Festival Rock en Seine – 2013/08/23>25 – Paris Parc de Saint-Cloud

Vendredi 23 août 2013

Savages

4 filles en noir, l’air renfrogné et pas un sourire, une forte inspiration Siouxsie, The Cure et Joy Division. Un excès de réverbération, des effets de guitare miaulante, du rythme sombre et une chanteuse charismatique ; on se retrouve dans les 90’s, les misses n’ont rien inventé mais jouent avec l’énergie du désespoir ; cette époque musicale fut grandiose alors pourquoi se priver à l’heure où ces jeunes femmes s’y replongent ?

Setlist : I Am Here/ City’s Full/ Shut Up/ Give Me a Gun/ I Need Something New/ Strife/ Flying to Berlin/ No Face/ She Will/ Hit Me/ Husbands

Belle and Sebastian

Une joyeuse bande de potes écossais(es), folkeux électrifiés des Highlands, habillés en marinière, sautillants et proprets, mélancoliques et bien coiffés, de jolies voix et des rythmes enjoués, leur musique s’écoule comme dans une veillée scout, ou sur une autoroute un jour grisonnant.

Setlist: Judy Is a Dick Slap/ I’m a Cuckoo/ Le Pastie De La Bourgeoisie/ The Stars of Track and Field/ I Want the World to Stop/To Be Myself Completely/ Your Cover’s Blown/ We Are the Sleepyheads/ I Didn’t See It Coming/ The Boy with the Arab Strap/ Legal Man/ Judy and the Dream of Horses

Johnny Marr

Ex-membre du groupe légendaire The Smiths et guitariste du duo qu’il composait avec Morrissey. Chacun vaque à ses occupations depuis la séparation à la fin des 80’s, mais aucun ne fait oublier quelques-uns des disques qu’ils ont produits ensemble, parmi les plus mythiques du rock.
Johnny entre en scène mordant une rose rouge, toujours mince et nerveux, le voilà reparti pour nous charmer d’un jeu de guitare virtuose. Il s’est mis au chant, il faut bien, et nous ressert quelques classiques des Smiths, cela tombe très bien puisque le public est venu pour ça.

Setlist : The Right Thing Right/ Stop Me If You Think You’ve Heard This One Before/ Upstarts/ Sun & Moon/The Messenger/ Generate! Generate!/ Bigmouth Strikes Again/ New Town Velocity/ I Fought the Law/How Soon Is Now?/ There Is a Light That Never Goes Out

Alt J

Le groupe dont on parle, un quatuor de jeunes britanniques tout en subtilité et créativité. Un guitariste chanteur accompagné par un claviériste, un deuxième guitariste et un batteur. L’âge moyen de ce petit monde doit tourner dans les 23 ans, et leur inventivité est stupéfiante.
Visuellement tout d’abord : la scène est d’un dépouillement ultime, il n’y a même pas un ampli qui est visible, les 4 sont en ligne horizontale sur le devant de la scène, le clavier et sa casquette-à-l’envers qui chante en contre-point, le chanteur barbu qui pizzicate sa guitare et place sa voix nasillarde dans les aigus pour des mélodies désarmantes, le second guitariste/bassiste noyé sous une mèche de cheveux peroxydés et le batteur aux caisses étranges.

Et cette musique si pure s’infiltre dans nos méninges comme une rivière de miel, tout est délicat et inattendu, tout est harmonie et originalité. On comprend comment ce groupe venu de Leeds aura créé le buzz cette année sur la scène rock. Que peut-il bien se passer dans la tête des garçons si sages pour produire une musique d’une telle douce intensité ?

Setlist: Intro/ ❦ (Ripe & Ruin)/ Tessellate/ Something Good/ Buffalo/ Warm Foothills/ Dissolve Me/ Fitzpleasure/ Matilda/ ❦ (Guitar)/ Bloodflood/ Ms/ Breezblocks/ A Real Hero/ Taro

Frantz Ferdinand

Encore des écossais proprets mais ces 4 la sont largement plus délurés que Belle and Sebastian, ce n’est rien que de le dire et c’est la raison pour laquelle ils font la fin de soirée sur la grande scène !

Chemises chamarrées, tressautant, sympatoches et un peu têtes-à-claques, ils mènent bien leur barque et remportent un franc succès. Des guitares saccadées, des riffs rageurs, des voix bien placées, des morceaux courts et bien tournés, la recette sans surprise pour emporter la foule sur des nuages, dans lesquels on ne reste pas si longtemps, le plaisir étant aussi éphémère que les compositions.

Setlist : No You Girls/ Right Action/ The Dark of the Matinée/ Evil Eye/ Do You Want To/ Walk Away/ Stand on the Horizon/ Can’t Stop Feeling/ The Fallen/ Bullet/ Michael/This Fire

Samedi 24 août 2013

Black Rebel Motorcycle Club

He-he ! Les Black sont sur la grande scène pour ce début de soirée, de mieux en mieux. Leur blues électrifié se porte mieux dans des petites salles enfumées, mais ils font bonne figure à Saint-Cloud, ils n’ont peur de rien.

Lea bat le rythme qui se perd un peu dans les nuages et ses deux boys assurent le devant de la scène. Certains blues grinçants des Blacks ne sont pas forcément formatés pour grands espaces mais les classiques réveillent les spectateurs en cette fin d’après-midi.

Nine Inch Nails

C’est le clou du week-end et la foule est venue s’installer en masse aux pieds de la grande scène déjà bien avant le début du show.

Et le spectacle fut terrifiant, halluciné, à la mise en scène définitivement moderniste, frisant l’art contemporain. Trent Reznor et les siens ont su monter un jeu d’installations fantomatiques et explosives s’alliant si bien avec ce rock industriel dont ils sont les chantres. Une série de panneaux électroniques coulissants sur lesquels sont projetées des images incertaines allant de visions d’échographies aux spectres radiologisés des musiciens qui vont et viennent devant et derrière ces panneaux infernaux. C’est l’odyssée de l’espace atterrissant sur la planète rock.

Comme toujours Reznor affiche une présence charismatique et athlétique qui foudroie l’atmosphère. Une boule de nerfs émergeant d’un paquet de muscles : qu’il manipule fébrilement ses claviers, extirpe d’incroyables déchaînements soniques de sa guitare ou vocifère accroché à son pied de micro comme si sa vie en dépendait, il mène à la baguette un groupe et un show uniques pour l’accomplissement d’une débauche de rock tendance (très) dure, de technologies et de lumières.

La musique, puisqu’il s’agit tout de même d’elle, est assez indicible, à la fois primaire et sophistiquée, bruitiste et complexe, parfois douce mais toujours pour mieux préparer l’arrivée de la violence sonique. Le tout est dantesque.

Un concert des Nine Inch Nails c’est une expérience sensorielle écrasante… et inoubliable.

Setlist: Somewhat Damaged/ The Beginning of the End/ Terrible Lie/ 1,000,000/ March of the Pigs/ Piggy/ Closer/ Gave Up/ Help Me I Am in Hell/ Me, I’m Not/ Find My Way/ The Way Out Is Through/ Wish/ Only/ The Hand That Feeds/ Head Like a Hole/ Hurt

Valerie June

Un petit passage chez Valerie June, pas d’un grand intérêt et a encore du chemin à faire ; mais on peut aussi admettre que le festivalier au sortir d’un show de Nine Inch Nails a des sens un peu perturbé…

Dimanche 25 août 2013

Tricky

Et Tricky clôture le festival sur la scène Pression Live avec en intro un instrumental remake de Sweet Dreams are made of this. Toujours félin et évoluant dans une autre galaxie dont il nous entrouvre quelque voies d’accès vers sa planète trip-hop. Comme à son habitude il joue avec un groupe mixte (sexes et origines), et notamment une remarquable chanteuse qui chante au moins autant que son leader… Tout ce petit monde doit anticiper et suivre les indications de l’imprévisible Tricky capable de quitter la scène de longues minutes ou de faire durer un morceau plus de 15 minutes, à grands moulinets de bras dans le vide pour guider l’intensité du jeu.

C’est de l’improvisation inspirée qui réjouit les spectateurs mais désespère la sécurité. Le concert prévu pour 45 minutes va durer 1h30… malgré les demandes pressantes des organisateurs. Qu’importe, Tricky a déjà éjecté un cameramen qui le gênait, allumé une quantité incroyable de joints, fait monter à 3 ou 4 reprises 100 ou 150 spectateurs pour danser sur la scène avec lui, avec eux, alors rien ne l’arrête et il terminera le concert quand bon lui semblera

Le micro sur le cœur pour nous faire partager les battements vitaux, ils nous emmènent très haut dans sa mystique musicale. On craint la coupure de la sono pour dépassement du temps réglementaire mais ils iront au bout de notre rêve ce soir, au crépuscule de cet excellent Rock-en-Seine 2013 dont nous fêtions le dixième anniversaire !

Setlist: You Don’t Wanna/ I Live Alone/ Nothing’s Changed/ Ace of Spades/ Parenthesis/ Tribal Drums/ Puppy Toy/ Black Steel/ I Sing For The Joker/ Bonnie & Clyde/ Do You Love Me Now?/ Nothing Matters/ Vent/ Feel the Same