PJ Harvey, un nouvel album « The Hope Six Demolition Project » et une tournée ; PJ Harvey et son groupe si envoûtants, terriblement élégants et so british. Ce disque a été enregistré dans des conditions publiques plutôt originales.
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La bande arrive à la queue leu leu, frappant des tambours en bandoulière telle une fanfare militaire en cymbales et mirlitons. Polly Jean est au centre de la mêlée, accrochée à son saxophone, sa longue chevelure toujours encombrée de parements étranges, vêtue comme une vestale romaine mais en noir, comme ses musiciens. Le décor est très dépouillé, comme la gestuelle des musiciens, minimaliste. Peu de lumière, que des ombres, un vague décor ressemblant à des étagères en fond de scène qui prendra différentes colorations selon les éclairages, tout pour la musique.
Le show commence par cinq morceaux du nouveau disque puis embraye sur le précédent Let England Shake. Le groupe est renforcé par une section cuivre, les musiciens troquent régulièrement leurs instruments contre des percussions et assurent souvent le chœur sur lequel se pose la voix aigüe et traitée de PJ, le tout donnant un aspect un peu folk traditionnel à cette musique qui s’éloigne de l’inspiration rock des origines pour aller vers plus d’obscurité et de méditation.
Polly Jean accompagne ses textes de gestes un peu enfantins, un peu mime. Les mots disent la destruction des villes, celles provoquées par les guerres : How to stop the murdering? By now we should have learned-/ if we don’t then w’re a sham, bad overwhelms the good. (Al ine in the Sand). Autant Let England Shake narrait plutôt justement les ravages de la première mondiale, autant ce dernier disque fait un peu preuve d’une désarmante naïveté, opposant par exemple les chansons The Ministry of Defense avec The Ministry of Social Affairs… avec quelques poncifs de circonstance.
Sur scène ce petit travers n’est que de peu d’importance tant le groupe pulse à l’unisson sous la baguette rigoureuse de son leader. PJ joue régulièrement de son sax épaulée par la sérieuse section cuivre qui se déchaîne de belle façon sur 50ft Queenie. Elle ne touche pas une guitare et ne dira mot de tout le show si ce n’est pour présenter ses musiciens, dont les ultra-fidèles John Parish et Mick Harvey.
Le show se termine sur River Anacostia sur le final duquel tous les musiciens chantent a cappella sur le front de scène : What will become of us? avant de repartir comme ils sont arrivés.
Impérieuse, elle contrôle à la perfection ce show du genre glaçant. Charmeuse, elle chante toujours merveilleusement bien. Créatrice, elle subjugue par son éclectisme et sa capacité à créer des spectacles habités !
Setlist : Chain of Keys/ The Ministry of Defence/ The Community of Hope/ The Orange Monkey/ A Line in the Sand/ Let England Shake/ The Words That Maketh Murder/ The Glorious Land/ Written on the Forehead/ To Talk to You/ Dollar, Dollar/ The Devil/ The Wheel/ The Ministry of Social Affairs/ 50ft Queenie/ Down by the Water/ To Bring You My Love/ River Anacostia
Encore : The River/ Is This Desire?
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