Sophie Hunger passe une semaine à la Boule Noire, alors tout nous pousse ce samedi à partager avec elle et son groupe un pur moment de bonheur musical, naturel et délicat, une soirée intime offerte par une artiste au ton juste, âgée d’à peine 25 ans…
Suisse alémanique, folkeuse aux accents jazz, compositrice élégante qui ne néglige pas les reprises de ses aînés, rockeuse-guitariste jouant assise sur une chaise ou devant son piano, voix cajoleuse capable de redoutables éclats, brumeuse sur les ballades, soul sur les rythmes appuyés, émouvante sur les reprise, jazzy sur l’ensemble. Sophie est tout ceci à la fois, un mélange explosif de talent et de simplicité. Elle est entourée d’un groupe remarquable, concis et solidaire, dont un tromboniste à la créativité débordante, jouant de ses sourdines comme de véritables cordes vocales et insufflant une partie de l’âme de cette musique multiple.
Sophie est au centre de la scène, détendue et leader, prévenante et assurée de la tranquillité parfois sereine des créateurs. Elle joue son dernier disque Monday’s Ghost qui se déroule avec naturel. Shape en est le titre emblématique, démarrant dans la douceur de notes pincées à la guitare sur des mots mystérieux et débouchant sur un final enlevé où voix et guitares se déchaînent : And we sculpture a statue to worship and bear/ The chaos that’s behind the glass of who and what and who and what we are.
Des reprises opportunes avec Like a Rolling Stone de Dylan à la guitare électrique, gai et dynamique, Le Vent l’Emportera de Noir Désir debout devant son micro et son aide-mémoire, d’un français hésitant, et enfin un sublime et bouleversant Avec le Temps de Ferré chanté au piano. Le quatrième rappel est joué sans les amplis, les musiciens assis sur le rebord de la scène.
On pense à An Pierlé et son White Velvet, à Fiona Apple. On découvre surtout une artiste déjà avérée, originale, débordant de talent, communicative et partageant son plaisir musical.
Ed Laurie en warm-up.