdo (30/01/2019)

Un petit zapping en soirée sur les chaînes détenues par l’homme d’affaires Vincent Bolloré permet de constater que la « ligne éditoriale » ne varie guère.

Sur CNEWS on regarde la Messe de l’Immaculée conception de la Vierge Marie à Cotignac, dite par un prêtre « issu de la diversité », ce qui ne manque pas de sel s’agissant d’une chaîne dont une bonne part du fonds de commerce est basée sur la critique de l’immigration. Sans doute considère-t-elle que l’Eglise est un « secteur en tension » nécessitant l’assouplissement de son dogme « immigration 0 ».

Sur C8 on voit dans l’émission menée par Cyril Hanouna une gamine, qui commence toutes ses phrases par « genre… » ou « j’étais en mode… » (ou encore « genre, j’étais en mode… »), expliquer comment à 14 ans elle envoyait des photos d’elle nue avec un « Youtuber » qu’elle accuse désormais de l’avoir mise sous emprise. Pour ceux qui l’ignore, rappelons qu’un « Youtuber », encore appelé « influenceur », est une personne qui diffuse des vidéos d’elle-même sur la plate-forme Youtube pour vanter les mérites d’une marque de vernis à ongles ou de shampoing. Elle est généralement rémunérée par lesdites marques et, pour les plus riches, installée à Dubaï, centre mondial du clinquant.

On se souvient de la légendaire intervention de Nabilla qui assurait la promotion de la cryptomonnaie bitcoin : Nabilla et le bitcoin.

Afin de poursuivre sa progression, M.  Hanouna a enrichi son équipe de commentateurs avec Jean-Marie Bigard, humoriste scatologique qui s’est illustré avec ses positions antivax durant la crise sanitaire de la Covid.

On se demande comment la famille Bolloré qui a démontré son intelligence et son efficacité dans le développement de ses affaires peut faire preuve d’une telle compromission dans des médias d’un si déplorable niveau ? Ce n’est sans doute pas par intérêt économique car ces médias sont généralement des gouffres financiers. Il s’agit probablement plus d’une question d’hubris pour la famille bretonne comme celui d’autres familles capitalistes françaises qui ont toutes acquis, ou pris des participations dans des médias : les Arnault (notamment Les Echos et Le Parisien), Pinault (Le Point et Point de vue), Dassault (Le Figaro), Drahi (Libération, BFM, RMC, L’Express), Niel (Télérama, La Vie, Nice Matin, Le Monde), Bouygues (TF1), etc. Alors que beaucoup ont investi dans les médias pour disposer d’un vecteur diffusant leur vision politique du monde (par exemple Dassault a acheté Le Figaro, journal « de droite », pas Libération, quotidien « de gauche »), la spécificité des Bolloré est d’avoir misé sur des médias abrutissant les masses. Elles sont effectivement un marché d’avenir mais quel plaisir cette famille peut-elle avoir de savoir que les animateurs qu’elle rémunère se vautrent dans la fange sans la moindre retenue ? C’est un mystère propre aux Bolloré. Un premier élément de réponse serait de savoir s’ils laissent leurs jeunes enfants regarder Hanouna le soir ?

Lire aussi : La pollution des neurones par les médias « populaires »

L’assemblée de Corse devant la violence endémique qui prospère sur l’ile

Schvartz / Charlie Hebdo (14/07/2021)

Dans un discours plutôt novateur, la présidente de l’assemblée de Corse, Marie-Antoinette Maupertuis, a fait un discours ce 18 novembre reconnaissant que la violence gangrène l’ile et ses milieux économiques et politiques

La session d’aujourd’hui est aussi nécessaire que difficile. Difficile parce que le sujet principal a trait à la violence criminelle, trop souvent à la mort et toujours à la peur.
Et qu’il est difficile pour des élus et à fortiori des citoyens de parler de ce qui est douloureux ou de ce qui impressionne.

Difficile aussi parce que cette criminalité s’exerce sous de multiples formes et que ses modalités opératoires comme son emprise sont parfois insondables et – quoi qu’on en dise – y compris pour des élus.

Ce discours n’est pas vraiment opérationnel mais a le mérite de voir la vérité en face. Il était temps. Il fait suite à un énième assassinat, celui de Massimu Susini en 2019, un militant anti-mafia dont on n’a jamais retrouvé les assassins comme d’ailleurs la plupart des meurtres dans cette ile tant l’omerta traditionnelle est prégnante.

Un discours politique corse ne serait pas complet sans une attaque de l’Etat français. Celui-ci ne déroge pas à la règle mais au moins ne tergiverse-t-il pas avec une réalité qu’il est difficile de contester :

Nous sommes donc aujourd’hui réunis pour débattre sans tabou des dérives mafieuses et pour initier un travail de fond vital à la résolution de la crise que traverse la Corse. Car il existe aujourd’hui en Corse une frange de la population qui fait passer ses intérêts avant ceux de la Corse et des Corses, intérêts qu’elle défend en utilisant une réserve de violence et qui empêche les uns d’entreprendre, les autres de développer, parfois certains de respirer.

C’est peut-être le début d’un processus mais extirper les comportements mafieux et claniques qui régissent l’environnement de cette région va être long et difficile, dans la mesure où la majorité de la population entérinerait la démarche de son assemblée, ce qui n’est pas encore gagné !

Lire le discours complet sur : https://www.isula.corsica/assemblea/Discorsu-di-a-Presidente-di-l-Assemblea-di-Corsica-di-u-18-di-nuvembre-di-u-2022_a935.html

La pollution des neurones par les médias « populaires »

Coco/Charlie Hebdo (24/05/2017)

Cyril Hanouna, animateur de l’émission « Touche pas à mon poste » (TPMP) sur la chaîne de télévision C8 fait de nouveau l’actualité ces derniers temps, largement aidé par le monde politique qui adore venir se vautrer dans ses émissions et comparaître face à ce trublion et sa bande de « chroniqueurs » dont la stupidité racoleuse ferait passer le Café du Commerce du coin de la rue pour une assemblée de prix Nobel.

On a vu récemment son émission s’embraser sur un incident qui s’était produit le jour même à l’assemblée nationale lorsqu’un député d’extrême droite avait crié « qu’il(s) retourne(nt) en Afrique » alors qu’un député d’extrême gauche, « issu de la diversité », posait une question au gouvernement sur le sauvetage en cours de migrants dans la mer Méditerranée, sans que l’on ne sache vraiment si cette invective d’un goût douteux s’adressait au député ou aux migrants dont il parlait. Le soir même, le député victime de cet incident paradait chez Hanouna et un autre député issu du parti de l’attaquant s’expliquait sur la chaîne CNEWS dans l’émission « L’heure des pros » animée par un journaliste spécialisé dans le fouteballe, Pascal Praud, lui aussi entouré d’une bande de commères incapables de la moindre réflexion, préférant dévider des slogans et des poncifs comme s’il en pleuvait. Les deux chaînes appartiennent au groupe de l’homme d’affaires breton Bolloré, très investi dans les médias.

Nouvel incident cette semaine, recevant un des anciens « animateurs » de TPMP, élu député d’extrême gauche cette année, la encore sur le sujet sensible de l’immigration, M. Hanouna, lui-même « issue de la diversité », s’oppose fortement audit député qui avait cité le nom de Bolloré comme membre de la caste des « très riches qui possèdent autant que des millions de pauvres », le ton monte entre les deux lascars aussi inconsistants l’un que l’autre, Hanouna défendant la main qui le nourrit et accusant le député de cracher dans la soupe, plus personne ne s’écoute et M. Hanouna injurie son partenaire qui quitte la scène. Spectacle terminé pour la soirée !

Un animateur de télévision apostrophant un député de la République à coups de « T’es une merde », « Ferme ta gueule » ou « T’es un nase » crée un peu d’émotion dans le microcosme politico-audiovisuel. Vu le calibre des deux belligérants, leur conflit est de peu d’importance mais il est cependant inquiétant que la politique française se fasse de plus en plus sur des plateaux télévisés dont le niveau de réflexion est tout simplement consternant et varie de façon inversement proportionnelle aux scores d’audience.

Ces émissions étant très regardées, les politiques rétorquent qu’y participer est le seul moyen de toucher la catégorie des citoyens qui les regardent, ceux-ci ne lisant pas Le Monde ou Le Figaro, et ne suivant pas non plus le journal télévisé d’Arte… Ainsi on a vu plusieurs candidats à l’élection présidentielle 2022 défiler à TPMP pour des débats avec M. Hanouna, son public et divers autres intervenants. Ils choisissent de compromettre avec la bêtise mais c’est un choix cornélien.

Plus troublante est l’option retenue par M. Bolloré et sa famille, qui ont la haute main sur la programmation de ces deux chaînes et sur le recrutement de ses animateurs, qui choisissent de promouvoir sciemment l’abrutissement des masses en finançant ces émissions et leurs animateurs qui tirent vers le bas le niveau intellectuel des téléspectateurs. On ne peut guère soupçonner les Bolloré de stupidité et il est peu probable que leurs enfants regardent TPMP le soir après leurs devoirs. On ne va pas non plus leur reprocher leur positionnement conservateur et catholique traditionnel mais on s’interroge véritablement sur cette stratégie de favoriser les médias abrutissants. Le marché médiatique du racolage populaire est certainement plus rentable pour le privé que celui de l’intelligence. Sans doute aussi les Bolloré espèrent-ils qu’à force de favoriser les bas instincts des électeurs ceux-ci aillent voter pour des partis de droite ? C’est d’ailleurs ce qui s’est plus ou moins passé en France lors des élection présidentielle et législatives de 2022. C’est ce qui se passe dans d’autres pays proches depuis quelques années.

Cette tactique de parier sur la bêtise des électeurs semble payante à court terme pour ses promoteurs. On a du mal à imaginer qu’elle le soit à plus long terme pour le pays. Ceux qui la promeuvent font preuve d’un cynisme à toute épreuve et pourraient s’en mordre les doigts un jour s’ils étaient capables d’autocritique.

En attendant, peut-on espérer qu’un pays où Cyril Hanouna affiche 6 millions d’abonnés sur son compte Twitter, le fouteballeur M’Bappé 9 millions, ou « l’influenceuse » Nabilla 2,7 millions, puisse sortir de la spirale de décadence dans laquelle il est engagé ? Sans doute non, hélas !

On pourra peut-être se rassurer un peu en constatant que Kim Kardashian a 74,1 millions d’abonnés à ce jour…

Lire aussi : Le crépuscule des bobos, l’envol des ploucs !

Partenariat bla-bla-bla…

Juin / Charlie Hebdo (31/08/2022)

Le président français a félicité son homologue brésilien « Lula » qui a été élu de justesse face au président de droite sortant. Sur une vidéo manifestement diffusée par l’Elysée on voit M. Macron empêtré dans ses parapheurs mener sa conférence téléphonique en assénant sa volonté d’entamer :

Un partenariat stratégique à la hauteur de notre histoire et des défis qui sont devant nous…

On ne sait pas bien ce qu’est un « partenariat stratégique » sinon un slogan de circonstance, fumeux et verbeux. La France coopère certainement avec le Brésil, diplomatiquement et économiquement, elle va continuer à le faire et il n’est pas nécessaire d’en rajouter avec des effets de manche inutiles.

Bagarres dans les copropriétés françaises

Un des effets collatéraux de la guerre d’Ukraine est de provoquer des inquiétudes dans les copropriétés sur leur capacité à chauffer leurs immeubles en hiver. La température de 19° recommandée depuis des décennies pour les logements comme pour les bureaux en hiver n’est que très rarement volontairement respectée en France. Lorsqu’elle est constatée elle résulte le plus souvent, soit d’un incident technique, soit de l’incapacité financière des propriétaires à recharger leurs chaudières.

Prenons au hasard les échanges par courriels en cours dans une copropriété parisienne bourgeoise (mais pas bohème) dont le chauffage est collectif, c’est-à-dire que la consommation d’énergie n’est pas facturée individuellement :

12/09/2022 – 19h41

Bonsoir,
Le compte-rendu de la réunion du Conseil Syndical du 7 septembre 2022 mentionne à juste titre, à propos du chauffage, les « consignes gouvernementales sur la réduction de la consommation d’électricité », il faut aussi être conscient que la vapeur de la CPCU, c’est aussi beaucoup de gaz ainsi que le montre la répartition des sources d’énergies utilisées. (Cf. chiffres 2021 ci-dessous, tirés du site de la société)…

06/10/2022 – 21h46

Bonsoir
Je veux simplement appuyer le point sur le chauffage.
Dans notre appartement nord est bâtiment A radiateur ouvert ça monte à 25 degrés.
Les chambres ont les radiateurs éteints et la température est à plus de 21.5.
En journée nous ouvrons les fenêtres avec les radiateurs coupes dans le séjour pour faire redescendre la température.
Il y a surement quelque chose à faire il serait bon de refaire passer le chauffagiste

07/10/2022 – 10h38

Bonjour
Je ne suis absolument pas d’accord avec le courriel ci-[dessus] en ce qui concerne le chauffage.
Il n’appartient pas à une copropriétaire ne faisant pas partie du conseil syndical de décider de la politique de chauffage pour l’ensemble de la résidence.
Si les conditions climatiques actuelles sont relativement clémentes, elles peuvent se dégrader à tout moment comme cela a été le cas dans la semaine du 26/9 durant laquelle l’absence de chauffage était difficilement supportable.
Quant aux « consignes gouvernementales » évoquées, elles n’ont strictement aucune valeur juridique contraignante.
Je demande donc que le chauffage soit maintenu selon les modalités actuelles.

07/10/2022 – 15h53

Bonjour,
Je me joins à la demande de révision de la politique chauffage de Monsieur XXX. A la mi-Juin dernier, j’avais été surprise en constatant des radiateurs encore chauds après des épisodes de grand beau temps (signalé en A.G.).

08/10/2022 – 11h49

Ne serait-il pas temps de reconsidérer, positivement, l’installation de compteurs individuels tant pour le chauffage que pour l’eau ? Ca pourrait peut-être contribuer à une meilleure conscience de l’utilisation de l’énergie et des ressources…
Si ma mémoire est bonne, la loi et les décrets sont passés, mais l’AG considère qu’elle est souveraine par rapport à leur application !

08/10/2022 – 15h56

Je suis tout à fait d’accord avec cette proposition, sachant toutefois que le loi impose je crois un vote à la majorité de l’AG (à vérifier) pour la mise en place des compteurs individuels, qui sont la seule façon de responsabiliser chacun et de répartir équitablement les charges de chauffage. Ceci vaut également pour l’eau.
Par ailleurs, pour mieux inciter à l’installation de double vitrages, en plus des aides gouvernementales, ne serait-il pas possible d’attribuer, dans le cadre d’une campagne d’installation, sur deux ans par exemple, le montant des économies d’énergie réalisées par la collectivité à ceux qui mettraient ces nouveaux vitrages en place? Cela ne couterait rien aux autres et pourrait présenter un caractère incitatif.
Il est assez honteux de devoir ouvrir ses baies vitrées pour réduire la surchauffe de nos appartements, dans la conjoncture économique actuelle mais aussi pour des raisons environnementales et sanitaires. Que les consignes gouvernementales n’aient pas un caractère coercitif ne change rien à l’affaire! Merci de tout faire pour que cesse la surchauffe inutile de nos immeubles, et l’objectif des 19 degrés est sans doute le meilleur pour notre santé, pour notre économie et pour notre environnement.

Chers voisins, je souhaite que la gestion de notre collectivité s’améliore!

10/10/2022 – 11h45

Bonjour,
Au dernier mail (de Monsieur XXX), je me permets toutefois d’ajouter que, depuis des années, les associations (UFC, ARC…), déconseillent l’installation de « répartiteurs de frais de chauffage » dans les logements collectifs. J’en veux pour preuve l’articulet encore tout récemment publié (joint)
Mais peut-être y a-t-il d’autres solutions pour améliorer notre consommation ?

Bref, c’est l’habituelle confrontation entre les intérêts individuels et l’intérêt général. La bonne nouvelle est que certains admettent la surchauffe et donc un gisement possible d’amélioration sans nuire considérablement au confort de tous. D’autres ne veulent rien changer et surtout ne pas individualiser la facturation ce qui reviendrait à leur faire payer leur surchauffe. Ils préfèrent largement la faire financer par les propriétaires frugaux en chauffage.

Cette querelle picrocholine de peu d’importance montre, si besoin en était, l’importance du signal-prix. Tant que les consommateurs ne payent pas le vrai prix de leur consommation, ils ne sont pas incités à la maîtriser.