Free Angela

Magnifique documentaire sur Angela Davis, icône américaine des années 70 qui lutta avec les Black Panthers et le parti communiste de son pays pour la défense des droits civiques de la population noire américaine.

Accessoirement elle rendit célèbre la coupe afro en boule. Assistante à UCLA en philosophie européenne elle est d’abord exclue pour être communiste et révolutionnaire, Ronald Reagan est alors gouverneur de Californie et vote bien sûr pour cette décision. Cela ne la décourage pas dans son engagement en faveur des prisonniers politiques afro-américains et de la Révolution, elle est ensuite impliquée dans une sanglante évasion de prison, passe dans la clandestinité avant d’être arrêtée puis acquittée (par un jury de blancs) avec un soutien populaire dans le monde entier.

Le documentaire mêle les programmes d’époque entrecoupés d’une longue interview d’Angela aujourd’hui et, hélas, des incontournables moments de fiction joués par des acteurs et que les réalisateurs de documentaires se croient désormais obligés d’incorporer dans ce genre qui n’en a vraiment pas besoin tant les informations d’époque sont percutantes.

Chaque matin Angela entrait dans le tribunal le point levé à la Black Panthers, comme les sprinters américains aux jeux olympiques de Mexico en 1968, ou comme, vingt ans plus tard, Nelson Mandela au sortir de 30 années d’emprisonnement à Robben Island !

Avec Free Angela c’est toute une tranche de vie qui repasse sous nos yeux, celle de l’Amérique violente et primaire qui n’avait pas encore vraiment admis sa diversité, celle des combats politiques majeurs pour les droits civiques, contre la guerre du Vietnam, mais aussi celle de l’Amérique et ses alliés occidentaux empêtrés dans une guerre froide contre le monde soviétique qu’ils vont finalement gagner avec des moyens pas toujours complètement légaux ni moraux. Dans cette lutte à mort entre les empires, ce n’est pas le plus mauvais qui a vaincu, mais combien les combats d’Angela et des siens paraissent à la fois dérisoires face aux enjeux mondiaux de l’époque. Mais eux aussi ont vaincu d’une certaine façon, même si la Révolution n’a jamais été instaurée aux Etats-Unis.

Woodstock et les solos désespérés de Jimi Hendrix ne sont jamais loin !