Moins d’un an après leur dernier passage au Trianon en mars dernier, voici les Black Rebel Motorcycle Club de retour à Paris. C’est la poursuite de la la promotion de Specter At The Feast, mais surtout la continuation de la vie de ce groupe fait pour la route et les salles sombres. Et d’ailleurs ils nous informent que ce soir marque la fin d’une tournée d’un an.
A l’extinction des lumières nos trois complices vêtus de noir se glissent derrière leurs instruments : Robert en cuir et capuche, Peter en cuir et Leah en T-shirt. Dans des lumières bleues tournoyantes ils entament Fire Walker, qui introduit le nouveau disque, avec son rythme pesant de basse et la voix plaintive de Robert : Sweet birds, in the cage/ Sweet birds, in the cage… et s’en suivront, dans l’ordre, les 11 morceaux de Specter at the Feast.
Ce disque est une perle noire dans un écrin de blues. Une œuvre de maturité ; simplicité et évidence marquent l’ambiance de ces 12 morceaux. L’inspiration est sombre, comme toujours, mais atteint ici une sorte de troublante sérénité. Cachés derrière capuche et lumières tamisées en clair-obscur, ces rockers de l’au-delà nous invitent à les rejoindre pour une longue balade blues. Leurs mots sont souvent mélancoliques, il y est question d’amours impossibles, de relations distendues, de communication perturbée, il y est question de l’Autre sans qui rien n’est possible : You are the quiet in my soul/ You are the pieces of gold/Won’t you shine/ Why won’t you shine/ I will walk till I’ve no shadow/ I will walk till I’ve no shadow… (Lullaby)
La présentation intégrale sur scène de ce disque est un cadeau sans prix pour les spectateurs parisiens. Les Blacks y délivrent leur âme ! Evidemment certains restent sur leur faim devant le rythme de ce disque et du concert et regrettent les longues envolées de guitares grasses auxquels nous étions habitués. Aujourd’hui nous sommes plus dans le romantisme. Etrange atmosphère pour ce groupe définitivement rock mais c’est le mood du moment, alors laissons-nous aller.
Une fois achevé la relecture de Specter at the Feast sur Loose Yourself, le groupe revient sur ses classiques et un domaine plus familier et dynamique (Berlin, Beat the Devil’s Tattoo…). Mais on ne reste jamais loin de la mélancolie ambiante avec un rappel acoustique (sans micro) sur Mercy et Shuffle Your Feet.
Le show se termine sur le classique Whatever Happened to My Rock ‘n’ Roll (Punk Song), retour aux sources et le Trianon s’enflamme une dernière fois.
Les BRMC changent et nous le font savoir avec brio. Ils restent néanmoins inspirés par le blues et c’est ce qui fait notre bonheur. Ce dernier disque est risqué, marque une étape qui, soyons en sûrs, sera reçu par les aficionados de ce groupe d’exception.
Setlist : 1. Fire Walker/ 2. Let the Day Begin (The Call cover)/ 3. Returning/ 4. Lullaby/ 5. Hate the Taste/ 6. Rival/ 7. Teenage Disease/ 8. Some Kind of Ghost/ 9. Sometimes the Light/ 10. Funny Games/ 11. Sell It/ 12. Lose Yourself/ 13. Beat the Devil’s Tattoo/ 14. Ain’t No Easy Way/ 15. Berlin/ 16. Conscience Killer/ 17. Screaming Gun/ 18. Rifles/ 19. White Palms/ 20. Stop/ 21. Spread Your Love
Encore : 22. Mercy/ 23. Shuffle Your Feet/ 24. Whatever Happened to My Rock ‘n’ Roll (Punk Song)