CYRULNIK Boris, ‘Un merveilleux malheur’.

Sortie : 1999, Chez : Editions Odile Jacob

Neuropsychiatre réputé et médiatique, Boris Cyrulnik développe dans cet ouvrage le concept de résilience qu’il a vulgarisé comme étant :

« la capacité à réussir, à vivre et à se développer positivement, de manière socialement acceptable, en dépit du stress ou d’une adversité qui comportent normalement le risque grave d’une issue négative. »

Appliqué aux enfants ayant affronté des traumatismes profonds (Auschwitz, inceste, guerre…) les développements de l’auteur sont plutôt optimistes sur la formidable capacité des enfants à rebondir, leur insatiable énergie développée pour continuer à vivre malgré les épreuves terribles qu’ils ont vécues et ce, pour peu que la société ou leurs familles (les deux en fait) soient capables de leur donner la structuration nécessaire à leur reconstruction. Et, il semble qu’un minimum leur soit seulement vraiment nécessaire.

L’auteur détaille nombre d’expériences menées depuis des lustres sur des populations comparables, les unes ayant subi des traumatismes profonds, les autres pas. Ceux qui réussissent leur vie loin de dépression et délinquance ne sont pas forcément ceux que l’on attend. Sous réserve que les traumatismes puissent être exprimés, que le passé ne tombe pas aux oubliettes et que l’environnement culturel et affectif délivrent les tuteurs nécessaires, ces enfants carencés réussiront mieux que les autres, par une inextinguible soif de vivre et de revenir dans la « normalité ».

Cyrulnik cite et illustre nombre de remèdes et de résultats de la souffrance : la créativité, le rêve, la « musculation » du « moi », la gestion du secret…, et il le fait dans un style très lisible même pour un néophyte de la psychiatrie. Il y a bien sûr des termes qui poussent le lecteur vers son dictionnaire mais celui-ci perçoit la puissance de la pensée derrière ces raisonnements souvent lumineux, les années de travail pour mieux connaître l’Homme et ses comportements. Un livre passionnant.