The Ting Tings au Bataclan pour une soirée de mai plutôt chaude, un couple de musiciens de Manchester montés sur ressort, un concentré d’énergie et de simplicité, The Ting Tings ont enflammé Paris.
Après l’extinction des feus, Jules de Martino arrive éclairé par derrière, grosses lunettes à montures vertes, monte l’estrade et marque une pose devant son clavier tel un empereur romain se demandant le sort qu’il va réserver aux gladiateurs. Le temps de lancer une petite ritournelle en boucle, il s’assied sur sa batterie, aligne quelques riffs de guitare, délaisse les cordes et s’empare des baguettes pour marquer un beat redoutable qui sera la marque de la soirée. Katie White déboule ensuite sur sa propre estrade, jupette à carreaux et casquette ouvrière sur chevaux blonds, elle chante en tripotant un peu d’électronique, puis passe avec talent à la guitare, le tout sans arrêter de danser et de grimper d’une estrade à l’autre, sous l’œil attentif de Jules. Une voix parfaitement maîtrisée, aigue comme le sentiment d’urgence qui anime ce show.
Episodiquement apparaissent en fond de scène trois grâces qui soufflent dans des cuivres, grandes lianes accrochées à leurs instruments, l’une en perruque jaune, l’autre en perruque bleue et la troisième en rouge.
Les Ting Tings nous déclinent leur unique disque We Started Nothing devant des spectateurs qui s’agitent et une température qui monte en flèche. Au fond il n’y a rien d’exceptionnel dans ces compositions, elles sont bien pensées et plus que correctement balancées. Les deux musiciens tiennent leur rôle, techniquement sans plus. Mais il y surtout la magie de ce duo diabolique qui marie si parfaitement musique et attitude, qui porte le rythme comme une religion, qui sait trouver l’alchimie entre la brutalité du rock et la répétitivité de l’électronique, l’humanité de la voix humaine marié à la modernité des compositions. Il y a du brio et du culot dans cette prestation, de l’insouciance dans la création mais déjà assortie de conscience. Bien sûr on pense aux Talking Heads / Tom Tom Club auxquels ils se réfèrent eux-mêmes. C’est du plus concentré mais tout aussi réjouissant.
1h20 de concert, les tubes s’alignent, l’audience trépigne, Mon Dieu qu’il fait chaud ! Le chroniqueur ressort ébahi et plutôt humide d’une soirée parisienne de mai !