BRMC – 2025/12/09 – Paris L’Olympia

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Les Black Rebel Motorcycle Club (BRMC) organisent une tournée pour célébrer le 20e anniversaire de leur troisième album Howl, dont le titre se référait au long poème d’Allan Ginsberg, écrit en 1956, texte fondateur de la beat generation, longtemps censuré aux Etats-Unis ; un texte abstrait de révolte contre l’Amérique matérialiste, plein de colère et de folie, mais qui conclut sur une rédemption possible. Le disque sorti 50 ans après le poème avait surpris lors de sa parution par son caractère plutôt introspectif.

C’est Peter Hayes (chant, guitare) qui chante en solo le morceau d’ouverture Devil’s Wantin’ en s’accompagnant à la guitare acoustique. Il porte un sweat à capuche qui lui descend sur les yeux qu’il ne quittera pas de tout le show, un jean noir et de gros godillots de même couleur façon bottes de motard. Ne seraient-ce sa voix et son jeu de guitare, on pourrait ne même pas savoir si c’est bien lui qui est sur la scène…

Robert Levon Been (chant, bass et guitare) et Leah Shapiro (batterie, ex-The Raveonettes.) le rejoignent pour Shuffle Your Feet et sa curieuse intro vocale « Time won’t save our souls » répétée plusieurs fois a cappella. Robert joue de la guitare et porte une espèce de manteau gabardine long dont on se demande comment il peut le supporter dans la chaleur qui règne déjà dans l’Olympia au complet. Il le jette en coulisse après quelques chansons. Peter est toujours sous sa capuche et tire de longues plaintes blues et métalliques de sa guitare. Leah a pris du poids mais n’a pas perdu le rythme. Tout est en place, vous êtes au concert des Black Rebel Motorcycle Club, laissons-nous aller dans cette musique sombre et brute.

Le disque Howl est presque joué en totalité nous ramenant deux décennies en arrière de cette musique intemporelle inspirée par l’histoire d’une Amérique souvent ambivalente mais dont la noirceur électrique nous évoque les cabarets enfumés où ces trois-là ont traîné leurs bottes. Leur musique exsude le blues, celui des champs de coton tristement récoltés par les esclaves noirs, mais aussi le folk de Guthrie et Dylan lorsque que les deux guitaristes chantent en duo sur le devant de la scène, et le rock psychédélique quand après avoir servi les chansons de Howl ils terminent le concert avec des classiques énergiques qui mettent l’assistance en joie.

Howl est un album à part dans la discographie des BRMC avec de longs passages nostalgiques accompagnés seulement par des rythmes lents des guitares acoustiques sur lesquelles se posent la voix de Pete un peu nasillarde et torturée et celle plus grave et profonde de Robert. Tous deux éprouvent manifestement du plaisir à emmener leur public sur le chemin plus doux de ces longues complaintes harmonieuses. Pete joue aussi régulièrement de l’harmonica et même du trombone sur un des morceaux. On le découvre à l’aise avec cet instrument à vent qui s’applique bien à l’atmosphère ambiante.

Il est bon aussi de voir nos rockers américains mettre en pause leur habituelle énergie démesurée pour un instant musical hors du temps et de la furie.

You try so hard to be cold
You try so hard to not show
I give you nothing to doubt, and you doubt me
I give you all that I have, but you don’t see

(Howl)

Les fans savent aussi apprécier ce changement de pied d’autant plus que la fin du concert est dédiée aux morceaux plus classiques, séquence entamée à partir de la chanson Berlin. On retrouve alors le climat surchauffé d’un rock bluesy où parle l’électricité des guitares et le beat métronomique sourd de Leah. Pete part dans de longues glissades réverbérées sur ses cordes qui rebondissent sur les murs de la salle pour percuter nos tympans. Dans la fosse la foule ondule et transpire, la sécurité évacue les pogotteurs vers les coulisses en les portant par-dessus les barrières aux pieds de la scène. Pete, à genoux devant ses pédales torture sa guitare à grandes embardées de larsen et d’effets hurlants pendant que Robert tente une descente dans la fosse tenant sa bass sous le bras droit comme une kalachnikov dont chaque note serait une balle qui vient percuter nos sens.

Spread your love like a fever
And don’t you ever come down
Spread your love like a fever
And don’t you ever come down
I spread my love like a fever
I ain’t ever coming down

She gave me love like a big fire
I only saw it once
She spread her love like a fever
She’s bad, but not enough

(Spread your Love)

Le nom du groupe Black Rebel Motorcycle Club et sa référence au film L’Equipée Sauvage résonne aux oreilles de l’assistance en transe : cuir, vrombissements et cambouis, on se croirait dans une attaque du gang de motards mené par Marlon Brando…

Robert descend la capuche de son compère et ébouriffe ses cheveux bouclés gris avant qu’il ne recoiffe rapidement celle-ci. Le concert se termine après deux heures-et-demie et ce final de feu, il n’y aura pas de rappel, le dernier morceau, Open Invitation, fait redescendre la tension en douceur après un très beau concert de ce groupe original.

On and on
I’ve been waiting on the open invitation
You’re silent show me no relation
In the rising cold
Don’t you feel alone
I’ll be standing with your sorrow
All you left me’s gone away tomorrow
And we may never be here again
And we may never be here again

(Open Invitation)

Setlist

Devil’s Waitin’/ Shuffle Your Feet/ Howl/ Ain’t No Easy Way/ Still Suspicion Holds You Tight/ Promise/ Weight of the World/ Fault Line/ Complicated Situation/ Mercy/ Restless Sinner/ Sympathetic Noose/ Gospel Song/ The Line/ Red Eyes and Tears/ Red Eyes and Tears/ (reprise)/ White Palms/ Beat the Devil’s Tattoo/ Berlin/ Conscience Killer/ Whatever Happened to My Rock ‘n’ Roll (Punk Song)/ Spread Your Love (with Nuutti Kataja) (from Dead Combo)/ Shadow’s Keeper/ Open Invitation

Warmup

Night Beats (Robert vient jouer le dernier morceau avec le groupe).

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