Coûts de production et faux-jettonerie

Une usine textile s’effondre au Bangladesh, le décompte atteint 1 000 morts. Dans un bel ensemble les bonnes âmes des pays riches à travers la planète s’émeuvent que les vêtements de marque qu’ils portent fièrement, où les aïe-phones qu’ils manipulent si hystériquement, puissent être fabriqués dans ces usines du tiers-monde aux conditions de sécurité si déplorables… Il suffit de regarder les étiquettes et lorsque l’on voit Bangladesh ou Chine ou Inde, on peut, sans trop de risques de se tromper, imaginer que les conditions de travail dans ces contrées ne sont pas les plus généreuses de notre pauvre monde !

Comme de bien entendu, si l’on veut mettre ces usines aux normes occidentales, les coûts de production vont augmenter, et probablement aussi les prix de vente. Alors lorsque les consommateurs, mêmes aisés, doivent arbitrer entre leur porte-monnaie et le bien-être de l’ouvrier bangladais, leur choix est souvent le même. Il serait donc aussi bien qu’ils nous évitent leurs cris d’orfraie dont la faux-jetonnerie n’a d’égal que la gloutonnerie de leur consumérisme.

C’est un peu comme le soutien à notre agriculture nationale : tout le monde est d’accord pour déplorer le faible niveau des prix à la production mais personne n’est prêt à payer son bifteck ou ses tomates plus chers pour acheter des fruits et légumes issus de l’agriculture française, ou tout simplement à manger des aliments de saison pour éviter de consommer des tomates marocaines ou des kiwis néozélandais en hiver.