Le film d’Isabelle Brocard revient sur la relation passionnelle et intrusive que Madame de Sévigné (jouée par Karin Viard) partageait avec sa fille Françoise (jouée par Ana Girardot) au XVIIe siècle. Louis XIV règne à Versailles et toute une aristocratie désœuvrée se presse à ses fêtes où, dans l’une d’elle, le Roi essaye de séduire Françoise. Sa mère, féministe avant l’heure, met fin à cette tentative de Louis et, pour la mettre à l’abri, marie sa fille à un noble désargenté qui l’installe en Provence dans son château de Grignan. Il va s’en suivre une intense correspondance entre la mère et la fille, la première voulant accaparer la seconde qui cherche à se défaire de cette emprise morale et affective.
Cette correspondance conservée par la fille sera publiée après la mort de sa mère en 1696 donnant ainsi le statut d’épistolière à Mme de Sévigné, qui traversera les temps. On écrivait beaucoup à l’époque et ces lettres font aussi un peu la chronique d’une époque de la noblesse française. Ses lettres furent parfois partagées de son vivant dans son petit milieu, déclenchant des réactions inattendues dans une cour royale futile et avide de cancans.
Le film insiste sur la relation mère-fille, parfois destructrice. Mme de Sévigné, veuve depuis ses 25 ans, rêve de liberté pour sa fille mais lui arrange un mariage « de raison » avec un homme intéressée par sa dot confortable. Françoise l’aimera finalement de façon plutôt classique et sincère. Elle lui donnera neuf enfants et… sa fortune. Devant cette mère exclusive et exigeante, excessivement aimante, le couple comprendra son influence néfaste sur la santé psychique et physique de Françoise. Son mari exigera qu’elles rompent leurs relations, ce qu’elles feront tout en continuant à s’écrire pour transcender cette séparation. On apprend grâce à Wikipédia que la fille accueillera sa vieille mère ne Provence pour la fin de vie.
Le film est agréable. Sans doute la lecture des Lettres de Madame de Sévigné sera encore plus instructive pour comprendre une époque et s’imprégner du style épistolaire de l’auteure que l’on dit travaillé et original.