Sorti en : 2007, Chez : POCKET 13536
Toujours à la recherche d’idées saugrenues pour justifier ses pérégrinations, Sylvain Tesson décide cette fois-ci de suivre à vélocipède la route des pipe-lines transportant le pétrole des Républiques d’Asie centrale vers l’Ouest. Ce chemin lui permet de vivre son attirance pour les pays de l’Est et de réfléchir sur l’importance de l’or noir pour l’économie de notre planète depuis plusieurs siècles.
Parti de la mer d’Aral en Ouzbékistan il pédale jusqu’aux rives de la Turquie méditerranéenne, entre chaleurs et vents du désert, au cœur de pays déglingués mais parfois extrêmement riches, souvent dirigés par des satrapes soviétisant, il chemine sans peur et sans reproche, bivouac au milieu de nulle part, croise des personnages improbables : douaniers, exploitants de plateformes pétrolières, éleveurs…
Le pétrole est le fil conducteur de ces errements à travers les steppes asiatiques, sa puissance, ses méfaits, la pollution engendrée, celle des paysages comme celle des âmes,
« Il brûle comme le sang de Satan. Il pue le souffre. […] Les guerres, les tensions, les corruptions qu’il suscite sont les preuves de l’énergie obscure qu’il dégage. »
Mais cette énergie est l’alpha et l’Omega du développement économique de la planète et les pipe-lines courent sur la surface de la terre comme les veines sous la peau de l’Homme pour irriguer la vie.
Tesson en profite, bien sûr, pour évoquer l’homo-soviéticus dont il est si proche, fait d’un mélange de vodka, de désespoir, d’énergie créatrice et souvent destructrice. Des musulmans du Kazakhstan aux chrétiens de Géorgie, Tesson dresse une fresque humaine rocambolesque de ces populations disséminées sur sa route. Il le fait dans son style toujours percutant où ses observations se mêlent à ses références philosophiques et littéraires. Il a le sens de l’aventure définitive, il a la plume d’un Kessel pour la faire partager à ses lecteurs !