Hugh Cornwell – 2010/11/27 – Paris la Java

Le Hugh Cornwell Band est de retour à la Java dans les odeurs de merguez de Belleville. Cette année il y a environ 200 personnes dans ce petit club en sous-sol, soit quatre fois plus que l’an passé, mais le barman n’est pas trop bousculé pour servir ses pressions avec olives en sus.

Hugh reste le même. Il porte le même pantalon/T-shirt noir que l’an passé, quelques mèches de cheveux en moins et toujours une maigreur ascétique. Son groupe a changé : en lieu et place de sa virtuose et pulpeuse bassiste il nous a sorti un quinqua joufflu à rouflaquettes et un chevelu à la batterie.

Il joue de la même Fender noire et éraillée, et avec une identique énergie crypto-punk dont il a su garder la pureté originelle. Il est toujours aussi sympathique une fois passée ses grimaces de mauvais garçon. Connaissez-vous beaucoup d’artistes qui autorisent le téléchargement gratuit de leurs albums sur leur site web ? Et qui publient tout aussi gratuitement les tablatures de leurs chansons ? Et bien Hugh, l’homme en noir le fait pour nos beaux yeux. Même la construction de son site est sympa et multilingue avec options pour le grec, turc, arabe et chinois…

Mais sur scène c’est une autre histoire et le show démarre avec un pêle-mêle de morceaux Hugh Cornwell et The Stranglers qui regonfle l’assistance, pas assez tout de même pour relever les plus moroses qui ont osé amener des tabourets aux pieds des musiciens et s’y asseoir. Les compositions d’Hugh se mêlent parfaitement avec les retours sur le passé. La formation « 3 musiciens » permet cette unité, sans les fioritures si typiques des claviers Stranglers. In the City enchaîné avec Always the Sun, ça passe comme dans un rêve. Alors que l’excitation monte-monte-monte avec la musique et le feedback sur nos jeunes années, les vieux assis du devant résisteront jusqu’à No More Heroes qui clôture le premier set et déclenche un véritable houri-vari, l’entrechoquement des gobelets de bière, la valse des tabourets, le pogo des quinqua.

On croit le show terminé mais Hugh nous annonce qu’ils reviennent après un petit break pour nous jouer Rattus Norvegicus. On croit avoir mal entendu et on file vers le bar pour attendre une possible surprise.

Et ils reviennent, et nous avions bien compris, et ils jouent l’intégrale de Rattus Norvegicus, le premier album des Stranglers, datant de 1977. 33 ans et pas une ride : Hanging Around, Sometimes… C’est le délire à la Java, il n’est plus question de places assises, les quinquas se retrouvent au milieu des musiciens (il n’y a pas de séparation entre la scène et le public), Hugh et son producteur leur demandent de rester un peu en arrière car le groupe ne peut plus jouer, c’est presque peine perdue tant plus personne n’écoute lorsque démarre Peaches.

Tant bien que mal Hugh place sa rythmique ravageuse, assène des refrains légendaires : Walking on the beaches/ Looking at the peaches…, rejoue les solos de claviers sur sa Fender pendant que rouflaquettes bombarde ses basses et que chevelu sur ses fûts en ferait presqu’oublier Jet Black.

Hugh Cornwell mâtiné The Stranglers : une soirée inoubliable ! Pas de nostalgie, juste du Rock vrai et sincère joué par une bande de durs assagis qui dédient leur âme à la musique, quoiqu’il arrive. Après les années de galère, les aléas de violence, les disques à la pelle, ils sont toujours là, et nous aussi. A l’année prochaine.