La France culottée

Avec le culot qui la caractérise, la France se permet de faire la leçon à la Chine qui traite avec une relative mollesse (par rapport à ses habitudes) les émeutes se déroulant actuellement sur son territoire de Hong Kong. Que n’aurait-on dit si Pékin s’était ingérée dans les émeutes qui ont agité la France tout au long du premier semestre 2019 !

Hong Kong – Déclaration de M. Jean-Yves Le Drian, Ministre de l’Europe et des Affaires étrangères (14 août 2019).

Les manifestations à Hong Kong se poursuivent dans un climat de plus en plus tendu. Cette situation fait l’objet d’un suivi très attentif de la part de la France, en lien avec ses partenaires, notamment européens. J’appelle toutes les parties, en particulier les autorités hongkongaises, à renouer le fil du dialogue afin de trouver une issue pacifique à cette crise et de mettre fin à l’escalade de la violence.

La Loi fondamentale de Hong Kong et le principe « un pays, deux systèmes » garantissent l’Etat de droit, le respect des droits de l’Homme et des libertés fondamentales ainsi que l’autonomie du système judiciaire, qui sont essentiels à la population et à la prospérité économique de Hong Kong.

La France est profondément attachée au respect intégral de l’ensemble de ces principes.

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Le territoire et les citoyens de Hong Kong, ex-colonie britannique rendue à l’Empire du Milieu en 1997, bénéficient d’un statut particulier qui leur donne plus d’autonomie que le reste des régions chinoises. Ce statut est provisoire et doit durer jusqu’en 2047 suivant l’accord de décolonisation signé entre le Royaume-Uni et la Chine. Il est probable qu’à l’issue de ce délai, le territoire de Hong Kong retournera au droit commun de la Chine. Qui sait d’ailleurs ce que sera le régime chinois en 2047 ?

Les citoyens hong-kongais craignent en tout cas que leurs libertés seront alors restreintes. C’est probable compte tenu de ce que l’on sait aujourd’hui du régime chinois. Toutefois, le pragmatisme de Pékin fait que peut-être un air de liberté au moins économique continuera de souffler sur le territoire compte tenu de son importance comme place financière, à moins que d’ici-là Shangaï ne se soit substituée à Hong Kong ? C’est sans doute la meilleure tactique à mener par la Chine : rendre Hong Kong moins indispensable pour Pékin afin de pouvoir normaliser cette région.

Hélas pour les citoyens locaux, il est peu probable que personne au sein de la communauté internationale ne parte « en guerre » pour préserver leur liberté « spéciale ». De même que l’annexion de la Crimée par Moscou n’a pas déclenché une grande émotion au-delà de quelques sanctions économiques, le retour de Hong Kong dans le droit commun chinois ne sera probablement empêché par personne, d’autant plus qu’il est prévu dans le traité de décolonisation entre Londres et Pékin.