On voit ces dernières années un renforcement considérable des actions et pressions menées par des communautés autrefois maltraitées qui veulent prendre leur revanche sur leur passé et leurs oppresseurs. Les féministes, les LGBTI+ (lesbiennes-gays-bisexuels-transsexuels-intersexe + [d’autres catégories à définir ultérieurement]), les « décolonialistes », les racialistes, les « différentialistes », les « intersectionnalistes »… tout un petit monde assis sur des passés parfois tragiques, parfois folkloriques, s’est mis en tête de faire ravaler à la population mainstream ce dont elle est déclarée coupable, consciemment ou non, que l’oppression soit contemporaine ou le fait de générations plus anciennes. Dans tous les cas les oppresseurs ou leurs descendants doivent payer et, accessoirement, changer les modes de fonctionnement de leur société.
Cela est plutôt anecdotique lorsqu’il s’agit de minorités sexuelles qui acquièrent progressivement, au moins dans les démocraties occidentales, des droits équivalents à la majorité : mariage, adoption d’enfants, procréation médicalement assistée, gestation pour autrui, etc. à force de militantisme, parfois violent, et d’agitprop habilement menée.
C’est autre chose s’agissant de la colonisation et de l’esclavage qui furent de vrais fléaux commis par les pays occidentaux à l’encontre de continents entiers comme l’Afrique ou l’Amérique du sud, parfois accompagnés de véritables entreprises de destruction de populations entières. La question de la reconnaissance, voire de réparations, tourne en boucle depuis des siècles sans vraiment trouver de solution satisfaisante. Il n’est d’ailleurs pas sûr qu’il y en ait, mais qu’importe, la revendication est vive !
La France coche toutes cases. Ancien empire colonial, sis majoritairement en Afrique, ses commerçants ont largement participé à la traite négrière atlantique jusqu’à l’abolition définitive de l’esclavage en 1848, ses territoires ultramarins ont employé sans compter des esclaves dans les plantations de cannes à sucre, elle n’a commencé à décoloniser qu’au début des années 1960’ parfois en perdant des guerres (Indochine, Algérie), elle a accueilli des flux importants originaires de ces pays pour peupler ses armées durant les deux guerres mondiales, puis ses usines durant les trente glorieuses. Souvent ces populations ont fait souche charriant avec elles un cortège de traumatismes familiaux, raciaux ou historiques, utilisés avec bonne ou mauvaise foi pour accuser, exiger ou justifier.
La France est donc le terreau idéal sur lequel prospèrent toutes sortes de mouvements qui utilisent les outils démocratiques de la République pour se retourner contre elle, souvent à force d’excès et de provocations, mais parfois avec de bons sentiments. Les partis politiques se croient obligés de prendre position et chacun le fait à l’aune de son idéologie. La société civile est plutôt passive et lassée. La démocratie, vilipendée par certains, permet à tous de s’exprimer et de lutter pour faire reconnaître des droits, fussent-ils phantasmagoriques. Il est évidemment plus facile de vouloir faire valoir les droits de minorités en France qu’en Turquie … Il en ressort du bon, parfois, et du moins bon, souvent. Il faut faire avec, ce sont les conséquences de l’Histoire et d’un peuple de râleurs. C’est la revanche des minorités.