Fillon, libéral en chocolat

François Fillon, libéral de programme électoral, l’homme qui veut réduire la dépense publique de 110 milliards d’euros au cours d’un quinquennat dont il serait président, en plus de revenir à 39 heures de travail hebdomadaire, passer l’âge de la retraite à 65 ans, supprimer l’impôt de solidarité sur la fortune, bref appliquer à la France un vrai programme économique libéral tel qu’il n’a jamais été tenté (et encore moins durant les cinq années durant lesquelles ledit Fillon était premier ministre), commence à mettre un peu d’eau dans son vin. Peut-être inspiré par les mouvements sociaux (limités) en cours qui rappellent la force de nuisance des syndicats dans la République, François Fillon a, dans un discours du 7 juin, posé quelques affirmations sociales destinées à démontrer qu’il n’est pas un sauvage le sabre entre les dents prêts à en découdre avec la moitié de la France qui ne votera pas pour lui s’il est présent au deuxième tour des élections présidentielles.

Son discours s’intitule : « Pour une vraie justice sociale ». L’esprit est que la justice sociale est d’abord que chacun puisse travailler et que lutter contre les inégalités relève d’abord de la croissance économique dont il faut créer les conditions. Et d’ajouter, par exemple :

C’est par cette libération du travail que nous ferons reculer le chômage et ce qui va avec : l’exclusion, la pauvreté, la violence.

Cette libération du travail, je l’accompagnerai d’un vrai soutien au pouvoir d’achat des classes moyennes avec la fin de la mise sous condition de ressources des allocations familiales, la revalorisation du quotient familial, la suppression de la dernière cotisation salariale assurance maladie…

Je veux ainsi redonner 10 milliards de pouvoir d’achat supplémentaires aux classes moyennes.

Une petite touche de Keynésianisme ne fait pas de  mal et permet de cacher la misère pour espérer être élu… surtout quand on écrit par ailleurs que la baisse des taxes et impôts pesant sur les entreprises et la suppression de l’impôt de solidarité sur la fortune seront financés par une hausse immédiate de de la TVA.

Ce que n’osent pas dire clairement les parangons du libéralisme c’est que pour réussir leurs programmes ils devront assumer une baisse massive du coût du travail (ou, pour être politiquement correct « un rétablissement de la compétitivité des entreprises ») et une précarisation significative des contrats de travail (ou, pour être politiquement correct « un renforcement de la flexi-sécurité du marché de l’emploi »).

La baisse du coût du travail sera obtenue en travaillant plus pour le même salaire ou autant pour un salaire inférieur ainsi que par la baisse drastique des prestations sociales financées par les cotisations sociales, et non pas en transférant la charge des entreprises vers d’autres contribuables comme cela est fait actuellement.

Il va bien falloir un jour faire comprendre à la population que baisser les dépenses signifie que l’on va dépenser moins et non que l’on va faire payer les dépenses par le voisin. Fillon et ses comparses libéraux ne semblent pas encore définitivement prêts à assumer ouvertement cette règle élémentaire du libéralisme. Peut-être s’agit-il d’une tactique politique : se faire élire sur le flou et appliquer sa politique ensuite ?

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