Devant la situation très dégradée des finances publiques que l’on semble découvrir en cette fin d’année 2024, la commission des finances du sénat a créé une « mission d’information relative à la dégradation des finances publiques » dans le cadre de laquelle défilent les anciens ministres qui étaient en charge des affaires du pays jusqu’à ce mois de septembre. Avec une mauvaise foi impressionnante ils expliquent qu’ils ne sont ni coupables ni responsables du déficit 2024 qui devrait dépasser les 6% du produit intérieur brut (PIB), contre 4,4% prévus dans le projet de loi de finances initial, et ont plutôt tendance à charger leurs successeurs. Lex-ministre des finances Bruno Le Maire donne sa version des faits :
Quand on me dit que le déficit en 2024 sera à 6,1 %, c’est le choix du gouvernement actuel. Et j’apporterai toutes les preuves que nous pourrions avoir en 2024, avec des mesures de redressement plus rigoureuses, un déficit autour de 5,5 %. Je conteste donc formellement ce chiffre de 6,1 %
Bruno Le Maire au sénat (07/11/2024)
Quant à l’ex-premier ministre Gabriel Attal, il affirme avoir pris « des décisions fortes » en gelant des dépenses dès que les premières alertes sont apparues sur le faible niveau des recettes réelles 2024 par rapport aux prévisions.
Bref, « c’est pas moi c’est l’autre ! », c’est du niveau cour d’école. On se demande ce qui pousse ces responsables à fuir leur… responsabilité. Certes M. Le Maire n’a sans doute pas tout à fait tort lorsqu’il explique que le nouveau gouvernement a dû charger la barque du déficit 2024 puisque celui-ci relève de l’ancienne gestion pour au moins les neuf premiers mois de l’année. C’est une attitude assez classique, y compris en entreprise lors de changement de management. Mais cela ne joue qu’à la marge. Le déficit est bien le fruit de décisions de dépenses sans commune mesure avec la réalité des recettes. Mais tout n’est pas négatif dans cette situation puisque ces fonds dépensés en sus des recettes sont bien allés dans l’économie et la poche de nombreuses catégories de citoyens. Les bénéficiaires vont s’en apercevoir avec le reflux qui s’annonce.
Simplement ce n’est plus possible de poursuivre sur cette tendance, c’est une simple question de bon sens et le réveil va être douloureux, y compris pour le président de la République et ses anciens ministres qui ne pourront pas échapper encore longtemps à leurs responsabilités dans ce naufrage financier malgré les dénégations puériles de ceux qui détenaient les cordons de la bourse.
Visionner quelques interventions ministérielles au sénat
- Bruno Le Maire, 07/11/2024, https://videos.senat.fr/video.4817310_672aa793162fe
- Gabriel Attal, 08/11/2024, https://videos.senat.fr/video.4829043_672db0fec3281