Sophie Calle exposée dans un Palais de Tokyo en plein travaux, au milieu des gravats et des fers à béton : toujours aussi déjantée elle a installé une caméra dans la chambre d’agonie de sa mère pour être là au moment ultime si jamais elle n’y était pas. Lorsqu’elle a monté son installation, sa mère qui lui avait toujours reproché de ne pas être présente dans son œuvre a dit « enfin ! »
Une maman qui avait l’air également sacrément originale et qui a organisé ses derniers jours en écoutant Mozart, en écrivant un dernier poème, en allant voir la mer une dernière fois avec Sophie, en inventant son épitaphe : « je m’ennuie déjà » tout en constatant « c’est la première fois que je ne suis pas impatiente. » Ses derniers mots furent « ne vous faites pas de souci. » Alors Sophie brode sur le mot souci recréé sous toutes ses formes sous le béton gris du Palais.
Le film de ses derniers instants est montré : gros plan sur une bonne tête de Maman aux cheveux gris sur un oreiller à fleurs. La dernière seconde est insaisissable après un dernier sourire, mais le pitch du film nous indique ce calendrier mortifère alors on le croit, sans être bien sûr de reconnaître ni le sourire qui affleure, ni la vie qui s’en va.
Sa mère voulait voir le pôle alors Sophie, plus tard, y enfouira sous la neige sa bague en diamant, un collier et une photo, sujet d’une nouvelle mise en scène filmée exposée un peu plus loin.
Sophie Calle poursuit son étrange parcours fondé sur l’observation d’elle-même au milieu du Monde et tente de répondre à des questions la concernant que les gens « normaux » ne se posent pas sur eux-mêmes. Le résultat en est une œuvre qui se déroule étape par étape aux yeux de tous. Fascinante !