« Paula » est un film qui dérange par son sujet, l’emprise d’un père sur sa fille, et du fait de la façon de filmer, tout en gros plans, au plus près des personnages, parfois à l’occasion de scènes peu ragoutantes. Il s’agit du premier long-métrage de la réalisatrice Angela Terrail Ottobah qui a déclaré avoir été victime d’inceste par son « père biologique » durant cinq années de sa jeunesse. Le film est donc un peu autobiographique mais la réalisatrice, qui a fait des études de philosophie et d’ethnologie, n’a pas voulu montrer l’inceste en lui-même, se « limitant » à l’emprise exercée par un père se remettant d’une maladie respiratoire et qui emmène Paula vivre avec lui dans une petite maison de « poupées » au bord d’un lac dans une forêt.
La question du viol c’est si énorme, si violent que ça peut prendre tout la place dans le récit et en laisser très peu pour d’autres composantes de l’inceste qui sont fondamentales pour moi. Je voulais raconter l’emprise sur le psychisme et le corps, et cette espèce d’idée de l’amour. Paula, c’est l’histoire d’un père qui aime sa fille mais très mal, au point de la tuer.
https://www.arizonafilms.fr/upload/PAULA/Paula_dp%2006-06%20web.pdf
On voit la situation se dégrader avec la montée des exigences du père qui force sa fille à devenir végan tendance extrême, détruit l’intérieur de la maison pour la transformer en une pièce unique et dénudée aux fenêtres obstruées, déscolarise Paula, lui fait subir des épreuves qui la terrifient la nuit dans la forêt, la coupe de toute communication, notamment avec sa mère qui est en mission en Corée… et la jeune fille réalise progressivement la démence qui s’empare de son père à son encontre. Malgré la solitude dans laquelle il l’a plongée pour mieux l’asservir, Paula va se défendre.
Un film inquiétant qui décrit, sans doute de façon réaliste, l’aspect dévastateur du crime d’emprise ou d’inceste d’un parent sur ses enfants. La performance d’actrice de Paula dans ce film est assez stupéfiante compte tenu du sujet et de sa jeunesse, espérons qu’elle eut la maturité suffisante pour faire la différence entre le scénario et la vraie vie !