Des agences de notation moutonnières

Les agences de notation se payent désormais le Portugal et l’Espagne. En gros elles délivrent un bonnet d’âne à la dette de ces pays qui est désormais mal notée. Du coup les créanciers qui achètent les bons du trésor de ces pays en exigent une rémunération supérieure.

Ces agences ont fait preuve de leur incompétence lors de la crise financière de 2008, sans remonter jusqu’aux scandales Enron, WorldCom ou Vivendi auxquels elles n’ont vu que du feu. Leur caractère moutonnier n’est plus à démontrer et l’on se demande bien sur quoi elles se basent pour attaquer le Portugal et pas la France, dont le niveau d’endettement et l’incapacité à équilibrer leurs budgets sont tout à fait comparables.

Le plus étonnant dans l’affaire est le suivisme des investisseurs, c’est à dire des spéculateurs, certes, mais aussi de toutes les banques et institutions financières qui investissent nos petites économies dans l’achat de titres de ces Etats. En principe les fameux génies des mathématiques qui peuplent leurs salles de marché ne devraient pas avoir eu besoin d’agences de notation pour analyser depuis des années que l’endettement de nos pays européens n’est pas financièrement tenable et que cela dure depuis des décennies. Ce qui arrive est une crise de l’endettement comme celle que subit ma concierge lorsqu’elle prend un découvert à la banque pour acheter une voiture au-dessus de ses moyens et qui ne peut plus rembourser. La France n’a pas eu de budget en équilibre depuis plus de 35 ans. Qu’elle fut en croissance ou en récession, gouvernée par la droite ou par la gauche, elle a systématiquement dépensé plus qu’elle n’encaissait et financé la différence avec de la dette qui pèsera sur les enfants de nos enfants. Il n’y a pas besoin d’être un grand clerc pour diagnostiquer un léger problème, il suffit d’ailleurs de lire les rapports de la cour des comptes… mais les agences de notation continuent à surnoter la France alors qu’elles se tapent l’Espagne e le Portugal.

Les investisseurs continuent du coup à prêter à taux préférentiel à la France. Tant mieux pour les contribuables que nous sommes tous mais tout ceci est parfaitement illogique et bien loin de reposer sur une soi-disant analyse mathématique des situations respectives de ces pays. Et confirme une fois encore que les investisseurs ne mènent pas leurs propres analyses économiques mais se cachent derrière celles des agences alors que ce sont eux qui devraient être décisionnaires sur ces sujets puisqu’ils détiennent les cordons de la bourse ?