Des frontières

Les négociations sur les conditions du divorce entre le Royaume-Uni et l’Union européenne battent leur plein. Les difficultés auxquelles les britanniques ne s’étaient pas préparés, sans doute convaincus que le résultat de leur référendum de 2016 ne serait pas ce qu’il fut, ces difficultés sont grandes. Il est vrai qu’il faut démonter une fantastique bureaucratie multilatérale et en remonter une seconde qui fondera les nouvelles relations entre l’ile et le continent après la séparation.

Il apparaît que le point dur auquel se heurtent les parties concerne la frontière à rétablir entre la République d’Irlande et l’Irlande du Nord, territoire britannique postcolonial. Et ce n’est pas la moindre des contradictions dans cette affaire : alors que l’une des causes majeures de cette volonté britannique de quitter l’Union est justement de vouloir rétablir les frontières et mettre fin à la libre circulation des personnes, le Royaume ne veut surtout pas en voir une réapparaître en Irlande. Tout d’abord la majorité conservatrice actuelle à Londres tient aussi à quelques députés d’Irlande du nord unioniste qui ne le veulent pas, mais surtout il existe des craintes probables que l’hypothèse ne relance la guerre civile et religieuse qui a ravagé ce territoire des décennies durant.

Le risque existe et Londres en fait un point de blocage à la conclusion de tout l’accord. Elle veut des frontières partout, sauf avec Irlande. L’Union ne sait pas trop comment faire avec cette exigence qui reviendrait à maintenir du libre-échange avec l’Irlande du nord qui est elle-même territoire britannique, ce qui fait réagir Londres qui refuse qu’une partie du Royaume reste régie par les règlements européens et à exercer des contrôles douaniers entre l’Irlande du nord et l’Ile principale britannique. C’est assez inextricable. En fait, au-delà des questions de souverainetés respectives, ce qu’il y a au bout du chemin c’est la question de la réunification de l’Irlande et c’est évidemment encore bien plus explosif…